Voyage

Quand je lis, un ourlet violet se déroule sous la ligne noire du livre. Mais je n’arrive pas à suivre tous les mots dans leurs changements, je n’arrive pas à suivre une pensée du présent au passé. Virginia Woolf, The Waves dans sa traduction italienne, Einaudi, p. 28 Un jour, il est décidé d’aller en classe de neige. Un jour, Continuer la lectureVoyage

Trois murmures en avant-scène

GILDA La fine ligne des sourcils vient se courber dans un étonnement soudain, creusant comme deux incises, nettes, singulièrement profondes, comme si l’innocence ne fût qu’une apparence, qu’il fallait maintenir pourtant. Et en son for intérieur : elle pensait aux courses à vélo et combien elle haïssait quand la voirie réparait la petite route y déversant toujours trop de graviers qui Continuer la lectureTrois murmures en avant-scène

Sanguine et fusain

Seuls avec les autres, la vie se fait complice inattendue. Le bus pose toutes portes ouvertes. Il vient d’arriver. Il va repartir. L’air est frais, le soleil haut et insouciant, généreux dirais-je en ce jour d’hiver. On voudrait presque croire que les feuilles pointent déjà au bout des branches devenues carmin. Deux femmes, l’une est plus emmitouflée que l’autre. C’est Continuer la lectureSanguine et fusain

Foule

Celui qui se perd. Activité grégaire codifiée : être foule. Guerre ou procession, l’ordre c’est la marche, la marche doit être en ordre, victoire de chacun ou sublime déroute de tous, victoire d’équipage ou fuite éperdue. Sinon, faire la queue bien en file et s’asseoir aux places assignées. Quiétude pour nos gardiens, fussent-ils anges ou casqués armés du charriot porte-boissons. Comme Continuer la lectureFoule

… qui…

Celle qui parle, se tait longtemps et pose son regard sur l’horizon, qui monte en voiture, roule, roule, a parcouru bien des lointains, qui revient toujours, toujours d’un ailleurs, qui disparaît, s’éclipse, dont on entend encore le rire, perçoit le parfum frais, estival ; qui revient trop tard, peut-être, un jour autre, quand les mûres ont fui les ronces, les verts Continuer la lecture… qui…

« Car c’est un visage, un jardin! » (*)

Qu’en est-il de cette courbe délicate qu’effleurent mes doigts ? Sous le grain, lisse et doux, de ta peau voici voyages et récits. J’essaie de les lire, d’en deviner les mots le long des traits fins de ton visage, comme ce sourire que tu esquisses gardant l’énigme de ta vie. Un simple sourire serait-il ton visage ? Déjà confus. Déjà flou. Simple Continuer la lecture« Car c’est un visage, un jardin! » (*)

It’s a so long way from home

Pour la proposition #12, je n’ai lu que le résumé écrit. Puis m’est venue cette idée. Six heures cinquante-neuf. Le convoi se met en branle, un long wagon articulé, bien illuminé à l’intérieur tandis que, au dehors, le jour tarde à se dire sous les derniers néons de la gare, les lampadaires de l’avenue que longent les rails, les quelques Continuer la lectureIt’s a so long way from home

11. Alphabet des mots-lieux

Affleurement, Quelque chose à niveau, qui ne fait pas saillie. Ascenseur, Généralement une lumière blafarde vous inonde généreusement, surtout un vendredi vers 17 heures. Il reste encore de ces minuscules ascenseurs en bois, aux portes mal coulissantes, gardée par une grille en fer qui s’ouvre mal généralement, et se meut en cahotant vous faisant craindre que le sol ne s’éventre Continuer la lecture11. Alphabet des mots-lieux

10. Six, neuf, dix

Tout semble comme toujours. Blanc. Il n’y a qu’un regard posé devant soi imparfait malingre tremblotant reflet sur une vitre sale sur laquelle on recherche le meilleur trait l’angle flatteur. Tout ce vrai n’est qu’un récit fait de trois couleurs, quelques sons, des milliers de gestes, des lieux changeants, courant le long d’une spirale où le temps revient, cyclique, revient, Continuer la lecture10. Six, neuf, dix