La cour après la porte bleue une marelle tracée à la craie PARADIS sept six cinq quatre trois deux un TERRE le premier pied dans une bouse de vache un enfant regarde sa semelle la jambe relevée en arrière sa tête tournée et penchée au-dessus de son épaule un mur au crépi désagréable s’adoucit de toile de jute dans le salon un homme assis sur le canapé recouvert d’une couverture à carreaux remplis de poil de chien endormi la tête en arrière devant la télévision une main sur la chienne ses ronflements et les rires préenregistrés jusque dans la chambre où se dispute à voix basses un jeune couple où se balance une petite poupée tahitienne dans sa jupe de raphia des fleurs et encore des fleurs sur le papier peint dans un bouquet le lit défait les cheveux en bataille les bouches distordues d’explications intenses et discrètes cache-cache derrière les rideaux on court autour de l’armoire de la cuisine on ne joue pas dans la cuisine des lèvres serrent une cigarette un sourire et des dents jaunies dans un visage entouré de beaux cheveux blancs noués sur la nuque le cœur bat les poumons gonflent et se dégonflent d’air dans le couloir claque la porte de la salle de bain la baignoire un miroir une brosse à cheveux au manche en porcelaine une ballerine les mains levées au-dessus de sa petite tête peinte en vert et or comme le vieux louis dans la poche du peignoir le porte-monnaie à l’intérieur sombre où murmurent toutes les raisons de vivre.
J’aime ce mouvement ; ce courant; avec Romain avec Philipp: aller, glisser, tourner
… des images, du mouvement, des respirations, du corps… des bouts d’histoires qui accrochent.
oui tous ces morceaux flottent et s’imbriquent, les images sont là, s’assemblent… on glisse, ça fonctionne super bien…
beaucoup aimé lire et en plus j’ai vu toutes les images
merci Romain, cette simplicité (apparente)
L’absence de ponctuation lie avec bonheur tous les scènes de ce beau texte.