A propos de Betty Gomez

Lire certes, mais écrire...

#boost #8 | pour le moment

Moment corps de peau qui crisse, se refuse, de chair qui abrite, invasive, de muscle qui cède, de nuque qui tiraille, de squelette qui appelle.Moment d’audace ensemble, moment de trois fois rien, encore faut-il, là sous le soleil.Moment d’écoute, de monde son, de  corps tendu, réceptacle, accueil, guet, de corps qui s’étend.Moment d’éveil, quand, quoi, qui. Compter les vivants et Continuer la lecture#boost #8 | pour le moment

#boost #7 | Ce que nous voulons, ce que nous sommes

Les saluer du mot, de la main, les trois arbres, pour qu’ils veillent, défient le temps.Caresser comme par hasard le tronc de l’amandier.S’efforcer à sourire dans la pièce vide, pour que le geste devienne sensation, respiration. Chanter, toi qui ne chantes pas, pour couvrir le tambourinement du pouls dans les tempes, le cliquetis de la montre, chanter pour opposer au temps Continuer la lecture#boost #7 | Ce que nous voulons, ce que nous sommes

#boost #4 | quoi d’autre à faire?

Tenir tête à l’oubli — la disparition — l’informe qui avale tout — le défait — le liquéfie — tenir tête au visqueux qui menace, qui aspire, qui avale, qui défait  — tenir tête à la tentation de lâcher, de laisser filer — images, noms, prénoms, lieux — laisser s’estomper couleur, se diluer les traits, se confondre les mots — Continuer la lecture#boost #4 | quoi d’autre à faire?

#écopoétiques #07 | ni titre ni rien

Ni femme montrée du doigt, ni enfant affamé, ni homme lâche, ni femme seule, ni homme mutilé, ni femme violée, ni séparation, ni exclusion, ni ventre qui crie famine, ni haine qui défait qui grimace qui détruit qui viole qui violente qui nie qui tue, ni guerre, ni exode, ni devoir se cacher, ni devoir voler pour manger, ni craindre pour sa vie, ni craindre l’autre, ni gratter le sol de ses ongles, ni avancer dos courbé, ni classe sociale, ni frontière, ni machisme ni féminicide, ni papiers ni sans- papiers, ni prison ni barbelé, Continuer la lecture#écopoétiques #07 | ni titre ni rien

#mardis #04 | la traverse

Fuir la ville, son centre, files de voitures, feux tricolores, bruit des Klaxons, des démarrages, accélérations, freinages, des enfilades de devantures, magasins de chaussures, de vêtements, de maquillage, maroquinerie, pâtisserie, bijoutier, l’avenue est plus large, bureau de poste, collège, feux tricolores, croisement, banque, fleuriste, banque, garagiste, quitter les grands axes, quartier populaire, rues étroites, circulation à sens unique, les feux Continuer la lecture#mardis #04 | la traverse

#écopoétiques #06 | Orage

Comment oses-tu orage les faire trembler? Murs, sols, arbres, fleurs, je te l’accorde, mais elles, comment oses-tu?

Va-t-en orage, cesse ton boucan, remballe tes éclairs et autres coups de tonnerre qui effraient les vieilles femmes, les mères, les font se réfugier en tremblant sous les cages d’escalier, sous les couvertures, sous les lits, se boucher les yeux, les oreilles, psalmodier, pleurer, gémir. Trembler. Continuer la lecture#écopoétiques #06 | Orage

#mardis #03 | Argence

Le moment où elle s’éveille. Chez elle.
Le moment où elle s’éveille. Ici. 
Le moment où elle ne sait comment la porter, la journée
Le moment où l’on frappe, entre, Bonjour, pose café, biscottes. Part.
Le moment où il faut se lever, se hisser, se traîner
Le moment où il faut traverser la chambre, arriver jusqu’à la cuisine. Du studio.
Le moment où il est trop tôt pour téléphoner
Le moment où l’assaillent les idées
Le moment où entre la voisine. 
Le moment où seule avec cette folle Continuer la lecture#mardis #03 | Argence

#mardi#01 | lieux

Les lieux où j’ai dormi
Les lieux où je n’ai pas dormi, pas réussi à m’endormir
Les chambres où j’ai dormi lumière allumée ou lumière éteinte
Seule ou avec quelqu’un dans le lit
Selon le livre lu avant de m’endormir (roman du XIX ou pas, livre trouvé sur place ou amené, livre emprunté à quelqu’un ou à soi, un Maigret ou pas)
Selon que j’ai écrit ou pas avant de m’endormir (sur un carnet ou un clavier)
Là où j’ai dormi dehors (plage ou crique, ou place, ou pré, ou vigne)
Les campings (chambre sous tente ou dans caravane)
(Des brindilles d’électricité, les poils qui se hérissent, comme arrachés)
Les différentes chambres de la maison, quel livre au pied du lit
Blottie contre quel enfant
Les chambres choisies ou celles qui restent (tabouret coca cola, drapeau anglais dans un manoir du Périgord noir, parce qu’on était les plus jeunes. Tu parles!)
Les chambres remarquables (l’hôtel de la Luna à Luca, le palazzo à Vintimille, qui l’eût cru?)
Les suites parentales ou les petites chambres, il suffit qu’on y dorme à quatre
Les banquettes de voiture, les banquettes de train, les couchettes de train
Les chaises et fauteuils
Selon qui dort tandis quand je veille
Là où j’ai lutté contre le sommeil
Les lieux associés à une seule nuit ( un orage, un chantier, un livre)
Les chambres louées, les chambres prêtées
Celles d’où une nuit résiste, revient, obsédante ( lente chute silencieuse et pavés qui s’entrouvrent sans bruit) (chambre métamorphosée, sentiment d’irréalité, une fenêtre nouvelle apparue) Continuer la lecture#mardi#01 | lieux

#écopoétiques #05 | Vignes Planes

C’est un chemin. Un chemin, ça n’a pas de nom. C’est un chemin en terre, un chemin étroit, bordé de hauts talus. On l’emprunte pour aller en ville. On dit en ville, on devrait dire au centre du bourg. Personne ne dit le bourg. On dit ville, on pense village. On ne croise pas grand monde sur le chemin. Le plus souvent, on ne croise personne. On marche, on regarde, on ramasse des mûres, on pousse le landau, la poussette, on tient les enfants par la main, on les laisse gambader. Continuer la lecture#écopoétiques #05 | Vignes Planes

#mardis #02 | Pourquoi?

27 rue Henri Martin, trottoir étroit, immeuble d’angle, une marche, basse, étroite, ordinaire, une porte. Marron. Marronasse. La couleur fanée par le soleil de la rue étroite, sombre, humide. Soleil têtu il a fallu. Il a le temps le soleil. Peinture fanée, écaillée. De l’ongle, ongle court, suivre les pelures de peinture, les stries, fentes, doucement, peinture déjà assez écaillée. Porte d’un immeuble ordinaire, avec motifs toutefois. Des rectangles bizutés, des strates de bois, de rectangles dans des rectangles. Les compter? Pourquoi? Continuer la lecture#mardis #02 | Pourquoi?