– ré-écriture n°1 –
marronnier vieux dans la cour de la maison
tu vois encore l’arbre vieux dans la cour ?
branches d’arbre
feuilles d’arbre
marrons d’arbre
large tronc et feuilles d’ombre
large tronc et feuilles d’ombre et marrons pour les poches
dans la cour de la maison
l’arbre qui respire l’air par les racines longues
l’arbre qui pousse ses racines longues sous la terre de la maison
l’arbre qui abrite les pleurs quand il pleut sur la fragilité des roses
l’arbre qui mesure l’âge de toute chose dans la cour de la maison.
car l’arbre est plus vieux que tout
plus vieux que les hommes morts
plus vieux que les animaux morts
plus vieux que les légumes morts
dans la cour de la maison.
mais il n’est pas plus vieux que le vent
il n’est pas plus vieux que la force qui fait rouler les pierres dans la pente
pas plus vieux non plus que la vieillesse des premières lumières qui se sont allumées dans le ciel.
quand la tempête est venue depuis les collines ou les mers
elle a roulé dans les espaces et à travers les murs
elle a arraché l’arbre marronnier vieux à la cour de la maison
tiré sur les racines longues poussées sous la terre de la cour de la maison
emporté les larmes pleurées sur la fragilité des roses
fait disparaitre la mesure de l’âge de toute chose dans la cour de la maison.
tronc pour la cachette et feuilles pour l’ombre et marrons pour les poches plus rien de cela dans la cour de la maison
mais le reste est resté
l’air la cour la maison les roses les choses
et la mort du marronnier large tronc et feuilles d’ombre
feuilles d’ombre et marrons pour les poches
sa mort est toujours là
tout le monde sait ça.