A propos de Vincent Francey

Enseignant, chanteur et clarinettiste amateur, je vis dans la région de Fribourg, en Suisse, et suis passionné de lecture et d'écriture depuis toujours, notamment via mon site a href="https://www.lie-tes-ratures.com/">lie tes ratures mais aussi sur un blog né à la suite de l'atelier d'été sur la ville : fribourgs.com. Auteur d'un livre autoédité, Je de mots, dictionnaire intime, je suis également présent sur YouTube pour, entre autres expérimentations, y parler de mes lectures.

La bénichon

Il faut soigner le mal par le mal. Le père tend le verre au fils qui grimace. Soit. Le fils trempe les lèvres dans le vin blanc. Il a mal à la tête. Chaque année, il a mal à la tête mais il sait que ça va passer. C’est la bénichon, c’est comme ça, on commence par avoir mal à Continuer la lectureLa bénichon

Au beau milieu de la route

On lui aurait demandé pourquoi elle était sortie ce soir-là, elle n’aurait pas su trop quoi répondre, elle était sortie pour prendre l’air, pour marcher, parce que la vie est belle, elle était sortie et elle marchait sur la route, au beau milieu de la chaussée, devant les voitures, à côté des voitures, au milieu des voitures, elle marchait, elle Continuer la lectureAu beau milieu de la route

Finis ton assiette ou je téléphone au camion

L’enfant ne bouge pas, il est assis sur le banc, il a les bras croisés, il regarde droit devant lui la vitre du four où son reflet noirci boude autant que lui. Jamais il n’y touchera, c’est exclu, il ne peut pas avaler ça, rien que l’odeur ça lui fout la gerbe, non maman, je ne veux pas, non maman, Continuer la lectureFinis ton assiette ou je téléphone au camion

Caroline et Sébastien

Caroline : lisse et blanche, l’œil fendu de vert, des rougeurs soudaines, une peau de porcelaine dont on devine l’extrême fragilité. La toucher, ce serait la briser. En son for intérieur : si ce plafond se déchirait, ce ne serait pas le ciel, ce serait l’océan. Elle plonge la tasse dans l’eau bouillante, puis l’assiette, puis la cuillère. Elle n’a pas mis Continuer la lectureCaroline et Sébastien

Une sainte

Un bar dans les profondeurs, tu ne sais plus lequel, à Fribourg, pénombre, recoins, flashs de lumière criarde sur son visage tantôt bleu tantôt rouge, ni elle ni toi n’écoutez la musique, bruit de fond pour obliger les corps à se rapprocher. Tu avais écrit un poème qui comptait ses pieds. – J’ai beaucoup rigolé. Elle est assise sur des Continuer la lectureUne sainte

La violoniste azérie

Adagio de la première sonate pour violon BWV 1001. Menton fier, cou solide, elle semble pleurer avec ses cordes. Dans le public, un homme laisse des larmes le submerger. Elle cherche en son corps tout ce qu’il enferme de mélancolie. Ce n’est pas difficile à trouver. Il y a le mal du pays, d’autres montagnes que celles d’ici, ce beau Continuer la lectureLa violoniste azérie

Après le cortège

Soudain, il fait soif. Ça se rue vers la tonnelle. Passe-poil sur les pantalons d’uniforme, chaussures empoussiérées, jambes qui à grands pas battent l’herbe sèche le bitume les copeaux. Une main s’ouvre, en tombe une anche de clarinette rendue à la terre. Une poussette cahote, un tintébin titube, des demoiselles d’honneur en robe blanche de bientôt mariées laissent deviner des Continuer la lectureAprès le cortège

Celles d’enfance

Celle qui devant le tas de fumier lavait le matin la brouette et passait et repassait sa langue sur ses dents et priait le chapelet sur le fauteuil du salon le dimanche et les autres soirs s’endormait devant la télé à cause du jardin, des beignets aux pommes, des verres de sirop trop sucrés, du dos qu’on plie et du Continuer la lectureCelles d’enfance

Un beau visage (esquisses)

Née de ce mot : elle. Et de cette rime : belle. Se débrouiller ensuite pour lui coller un visage. ****** Un beau visage, est-ce que ce serait un visage lisse, régulier, sans aspérité ? Est-ce que ce serait ennuyeux à mourir, un beau visage ? Serait-ce un visage ouvert à quelques taches de rousseur, à un grain de beauté ? Un peu de fond Continuer la lectureUn beau visage (esquisses)

L’œil DEDANS

Il pleut l’enfant reste DEDANS la chambre DEDANS l’enfant a fermé la porte DEDANS l’enfant rêve DEDANS sa tête il y a quoi DEDANS l’œil la nuit tombe sur l’arrêt de bus – le banc gris est vide – et de l’autre côté de l’œil il n’y a personne pour attendre le bus : pas de bus seulement l’arrêt. L’adulte à Continuer la lectureL’œil DEDANS