Une femme, une cigarette, l’empilement des balcons et la peinture saumon ternie par les années, un train passe en-dessous, il sifflera à l’orée du bois, arbres nus, vacillants, un platane solitaire, une bande montagneuse qu’on ne devine que l’hiver, un creux dans l’horizon, un peu de ciel avant le brouillard, le jardin d’en face, la Sainte Vierge dans sa grotte et un poirier sec au pied duquel quatre moutons immobiles bêlent en silence.
L’eau coule du goulot, elle tombe dans le grand bassin, elle semble s’arrêter mais la voilà dans le petit bassin puis ailleurs, plus bas, bue par la terre. Au-dessus du tas de fumier, un pruneautier, presque à l’horizontale. Une brouette, l’élan qu’elle prend avant la planche, une fourche pour égaliser. Le bûcher s’écroulera-t-il ? Murs obliques, glissement des parois. On devine des lapins, emprisonnés dans des clapiers. Sur un tronc, des plumes, du sang, et la pierre à aiguiser les couteaux.
Tagettes orangées, glaïeuls, champs de haricots, longs rectangles verts puis la route puis l’autre jardin, des roses, d’autres haricots, puis des vaches, le pont sur la route qui monte, un village et ce ciel noir d’avant l’orage. C’est le soir, dernier feux, explosion de couleurs, odeur de goudron, gouttes de pluie, grosses gouttes de pluie, couleurs sombres avant la nuit.