A propos de Stéphanie Rieu

J'ai 44 ans et à ma grande stupéfaction, je vis en Lozère depuis maintenant quinze ans. J'ai souvent pris des trains en marche pour le plaisir de l'aventure ce qui m'a permis de pratiquer différents métiers tout aussi passionnants les uns que les autres et toujours en lien avec l'humain. Il y a quelques années, je me suis formée à la biographie familiale avant de réaliser que c'était sur ma propre matière que j'avais envie de travailler. J'ai donc intégré "Les Ateliers du Déluge", où, avec d'autres compagnes d'écriture, nous formons un ensemble insolite, disparate, joyeux et déluré, ne reculant devant aucun défi, ni prise de risque (y compris celui de s'inscrire sur les ateliers en ligne du Tiers-Livre !). Aujourd'hui, j'essaie de prêter une oreille attentive à ce qui m'anime : écrire, cuisiner, lire, accueillir, jardiner afin d'oser aller à ma rencontre. Malgré les efforts incessants que je déploie pour essayer de réfléchir sérieusement à mon avenir, je ne sais toujours pas ce que je voudrais faire quand je serai grande.

Les hypothèses Anne-James

Un seul texte en plusieurs qu’on lirait sans reprendre son souffle et à toute vitesse. Il s’agirait ici de balayer l’enfance de toutes ses poussières, lever le moindre doute, le regarder voleter et s’enfuir à travers les fenêtres grandes ouvertes. Ce serait comme sauter d’une image à une autre. Ce serait attendre la fin du livre pour avoir un tableau. Continuer la lectureLes hypothèses Anne-James

Ce qu’il me reste de l’entre-deux

Elle ne se rappelle pas du déménagement quand ils ouvrent la porte elle est frappée par l’odeur écœurante du sol gris synthétique il est moite et veiné de lignes rouges mais on ne peut le savoir que si on se déplace à ras du sol qu’on y fait rouler des voitures comme le petit frère par exemple il les aligne Continuer la lectureCe qu’il me reste de l’entre-deux

Introspection sous verbe

Suis arrivée matin. Ai vagi pour la réveiller. Décollé mes paupières. Décollé trop vite même. N’ai pas fait l’unanimité seulement la moitié. Avais une fente et pas un robinet. Étais née fendue, quoi ! N’ai pas tété longtemps car mordu les crevasses et fait naître le sang. Ai reçu des soins fous et de l’angoisse pure. N’ai pas reçu les mots. Continuer la lectureIntrospection sous verbe

Dépendance à la cuisine

elle restait immuable         c’était rassurant d’une année sur l’autre         les vacances en saut de puce         été comme hiver         on  ne pouvait pas la surprendre          même en arrivant à l’improviste c’était le cœur chaud          battant de la maison          avec sa cheminée         immense qui mangeait tout le fond               près de l’armoire aux apéritifs         la cuisine         accueillante         avec ses petits carreaux crème         puis Continuer la lectureDépendance à la cuisine

CHEMISE DE NUIT

Flasque et défraîchie, distendue, distordue, imprimé noir délavé sur du tissu lâche et pâle, une odeur fleurie imprégnée, sueur douce et acidulée, une odeur derrière l’odeur, un socle connu et arpenté qui convoque, courte trop courte qui remonte, par hasard là trouvée, cachée au fond de l’armoire et découverte, intruse de mes nuits qui s’invite, à peine un œil en Continuer la lectureCHEMISE DE NUIT

CYCLE

la machine à lever te retourne CYCLE un tour en arrière à la périphérie CYCLE le tambour de la machine à laver si longue du lavomatique tes yeux exorbités qui s’embarquent dans la course du linge sidérés saturés en  pause double salto faire retomber brusquement le souffle et l’aplatir avant le départ CYCLE urgent le retour vers les sources du Continuer la lectureCYCLE

Empreintes

Elle aime être étalée de tout son long sur l’allée en béton granuleux qui descend du garage au portail, les bras flottent de chaque côté de son corps relâché, ses jambes sont juste assez attirées par la gravité pour donner l’impression d’une apesanteur bienheureuse et le soleil  la chauffe, par-dessus et par-dessous, tellement le mortier a ingurgité de chaleur pendant Continuer la lectureEmpreintes