A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) 42°45' N 9°27' E. Voir son blog : scriptor.

#40 jours #05 | la caméra-valise ou le divan-cercueil

Soyons clair: une caméra, c’est une caméra. Qu’elle soit en bois avec une manivelle comme celle qu’utilise en 1929 Mikhaïl Kaufman pour le film de son frère Dziga Vertov ou remplie de programmes et miniaturisée à l’extrême comme le tout dernier modèle des action cam, ne change rien. Ni au langage que les images peuvent être et produire. Ni aux fondamentaux Continuer la lecture#40 jours #05 | la caméra-valise ou le divan-cercueil

#40jours #04 | départementale 54

Suis lent. Vais vous la faire courte. Sans énonciateur sujet. Pas toujours excitante la vie glissée à ras du sol. Eviter les routes d’abord.Dangereux, râpeux l’enrobé. Trop chaud en été. Noir, sale, puant. Pas toujours le choix. Faut bien traverser parfois. Toujours des éclats de rochers sur ma D 54. Cailloux tranchants amiantifères. Des veines vertes. Des traces de sangliers. Continuer la lecture#40jours #04 | départementale 54

#40jours #03 | Pierre Semard (1887-1942)

Il y a toujours une gare, des rails, des trains pas loin des rues, des avenues, des boulevards, des places qui portent son nom. Six bandes blanches entre les trottoirs, une femme et son chien en laisse, des vélos, des scooters, des immeubles cossus Rue en mauvais état, murs d’enceinte, cités ouvrières, signalisation dégradée, deux scooters, deux passants, deux containers Continuer la lecture#40jours #03 | Pierre Semard (1887-1942)

#40 jours #02 | portraits de nous

Pas de listes, des portraits comme des âmes quand un peintre au nom d’épice affirme que son rôle est d’effacer les couleurs constellant la toile blanche pour faire jaillir la peinture, quand il m’emporte vers Charleville-Mézières, sa ville natale, pour, enlevant tout des décors, des architectures, des murs, des lieux, livrer une fresque humaine,hyperréalisme en totale rupture d’avec ses toiles, éléphants, Continuer la lecture#40 jours #02 | portraits de nous

#40 jours #01 | diagonale

La fleur de la bougainvillée n’est pas rouge, ni pourpre, ni jaune, ni rose, ni violet. Elle est blanche, petite, tubulaire, toujours au milieu des trois bractées dont les couleurs explosent en été.Pas de zoom arrière par pitié. Le travelling optique n’apprend rien. Interdit dans mes rushes, le zoom, a la poubelle. La diagonale à la place, le plan le Continuer la lecture#40 jours #01 | diagonale

#40jours #prologue |  : … Pétaouchnok

Dix-sept hommes dont quatre militaires sont autour du cadavre. Le corps n’a plus de tête. Le pied gauche est nu. Le droit conserve encore une chaussette. Le bras gauche n’a visiblement plus de main. Le cadavre vient d’être repêché. Une grande flaque d’eau noircit les planches du ponton :… Le port de Saint Pierre en Atlantique Nord, sur la cale Continuer la lecture#40jours #prologue |  : … Pétaouchnok

transversales #06 | un Ricoeur, sinon rien !

Ils viennent chaque année, toujours au milieu du printemps. Toujours pour le même nid. Toujours le même endroit où les chats les guettent, où la machinerie qui filtre l’eau de la piscine ne fait silence que la nuit, où je les dérange quand je passe par là. Ils sont un peu cons, mes gris, mes gobemouches gris. Ils me ressemblent Continuer la lecturetransversales #06 | un Ricoeur, sinon rien !

dialogue #05 | Parlez-moi d’amers

Un paysage où l’horizon se perd à l’infini. Entre le causse Méjean et le désert de Mojave. Et la porte là, sortie de nulle part, comme un artefact tombé du ciel. — Il y a quelqu’un ? Celui ou celle qui était derrière la porte avait entendu des pas. Sa voix,adolescente quelque part, ne disait rien de son sexe. — Continuer la lecturedialogue #05 | Parlez-moi d’amers

dialogue #04 | Ne rien oublier

Vous n’êtes que le passé. Le pire, recomposé et omniprésent. Pour vous défendre, vous aviez dit d’abord que vous n’étiez qu’un interprète. Plus tard : « Ich kann mich nicht erinnern » (« Je ne me souviens pas »), « Ich habe nur meine pflicht getan » (« Je n’ai fait que mon devoir »). Moi, je n’oublie rien. Vous aviez rang de chef Continuer la lecturedialogue #04 | Ne rien oublier

dialogue #03 | audition d’un témoin

Deux jours avant sa disparition, le professeur Laurelli s’était donc rendu à l’aéroport pour accueillir Félix Appoline, adjoint au maire de la commune d’Awala-Yalimapo. Celui-ci était arrivé à Bastia-Poretta à 11 heures 15 en provenance de Paris-Orly. Laurelli l’attendait et le conduisit à Bastia où ils déjeunèrent. Ensuite, les deux hommes se rendirent à la gare où l’élu guyanais devait prendre le Continuer la lecturedialogue #03 | audition d’un témoin