#gestes&usages #04 | ça lâche 

 Elle part pour son rendez-vous d’embauche. Une vague humaine déferlant sur les quais de la station République. Au milieu de la cohue le cœur battant à tout rompre elle se faufile vers la sortie du wagon. Mais alors qu’elle se presse dans la rame bondée un frisson d’angoisse la parcourt. Un claquement sec, le soupir d’un tissu qui se libère Continuer la lecture#gestes&usages #04 | ça lâche 

#gestes&usages #03 | si froid

Rue Etienne Dolet où l’ombre du poète humaniste brulé pour hérésie plane encore, l’air est empreint d’une tristesse séculaire, les pavés disloqués comme des ossements figés dans les cendres racontent les tumultes du passé. Dans cette ambiance de pénitence je me tiens immobile, une statue de pierre dans l’encoignure d’un porche. L’attente est un supplice chaque minute une éternité tandis Continuer la lecture#gestes&usages #03 | si froid

#gestes&usages # 02 | danser ou se laisser danser ?

Enrichir son répertoire gestuel pas de copie mais la douceur de l’écho, échauffements et exercices en préambule, une improvisation dansée pour étoffer leur vocabulaire amorcer les possibles, comme une table des matières. La musique est leur choix, le lien, le doute du commencement, lâcher-prise pour les uns une appartenance au groupe, pour d’autres l’impulsion à se sentir regardés, l’émotion dessine Continuer la lecture#gestes&usages # 02 | danser ou se laisser danser ?

#gestes&usages #01 | dans la peau

À cause de la couleur de sa peau, du teint transparent de ce voile de soie, que le soleil traversait  en se répandant  comme l’eau sur un papier buvard, le pigmentant de points discrets de rousseur, au risque de le brûler sans jamais le colorer, voile laiteux qu’aucun bronzage d’une mode absurde ne pouvait truquer. Comment le travestir ?  C’est en cachette, après Continuer la lecture#gestes&usages #01 | dans la peau

#enfances #09 | Perec – chambres

Provençal On entre dans cette chambre happé par un appel d’air, un nuage de brume ondulante comme ligne de flottaison. La porte d’entrée est en chêne foncé, à gauche le lit bas de cent soixante en bambou verni de la tête au pied couleur palissandre il est recouvert d’un jeté de lit bordeaux piqué en vagues au roulis soyeux. Les Continuer la lecture#enfances #09 | Perec – chambres

#enfances #06 | la voix de l’absence

Si l’absence était une voix ce serait la sienne. C’ était celle de ses disparus, partis en fumée C’ était celle des cris rauques venus d’autres ventres affamés  C’ était celle prisonnière de ses entrailles, à laquelle en un cri primal j’ai tenté de mêler la mienne, mes oreilles ont tremblé Sa voix une souffrance échappée d’une bouche craquelée du Continuer la lecture#enfances #06 | la voix de l’absence

#enfances #08 | la Moskowa

Mère-Grand Chaque dimanche sauf en cas de force majeure nous allions chez ma grand-mère dans le quartier de la Moskowa dix-huitième arrondissement de Paris, dans cet immeuble délabré aux marches dangereuses nous arrivions au premier étage dans un appartement surchauffé.  Le buffet accolé à la table de bois recouverte de toile cirée aux motifs illisibles quelques chaises coincées autour obstruaient Continuer la lecture#enfances #08 | la Moskowa

#enfances #06 | la voix de l’absence

Si l’absence était une voix ce serait la sienne. C’ était celle de ses disparus, partis en fumée C’ était celle des cris rauques venus d’autres ventres affamés  C’ était celle prisonnière de ses entrailles, à laquelle en un cri primal j’ai tenté de mêler la mienne, mes oreilles ont tremblé Sa voix une souffrance échappée d’une bouche craquelée du Continuer la lecture#enfances #06 | la voix de l’absence

#enfances #07 | Odradek le baigneur

Nu la tête enfouie dans la travailleuse tout de cellulose rosée, sauvé du dernier recours en grâce, ses pieds potelés témoignent d’une solide santé. Pourtant une fois extirpé d’entre les boutons et bobines la tête rigide en sa matière semble ne plus appartenir à ce corps que par un fil élastique. En relief sa mèche de cheveux châtains moulée à Continuer la lecture#enfances #07 | Odradek le baigneur

# enfances # 05 | si l’enfance m’était contée

                                      Sextidi Les quatre heures du samedi à l’odeur de cire d’abeille accompagnés de sandwiches de petits- beurre Lu beurrés, du jus d’oranges pressées comme mes lèvres au bord du verre, collées par la pulpe Quand elle posait sa fatigue du bout des fesses sur la chaise rembourrée simili-cuir, délicatement elle sortait de je ne sais quel endroit secret un flacon Continuer la lecture# enfances # 05 | si l’enfance m’était contée