A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) 42°45' N 9°27' E. Voir son blog : scriptor.

#40 jours #15 | votre imagination qui bégaie

Comme un cheval qui branle sa tête pour se dégager du mors, oui, je bégaie, bégaye, bègue. La ville n’est pas en cause que je parcours, que j’aime ou déteste, que je peux fuir si elle m’oppresse, m’agresse, me stresse. Pas plus l’Histoire qui, elle, ne se prive pas. Les lettres, les consonnes dures, longtemps crues fautives, sont toutes aussi Continuer la lecture#40 jours #15 | votre imagination qui bégaie

#40 jours #14 | soulagement

Elle les montre tous les signes du mourir. Bien avant le refus de s’alimenter. Depuis, c’est la fin. Les mains délivrent le dernier message, les mains cyanosées. Je liste et dépose une à une les pièces demandées sur le bureau de la jeune femme qui m’a fixé rendez-vous. Le bleu sombre, presque noir, des mains revient à chacun de mes Continuer la lecture#40 jours #14 | soulagement

#40 jours #13 | oxydation

Couleur substance, action lente omniprésente partout là où le fer métallique revient à son origine. Tout lui appartient dans les villes d’acier comme dans les campagnes où les machines sont à l’abandon. Triomphale sur le cadavre des navires échoués, les voitures brûlées. Timide trace conquérante résolue sur l’engin de chantier, l’outil maltraité, le panneau de signalisation saccagé, la serrure du Continuer la lecture#40 jours #13 | oxydation

#40 jours #12 | sous l’eau venir

Absence de méduses ce jour là. La crique que nous aimions choisir pour ses rochers plats est presque déserte. La mer est douce, soyeuse, accueillante. Nous partons, sans nous éloigner, épier la danse lente des posidonies, survoler les fonds, suivre une troupe minuscule de minuscules poissons, espérer en vain un poulpe se réfugier dans sa maison invisible. Déjà tu regagnes Continuer la lecture#40 jours #12 | sous l’eau venir

#40 jours #11 | perdition

Toutes les rues où l’on se perd se ressemblent, quelles que soient les villes, dans les villes bidons comme dans les bidonvilles. Pas les lieux où l’on se retrouve perdu (idiote formule puisque si retrouvé plus perdu), pas les voies qui nous égarent, pas la fausse route qui nous étouffe. Les lieux dont la fin, la seule fin, est la Continuer la lecture#40 jours #11 | perdition

#40 jours #10 | rancune

Trop nombreux, ils m’étouffent. Entre les souvenirs perdus et ceux que l’on s’efforce d’effacer, une pièce noire où la mère peut enfermer l’enfant, en haut d’une avenue qui porte le nom d’un saint, dans une ville prétentieuse et factice où une fois l’an on change dix fois par jour le tapis rouge d’escaliers mythiques. Ceux qui me manquent sont au Continuer la lecture#40 jours #10 | rancune

#40jours #09 | petit groupe

Pour la lisibilité, le mieux c’est l’or Dans les étés de nos adolescences, le soir, tous les soirs, nous marchions en direction du cimetière, vers l’église Saint Claude, un peu loin du village, où les morts se tenaient à distance. Se faufiler au milieu des tombes nous amusait aussi et parfois nous jouions à nous faire peur. Martine, la plus facile Continuer la lecture#40jours #09 | petit groupe

#40jours #08 | canicule, ni tête

Aller partout, division du travail, partage des tâches, a une vitesse folle, tous les axes, dans tous les sens, aller, retour, une rigueur protocolaire, sentent tout, observent tout, rendent compte. Bilan décevant : il n’y a rien à voir. Verdict terrible : les horreurs des humains sont horribles. Faire, voire refaire la ville, à partir de points discontinus ? Des Continuer la lecture#40jours #08 | canicule, ni tête

#40 jours #07 | espaces épais

Eventrer la Terre —tout de suite les grands maux, les gros mots— c’est un crime humain que l’humain prémédite. Il l’accomplit et s’en réjouit. Pour en tirer des silex au néolithique. Pour en tirer profits ensuite, du sel, du cuivre, de l’or, du sang, des larmes, des places de parking, des métaux rares —et les égouts, le métro, les réseaux, Continuer la lecture#40 jours #07 | espaces épais

#40 jours #06 | Terrier général d’une île

La première fois qu’une personne a pu se promener a quatre pattes, genoux à terre, sur le plan terrier de l’île de Corse, c’est dans un roman. La deuxième fois, c’était en vrai, dans le monde réel, quand, en 1997 pour son exposition inaugurale, « Mesure de l’île », le nouveau Musée de la Corse a fait marcher ses visiteurs Continuer la lecture#40 jours #06 | Terrier général d’une île