A propos de Solange Vissac

Entre campagne et ville, entre deux livres où se perdre, entre des textes qui s'écrivent et des photos qui se capturent... toujours un peu cachée... me dévoilant un peu sur mon blog jardin d'ombres.

#anthologie #04 | architecte

Prendre une feuille double à petits carreaux et dessiner le plan de l’appartement où ma vie d’enfant s’est déroulée. Placer les meubles dont j’ai le souvenir: ce n’est pas difficile car tout reste gravé en mémoire. Poursuivre la représentation avec tous les logements occupés depuis l’enfance. Curieusement les souvenirs sont moins minutieux, les meubles placés un peu au hasard. Combien Continuer la lecture#anthologie #04 | architecte

#anthologie #03 | disparus

Cela fait des jours que je suis à leur recherche, que j’inspecte chaque tiroir de mon bureau, chaque étagère de la maison, chaque recoin où j’aurais pu, par inadvertance les déposer, les abandonner, sans réaliser la difficulté que j’aurais ensuite pour y remettre la main dessus; je suis même allée regarder dans le tiroir à chaussettes, le tiroir à couverts, Continuer la lecture#anthologie #03 | disparus

#anthologie #02 | la salle

Allongée sur le divan, caché par la porte qui ouvre sur cette salle salon chambre – rien n’est bien défini –, où elle reposerait pour une sieste d’un après-midi d’été. Le dessus de lit jaune soleil serait rabattu sur ses pieds, le visage de l’enfant tourné vers la droite comme s’il regardait l’étagère de livres près du lit. Les livres, Continuer la lecture#anthologie #02 | la salle

#anthologie #01 | sillonner

C’est comme se rafistoler que de pénétrer dans cet antre. Se tenir devant la porte à ouverture automatique, laisser les battants se déployer, pénétrer dans le sas, puis dans la partie d’accueil, saluer le vigile — se souvenir de l’après covid quand il surveillait la désinfection des mains et le port du masque — , stationner dans la file des Continuer la lecture#anthologie #01 | sillonner

#anthologie #prologue | J’ai appris

Je n’ai pas choisi, mais je me suis mise au monde. J’ai appris à respirer. J’ai appris à regarder. J’ai appris à écouter. J’ai appris à parler. J’ai appris à goûter. J’ai appris à toucher. Apprendre et tenter de comprendre comment exister, comment vivre. Je n’ai pas choisi, mais il fallait se nourrir. Mastiquer ce qui entrait dans la bouche. Continuer la lecture#anthologie #prologue | J’ai appris

#versuneécopoétique #02 | Égarement

Dès que le soleil commence à réchauffer les murs des villages alentour, il n’est pas difficile de constater la multiplication, quel que soit le nom qu’ils empruntent, de marchés aux puces, brocantes ou vide-greniers. Un étal de deux ou trois mètres sur des tréteaux, une table de camping chancelante, l’arrière d’une voiture avec le hayon levé, une couverture ou une Continuer la lecture#versuneécopoétique #02 | Égarement

#versuneécopoétique #01 | échos du silence

Le ciel: un gouffre. La terre: un désert. Dans l’entre-deux, dans cette brèche où tenir droit, pris dans l’immensité, retenir son souffle. On n’a pas l’étoffe pour cette immensité. De cette gravité, rien ne dépasse. Une herbe rase où quelques cheveux d’anges, comme un tremblement de tendresses entre les pierres sèches, arabesques pensées qui s’effilent, ondulent dans un froissement d’air Continuer la lecture#versuneécopoétique #01 | échos du silence

# Nouvelles # boucle 2| l’homme trop grand

Entre ciel et terre, là où se dessine, à force de repli, un morceau de paysage en ruine, elle cherche un lieu où se tenir, une assise où capturer l’horizon. Plus haut un hameau perché sous la crête, plus bas les méandres de la vallée où tout se perd. Là, le lointain et le proche où tout fait relief, mais Continuer la lecture# Nouvelles # boucle 2| l’homme trop grand

#nouvelles | Solange Vissac

Table des matières1 de l’art de ranger ses livres2 histoire de mes librairies 3 inventaire de choses perdues4 le livre dans sa matérialité5 Cortázar, quatre stations pour un livre 1 de l’art de ranger ses livres Dormir toutes les nuits de son enfance, la tête calée contre un montant de la bibliothèque paternelle laisse des traces. L’espace enclos de la Continuer la lecture#nouvelles | Solange Vissac

#gestes&usages #01 | en dépit du bon sens

À cause de la couleur incertaine du lichen, cette substance chevelue d’un gris pâle, gris de cendres froides, qui s’échevelait sur les branches basses des pins dans cette forêt d’enfance, j’imaginais des histoires de fées, ou plus exactement de sorcières ou d’êtres maléfiques surgissant du fin fond des bois, ou s’élevant sans bruit — telle une vapeur entortillée s’extrayant de Continuer la lecture#gestes&usages #01 | en dépit du bon sens