#été2023 #06 | un communisme tropical tendance Lakshmi

Depuis l’enfance l’argent me préoccupe, plutôt le manque d’argent me hante. Nous cultivions sur notre petit lopin de terre fruits et légumes que mon frère tentait de vendre, mon père possédait un Rickshaw acheté avec un micro-crédit, flambeau illusoire de l’innovation pour aider les pauvres, et parcourait les ruelles pour de petites courses. L’idée même de la pauvreté m’obsédait alors Continuer la lecture#été2023 #06 | un communisme tropical tendance Lakshmi

#été2023 #05bis | Daveesh Daveesh Daveesh Davuchka

Daveesh –  diminutif polonais, Davuchka (entendre Davouchka) – Mon mari hier est reparti. Suis-je dans le réel ou le rêve, j’embrasse ces moments où je donne raison à l’absence de conscience, es-tu cet amour qui tremble cueilli par nos corps enlacés, ton sourire dans mes veines interdit à l’absence… tu traverses ma vie comme un ouragan qui souffle le manque et Continuer la lecture#été2023 #05bis | Daveesh Daveesh Daveesh Davuchka

#été2023 #05 |  ce qui échappe

Les frêles embarcations de pêcheurs à la lanterne ont disparu, la nuit nous enveloppe de ses derniers lambeaux, la brume éphémère protège encore nos ébats dans la chambre trois cent une. Est-ce une erreur, un égarement passager, une fredaine tout dépend du degré de gravité qu’on accorde à cette irrégularité, une infidélité pour être tout à fait honnête, encore que Continuer la lecture#été2023 #05 |  ce qui échappe

#été2023 #04bis | Quelle heure vit-on la nuit de samedi à dimanche ? 

1- H. Nous y voilà ça revient chaque année à la fin du mois de mars dans la nuit de samedi à dimanche l’heure gagne une heure, comme on dit, on gagne l’heure en la perdant puisqu’il sera une heure de plus qu’on aura pas vraiment vécue. Ici, mes réveils avancent et indiquent chacun une heure différente, c’est pour me Continuer la lecture#été2023 #04bis | Quelle heure vit-on la nuit de samedi à dimanche ? 

#été2023 #04 | Hier c’est demain

Quand on a quarante-sept ans on est trop sérieux, la féerie de l’enfance, nous échappe, on tâtonne à s’en rompre la mémoire ; lui me retrouve en un tremblement de terre, il m’entraîne dans ce tourbillon métropolitain au milieu de la foule des wagons surpeuplés, collés l’un à l’autre nous ne cherchons plus les mots, nos corps seuls s’emmêlent, s’en mêlent, Continuer la lecture#été2023 #04 | Hier c’est demain

#été2023 #03bis | trois femmes un homme 

  Un deux trois quatre, quatre deux un trois, deux un quatre trois, trois quatre deux un, trois un deux quatre ; attablées, les trois femmes écoutent l’homme, elles boivent ses paroles, chacune observant l’autre, lui plaire, elles sont trois femmes dans leur peignoir vert émaillé de taches d’huile de sésame taille unique, leurs cheveux huilés, ici pas d’apparat, la presque Continuer la lecture#été2023 #03bis | trois femmes un homme 

#été2023 #03 | Anandalakschmi | Gertrude Stein

     Peut-être vous l’ai-je déjà dit, ils étaient là, assis à contre-jour. Un chant liturgique chrétien en malayalam monte depuis la plage, un mystère enveloppe ce face à face improbable. Lui, Shantu, tout en rondeur parlant malayalam à son portable pour quelle raison ? et cette femme plantureuse sous tout rapport répondant par téléphone, curieux dialogue. En approchant le mystère s’éclaircit ;  il Continuer la lecture#été2023 #03 | Anandalakschmi | Gertrude Stein

#été2023 #02bis | Thiruvananthapuram

Ici, vu du ciel, c’est le jour en pleine nuit, des lumières à nous essorer la rétine, vite fuyons Abu Dhabi, un saut quantique par-dessus la mer d’Oman ou mer d’Arabie. Serrés comme des sprats fumés se retournant dans leur boîte, nous perdons toute notion de notre anatomie. Notre atterrissage en bord de mer sur une unique piste éclairée par Continuer la lecture#été2023 #02bis | Thiruvananthapuram

#été2023 #02 | Jane Sautière

Copyright : R. Interlegator

 

Chowara, Shiva le magistral, statue de dix mètres ; de cahutes en villas, nous glissons en cahotant sur des pavés clairsemés enrobés de lambeaux de bitume, la nuit ne s’est pas encore réveillée, les odeurs trahissent la vie qui jamais ne se repose ici, nous y sommes toujours attendus. Les ruelles ne s’appellent pas, elles s’enhardissent au gré des habitations ou abris. Impossible de s’y retrouver, l’inconnu comme guide.

La lourdeur du portail s’apprécie à la lenteur de son ouverture. Qui l’avait refermé juste derrière nous ? Laissant la poussière au dehors, c’est ici le jardin extraordinaire, plusieurs frangipaniers aux troncs et branches à l’écorce lisse, dénudés, nous invite en leur parfum acidulé et suave des rares fleurs aux pétales épais, ils résisteront deux ou trois jours à une rouille inévitable. Une haie de fleurs rouge vif  nous sépare du terrain à l’abandon au voisinage incertain.

Les lattes de bois gris enjambent un étang, nos pas résonnent d’une nouvelle intention, cette allée nous mène en un lieu vide de présence, à droite un comptoir haut de bois sombre, un panneau avec le cours du change, quelques bureaux désuets aux tiroirs de bois déformés supportent un ordinateur ancienne génération.

Nous pourrions nous asseoir sur la lourde banquette trop profonde et inconfortable, tapissée de velours vieilli.  Un escalier en colimaçon laisse imaginer quelques chambres à l’étage. A gauche une allée bordée de fleurs, elles s’enlacent pour former de petits bosquets, de gros bouquets, les jasmins épais de leurs feuilles luisantes, constellés de fleurs escaladent les murs;en face, les chambres au mobilier insoulevable en bois noir et épais aux motifs végétaux, il résistera à l’humidité tropicale et grincera en glissant sur le carrelage sombre. Difficile de s’orienter dans cette immense pièce aux pans coupés et dont l’armoire ne respecte pas la topographie. Reprendre cette allée c’est arriver à la cuisine aux fenêtres minuscules crument éclairée de néons aveuglants. En face à droite une pelouse aux arbres gigantesques, des palmiers à la tête ébouriffée, des cocotiers toujours prêts à lâcher malicieusement quelques noix. Deux marches trop hautes aux arêtes émoussées, nous conduisent à la salle à manger couverte, ouverte, ornée d’orchidées aux racines aériennes. Ici le royaume des couleurs et des odeurs. Tout soudain la mer apparaît au travers d’un second patio octogonal de bois rouge et doré, en son milieu et à contre-jour une table et deux silhouettes face à face… 

#été2023 #01bis | le foulard vert

Ils ne voulaient pas qu’elle soit dépositaire de l’horreur, pas un livre pas une écriture à porter de regard, ses parents auraient eu peur d’y lire leur histoire celle d’une guerre, une guerre qui n’était pas la leur, une langue étrangère.  La paralysie asphyxie son cerveau d’enfant. Comment parler en toute invisibilité, comme eux, elle doit se cacher, ne pas commettre Continuer la lecture#été2023 #01bis | le foulard vert