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Chowara, Shiva le magistral, statue de dix mètres ; de cahutes en villas, nous glissons en cahotant sur des pavés clairsemés enrobés de lambeaux de bitume, la nuit ne s’est pas encore réveillée, les odeurs trahissent la vie qui jamais ne se repose ici, nous y sommes toujours attendus. Les ruelles ne s’appellent pas, elles s’enhardissent au gré des habitations ou abris. Impossible de s’y retrouver, l’inconnu comme guide.
La lourdeur du portail s’apprécie à la lenteur de son ouverture. Qui l’avait refermé juste derrière nous ? Laissant la poussière au dehors, c’est ici le jardin extraordinaire, plusieurs frangipaniers aux troncs et branches à l’écorce lisse, dénudés, nous invite en leur parfum acidulé et suave des rares fleurs aux pétales épais, ils résisteront deux ou trois jours à une rouille inévitable. Une haie de fleurs rouge vif nous sépare du terrain à l’abandon au voisinage incertain.
Les lattes de bois gris enjambent un étang, nos pas résonnent d’une nouvelle intention, cette allée nous mène en un lieu vide de présence, à droite un comptoir haut de bois sombre, un panneau avec le cours du change, quelques bureaux désuets aux tiroirs de bois déformés supportent un ordinateur ancienne génération.
Nous pourrions nous asseoir sur la lourde banquette trop profonde et inconfortable, tapissée de velours vieilli. Un escalier en colimaçon laisse imaginer quelques chambres à l’étage. A gauche une allée bordée de fleurs, elles s’enlacent pour former de petits bosquets, de gros bouquets, les jasmins épais de leurs feuilles luisantes, constellés de fleurs escaladent les murs;en face, les chambres au mobilier insoulevable en bois noir et épais aux motifs végétaux, il résistera à l’humidité tropicale et grincera en glissant sur le carrelage sombre. Difficile de s’orienter dans cette immense pièce aux pans coupés et dont l’armoire ne respecte pas la topographie. Reprendre cette allée c’est arriver à la cuisine aux fenêtres minuscules crument éclairée de néons aveuglants. En face à droite une pelouse aux arbres gigantesques, des palmiers à la tête ébouriffée, des cocotiers toujours prêts à lâcher malicieusement quelques noix. Deux marches trop hautes aux arêtes émoussées, nous conduisent à la salle à manger couverte, ouverte, ornée d’orchidées aux racines aériennes. Ici le royaume des couleurs et des odeurs. Tout soudain la mer apparaît au travers d’un second patio octogonal de bois rouge et doré, en son milieu et à contre-jour une table et deux silhouettes face à face…
#été2023 #01bis | le foulard vert
Ils ne voulaient pas qu’elle soit dépositaire de l’horreur, pas un livre pas une écriture à porter de regard, ses parents auraient eu peur d’y lire leur histoire celle d’une guerre, une guerre qui n’était pas la leur, une langue étrangère. La paralysie asphyxie son cerveau d’enfant. Comment parler en toute invisibilité, comme eux, elle doit se cacher, ne pas commettre Continuer la lecture#été2023 #01bis | le foulard vert