A propos de Perle Vallens

Au cœur d’une Provence d’adoption, Perle Vallens écrit et photographie. Ecrire c’est explorer l’intime et le monde, porter sa voix pour toucher. Publie récits, nouvelles et poésie en revues littéraires et ouvrages collectifs. Lauréate du Prix de la Nouvelle Erotique 2021 (au diable vauvert) et autrice d'un livre de photographie sur l'enfance, Que jeunesse se passe (éd J.Flament), d'un recueil de prose poétique, ceux qui m'aiment (Tarmac), d'un recueil de nouvelles, Faims (Christophe Chomant) et d'un récit poétique et choral, peggy m. aux éditions la place. Touche à tout, pratique encore le caviardage, le cut up (image et/ou son), met en voix (sur soundcloud Perle Vallens ou podcasts poétiques), crée des vidéo-poèmes et montages photo-vidéo (chaîne youtube Perle Vallens)...

#anthologie #11 | sur le chemin du retour

J’enclenche la première et c’est comme si je conduisais pour la première fois, première minute et le trac surgit, celui de rentrer plus que de partir quelque part L’inconnu moins angoissant que le trop connu, l’irréel moins Flottement de lumière basse sur le pare-brise, le paysage tremble de tout son long de tout son horizon qui ne promet rien qu’une Continuer la lecture#anthologie #11 | sur le chemin du retour

#anthologie #10 | une vie

Il a quatre-vingt ans. Il vit au même endroit depuis cinquante ans. Ses yeux pleurent de façon pathologique, sans raison. Ou peut-être en a-t-il une. Ou dix. Ou une raison de trop : se sentir vieillir. Est-ce ça être las ? Il a soixante-dix ans. Il est encore en forme pour son âge, c’est ce que dit son entourage, sa famille, Continuer la lecture#anthologie #10 | une vie

#anthologie #09 | le mot

c’est ma bouche, je le sais bien, c’est ma bouche toute seule, mes lèvres qui s’ouvrent, ma langue qui remonte d’un coup comme un élastique trop tendu et schlac, ça lâche, ça rebondit, ça s’écrase parfois, la langue qui forme les syllabes toute seule, sans le cerveau, je le sais pourtant, combien de fois ça s’est produit, la langue seule, Continuer la lecture#anthologie #09 | le mot

#anthologie #08 | la tache (2)

D’une nuit vierge, une nuit sans rêve, rivage plat d’encéphalogramme, faire abstraction. Je me hisse au-dessus des frictions, des insomnies, des douleurs. Je me mets en quête de fadeur, d’un processus linéaire de rangement des pensées, une ligne continue sans aspérités. C’est sans compter la tache qui revient à la charge. Je la vois grossir, c’est un mauvais naevus, un Continuer la lecture#anthologie #08 | la tache (2)

#anthologie #07 | la tache

Il y a une tache sur le mur. Je ne me la rappelle pas, ne sais pas de quand elle date, d’où elle vient, ce qui l’a causée. Je la regarde et c’est totalement hypnotique. Quelque chose s’efface en moi à mesure que la tache prend consistance. Elle devient plus visible. Tangible, tactile presque. La tache avale tout. Elle occulte Continuer la lecture#anthologie #07 | la tache

#anthologie #06 | le corps parle

Seule, c’est le corps qui parle, qui dit la concentration, le souffle, la maîtrise. L’absence des autres favorise ça. Être face à soi-même, se confronter. Tenter de savoir qui on est vraiment, sans autre occurrence que sa propre écorce, sa propre étoffe. Savoir de quel bois se tire l’endurance, de quel tronc se tisse la tension, de quel endroit la Continuer la lecture#anthologie #06 | le corps parle

#anthologie #05 | celui qui n’en peut plus

Ce n’est pas que je ne veux pas mais je ne veux pas. Mais vraiment épuisé. Mais vraiment angoissé. Vraiment trop vieux pour tout ça, tu comprends. Non tu ne comprends pas, tu ne peux pas te mettre à ma place. Tu n’es pas là. Je peine, je n’arrive pas à vivre, à retrouver sérénité. Trop vieux, trop mal en Continuer la lecture#anthologie #05 | celui qui n’en peut plus

#anthologie #04 | dire « habiter »

Il y a cet endroit qu’on habite maintenant, ce lieu familier, intime qui nous accueille dans notre entièreté, où l’on réside, où l’on vit, et tous ces autres par lesquels on est passé, qui nous ont vu grandir, nous transformer, être, vieillir. Qui peut dire où nous habiterons demain ? On habite un endroit où l’on demeure, ça veut dire Continuer la lecture#anthologie #04 | dire « habiter »

#anthologie #03 | la chose dans la vitrine

J’ai le nez comme collé à la vitrine, j’en louche presque. Il y a cette chose dans la vitrine qui me fait de l’œil depuis tout à l’heure. Je l’aime de loin, cette chose dans la vitrine, je la désire sans savoir si elle me plairait vraiment. J’éprouve pourtant un désir fort pour cette chose dans la vitrine. Cette chose Continuer la lecture#anthologie #03 | la chose dans la vitrine

#anthologie #02 | résidence

Une seule pièce, un studio, juste au dessus des bureaux, une ancienne école réhabilitée que ce vieil homme du voisinage a jadis fréquentee (et comme il en était fier !). Au bout d’un petit couloir faisant office d’entrée, le coin cuisine et sa batterie de casseroles et poêles, que l’œil denombre rapidement avant de percuter la niche de rangement, où Continuer la lecture#anthologie #02 | résidence