#anthologie #20 | je crois m’en souvenir par l’odeur du tabac

C’est une photographie en couleur, cadrée sur ton visage et celui souriant d’un bébé aux joues remplies. Le haut de la tête est coupé mais on voit (ou je devine) les cheveux fins, rares et blancs, peignés sur le côté, le front large. Derrière, les traces des arbres que tu as planté. Sur les deux autres photographies, d’après la disposition Continuer la lecture#anthologie #20 | je crois m’en souvenir par l’odeur du tabac

#anthologie #17 | Pina demande

debout sur la scène à hauteur de danseur elle est de profile – il semble qu’elle parle toujours de profile, un profile anguleux et doux et enfumé, et sec, il semble qu’elle est en plan fixe, elle est étirée, toujours appelant le plan, de profile, elle fait face aux danseurs à hauteur de profile, elle sourit légèrement elle concentre la Continuer la lecture#anthologie #17 | Pina demande

#anthologie #13 | tous les jours de l’automne

La grande place remplie de monde où tous les jours de l’automne les pas portaient la foule dans le même sens, de sorte que ceux qui rebroussaient chemin le faisaient à contre-courant lentement, remontant le cours épaule contre épaule au milieu des odeurs de falafels et de barbe à papa, et le matin souvent, avant la grande affluence, les vendeurs Continuer la lecture#anthologie #13 | tous les jours de l’automne

#anthologie #12 | la gloire des nations

New York où, les jours comme ceux-là, tout était encore tranchant – on pourrait penser glorieux opulent ou seulement tranchant aigu et frénétique – contaminant le ciel d’un bleu surréel, réverbérée dans la multiplication des fenêtres sans teint. La silhouette qui y marche dans la foule ne renvoyant à rien d’autre qu’un aveuglement irisé, impossible à l’œil nu de voir Continuer la lecture#anthologie #12 | la gloire des nations

#anthologie #11 | du monastère jusqu’à la nuit

du monastère jusqu’à la nuit je devais presser le pas, longer le chemin forestier Il m’a semblé qu’en suivant la corniche verte en tunnel, la forêt tombant sur la route à gauche retenue par les cercles barbelés j’aurai tout de même le temps Au dernier tournant pourtant, avant un seuil comme une porte sur un feston doré de feuilles, j’ai Continuer la lecture#anthologie #11 | du monastère jusqu’à la nuit

#anthologie #10 | la main qui écrit Soli

En 1947, il a 22 ans quand paraît l’édition du Zarathoustra posée sur le bureau, la couverture blanche piquée d’humidité avec un coin déchiré dans une traduction de Maurice Betz. Il a 50 ans en 1975 quand des représailles sur un bus entrainent une guerre civile qui durera 15 ans. Il a 66 ans quand il écrit à son frère Continuer la lecture#anthologie #10 | la main qui écrit Soli

#anthologie #09 | dans les escaliers

j’ai grandi dans les escaliers, à monter et descendre les marches, du parking à l’appartement, j’ai grandi la main sur la rampe à regarder les filles par en-dessous la jupe si je pouvais, coincé entre le mauvais œil et les traces de café terreux, les cris des enfants et les appels des mères, les piètements et les croisements, le piano Continuer la lecture#anthologie #09 | dans les escaliers

#anthologie #08 | le son des coups portés

Le seuil m’était tout à fait clair, et ses détails m’apparaissent avec une précision photographique. La porte était massive, très haute et lourde. Une gueule de lion semblait tenir dans ses crocs le son des coups portés. De part et d’autre du linteau sculpté, des plans de vignes, et au centre d’une frise, une colombe qui ne laissait présager rien Continuer la lecture#anthologie #08 | le son des coups portés

#anthologie #07 | après l’orage

Il y avait du passage ce soir-là, comme toujours après l’orage. Je commençais à voir le mouvement circulaire et intermittent des phares sur le mur de la chambre, percer l’obscurité à travers les fenêtres, projetant leur dessin, étirant les angles dans une lumière dorée avant de replonger dans l’ombre. J’entendais des voix multiples, des voix de corridor et de linoléum. Continuer la lecture#anthologie #07 | après l’orage

#anthologie #06 | c’est par la solitude que c’est venu

C’est par la solitude que c’est venu. Le mouvement. Je me suis levée et j’ai pris mon appareil photo. Ça c’est fait comme ça. Il faisait encore jour mais le soleil déclinait vite. Je suis sortie. Je n’avais jamais marché au hasard autour de la maison. Je ne cherchais pas à explorer. Il me semble maintenant que je voulais peut-être Continuer la lecture#anthologie #06 | c’est par la solitude que c’est venu