A propos de Perle Vallens

Au cœur d’une Provence d’adoption, Perle Vallens écrit et photographie. Ecrire c’est explorer l’intime et le monde, porter sa voix pour toucher. Publie récits, nouvelles et poésie en revues littéraires et ouvrages collectifs. Lauréate du Prix de la Nouvelle Erotique 2021 (au diable vauvert) et autrice d'un livre de photographie sur l'enfance, Que jeunesse se passe (éd J.Flament), d'un recueil de prose poétique, ceux qui m'aiment (Tarmac), d'un recueil de nouvelles, Faims (Christophe Chomant) et d'un récit poétique et choral, peggy m. aux éditions la place. Touche à tout, pratique encore le caviardage, le cut up (image et/ou son), met en voix (sur soundcloud Perle Vallens ou podcasts poétiques), crée des vidéo-poèmes et montages photo-vidéo (chaîne youtube Perle Vallens)...

#enfances #07 | avaleur

Rectangulaire, mais arrondi aux angles pour éviter de blesser, c’est l’objet le plus voyant de la pièce, so seventies. Tellement insolite, limite on dirait un ovni sauf que ce n’est pas une soucoupe, et qu’il n’est pas volant. Il semble taillé brut dans son plastique rouge. Ou est-ce orangé. Facilement transportable grâce à sa poignée, et d’une largeur adaptée, celle Continuer la lecture#enfances #07 | avaleur

#enfances #06 | toutes les voix d’elle

Sa voix à peine. Sa voix me revient par à-coups, disparaît, se tait, revient. Floue. Éphémère, de forme incertaine. Mon oreille peine à en déterminer les contours, la tessiture. Plutôt aiguë au naturel, elle l’était un peu plus dans la joie ; ténue dans l’intime discussion ; basse et grondante, sourde dans la réprimande ou la colère. Elle se faisait alors métallique, Continuer la lecture#enfances #06 | toutes les voix d’elle

#enfances #05 | Ce qui était merveilleux

Le contact de la truffe chaude et humide sur la main, le coup de langue inopiné, et enfouir la main dans le pelage. L’odeur du rouge à lèvre de ma mère quand elle m’embrasse. Marcher sur la pointe des pieds, comme une danseuse. Sentir le vent dans les cheveux en faisant de la balançoire, et se dire c’est comme dans Continuer la lecture#enfances #05 | Ce qui était merveilleux

#enfances #04 I Grasse mat’

Ne pas bouger, rester au fond du lit. Il est tard, et alors ? Rester et ne pas bouger. Ne rien faire. Ne voir ni mur, ni armoire, ni lumière vacillante qui passe sous, perce à travers les persiennes, à travers les couches de tissus qui font pelures d’oignon, couche sur couche en superposition. Ne pas ouvrir les yeux. Au pire Continuer la lecture#enfances #04 I Grasse mat’

#enfances #02 | le lit

Le lit, c’est s’allonger dessus, se vautrer, en grenouille, à plat ventre, pivoter, se retourner, se relever et s’effondrer dessus au risque de ruiner la literie. Le lit couine, c’est qu’il est vivant. Dessus, douillet, mais dessous, recèle des secrets, des livres en pagailles, des BD, des dessins, des images découpées dans des magazines, les magazines eux-mêmes, de la nourriture Continuer la lecture#enfances #02 | le lit

#enfances #01 | Madame P., sa fille, son gendre

Plus net que son visage qui s’est effacé avec le temps, il reste le peigne dans la chevelure épaisse, très brune, remontée sur le haut de la tête. Et un jour, sans doute de fête pour elle, le très ajouré de mantille. Plus fort que les couleurs de la nappe ou la disposition des meubles, deux odeurs persistent. Il y Continuer la lecture#enfances #01 | Madame P., sa fille, son gendre

#enfances #00 | noyée dans le blanc

Perdue. Seule dans le froid et du blanc à perte de vue. Sapin à droite équivaut à sapin à gauche. Tous les sapins se ressemblent. Le blanc ressemble au blanc et elle est noyée dedans. Ce qui monte au ventre : la peur. La pente est verglacée. C’est au moins une noire, se dit-elle. Peut-être vaut-il mieux descendre en escalier, en Continuer la lecture#enfances #00 | noyée dans le blanc

#enfances #03 | sa force

Enfance 3 Perdue Perdue. Perdue pourquoi. Ou est-ce l’absence ? La disparition qui la perd. La fuite progressive. Elle, c’est une fuite. Parce que fuir c’est se perdre. Fuyant, désapprenant ce qui a été appris, balayant tout sur son passage : une certaine idée du néant. Perdue ou rebelle ? Refusant, réfutant, tête obtue de bête perdue. Niant les fondations pour Continuer la lecture#enfances #03 | sa force

#techniques #07 | Nationale 7

Connu par cœur. Le trajet mesure la longueur des souvenirs qui s’étendent sur treize kilomètres et c’est comme une boucle dans un espace temps qui se déroule pour toujours revenir sur le même lieu. L’une des destinations possibles mais pas la seule. Au premier clignotant, on quitte déjà un peu ici, pour un ailleurs qu’on ignore encore. La ville en Continuer la lecture#techniques #07 | Nationale 7