Je ne me souviens pas de la première fois où je l’ai vu. Mais je me souviens qu’il se tenait seul au milieu des Zautres. Seul parce que blanc. Les Zautres étaient couleur arbre. Sa présence, son existence, je la sentais tout le temps. De temps en temps, je le regardais par la fenêtre. Surtout l’hiver. Je lui disais de tenir bon. Il était encore plus visiblement esseulé l’hiver, pas de manteau de feuilles pour cacher sa différence. Je lui parlais vraiment. Avec des mots, dans ma tête. Pas à voix haute, je ne pouvais pas. On ne parle pas aux Zarbres à voix haute. Encore moins à celui-là. Je ne voulais pas qu’on me voit lui parler, de peur qu’on ne me voit être seule aussi. Heureuzement pour lui, les Zautres n’avaient pas le corps nécessaire à quelques pressions physiques. Pourtant, je le sentais bien, il se battait. Il résistait. En silence. Qu’aurait-il pu faire d’autre, me demanderez-vous, c’est un arbre.