#anthologie #11 | du monastère jusqu’à la nuit

du monastère jusqu’à la nuit je devais presser le pas, longer le chemin forestier Il m’a semblé qu’en suivant la corniche verte en tunnel, la forêt tombant sur la route à gauche retenue par les cercles barbelés j’aurai tout de même le temps Au dernier tournant pourtant, avant un seuil comme une porte sur un feston doré de feuilles, j’ai Continuer la lecture#anthologie #11 | du monastère jusqu’à la nuit

#anthologie #10 | la main qui écrit Soli

En 1947, il a 22 ans quand paraît l’édition du Zarathoustra posée sur le bureau, la couverture blanche piquée d’humidité avec un coin déchiré dans une traduction de Maurice Betz. Il a 50 ans en 1975 quand des représailles sur un bus entraine une guerre civile qui durera 15 ans. Il a 66 ans quand il écrit à son frère Continuer la lecture#anthologie #10 | la main qui écrit Soli

#anthologie #09 | dans les escaliers

j’ai grandi dans les escaliers, à monter et descendre les marches, du parking à l’appartement, j’ai grandi la main sur la rampe à regarder les filles par en-dessous la jupe si je pouvais, coincé entre le mauvais œil et les traces de café terreux, les cris des enfants et les appels des mères, les piètements et les croisements, le piano Continuer la lecture#anthologie #09 | dans les escaliers

#anthologie #08 | le son des coups portés

Le seuil m’était tout à fait clair, et ses détails m’apparaissent avec une précision photographique. La porte était massive, très haute et lourde. Une gueule de lion semblait tenir dans ses crocs le son des coups portés. De part et d’autre du linteau sculpté, des plans de vignes, et au centre d’une frise, une colombe qui ne laissait présager rien Continuer la lecture#anthologie #08 | le son des coups portés

#anthologie #07 | après l’orage

Il y avait du passage ce soir-là, comme toujours après l’orage. Je commençais à voir le mouvement circulaire et intermittent des phares sur le mur de la chambre, percer l’obscurité à travers les fenêtres, projetant leur dessin, étirant les angles dans une lumière dorée avant de replonger dans l’ombre. J’entendais des voix multiples, des voix de corridor et de linoléum. Continuer la lecture#anthologie #07 | après l’orage

#anthologie #06 | c’est par la solitude que c’est venu

C’est par la solitude que c’est venu. Le mouvement. Je me suis levée et j’ai pris mon appareil photo. Ça c’est fait comme ça. Il faisait encore jour mais le soleil déclinait vite. Je suis sortie. Je n’avais jamais marché au hasard autour de la maison. Je ne cherchais pas à explorer. Il me semble maintenant que je voulais peut-être Continuer la lecture#anthologie #06 | c’est par la solitude que c’est venu

#anthologie #05 il a le poids de l’ombre dans les bras

Il marche et il ploie. Il ploie sous le poids d’une sorte d’ombre. Il a le poids de l’ombre dans les bras. Il ploie. Dans le poids de l’ombre il y a : La tête – étrange, meuble, en constante reformation selon un processus itératif. Le visage – (on peut parler ici du visage de l’ombre car elle a des yeux expressifs, Continuer la lecture#anthologie #05 il a le poids de l’ombre dans les bras

#anthologie #04 | déshabiter

Déshabiter : comme se déshabiller. S’effeuiller des lieux (ne garder que les traces – un rayon à travers la fenêtre, une craquelure de peinture, le mouvement circulaire et intermittent des phares sur le mur la nuit.) Au moment où on part, sur le seuil, l’arrêt qu’on marque en se retournant, même infime, ne donne pas le temps de déshabiter. Dans Continuer la lecture#anthologie #04 | déshabiter

#anthologie #02 | le salon marron

La cheminée du salon marron entre les pans de murs orangés. Le linteau plein en bois sombre reposant sur de fines colonnes torsadées. Le foyer couvert de tommettes brillantes. Les chenets posés parallèles sur les briques mates du foyer. Les franges du grand tapis marocain protégées par la grille coupe-feu en paravent. Les deux gros fauteuils bruns encadrant. Lui serait Continuer la lecture#anthologie #02 | le salon marron

#anthologie #01 travailler le son de la ville

Travailler. Travailler le son de la ville. Sentir le mouvement. Sentir le corps à l’intérieur du son. Marcher à l’intérieur, mâchoires et phalanges angulées. Pencher le corps pour traverser. Tomber dans le visage. Sentir l’onde du risque dans le dos. Continuer. Marcher dans le bruit. Remonter la pente. Examiner le son de la ville. L’envisager. Contourner la fuite L’absorber. Marcher Continuer la lecture#anthologie #01 travailler le son de la ville