#anthologie #prologue I le chien grogne et l’enfant l’entend

« I am. I was. I am not. I never am. » London, John Barleycorn J’étais là avant d’y être. Ma mère me l’a dit. Elle me l’a répété souvent. J’étais dans sa tète. Dans celle de mon père, je ne sais pas. Il ne me l’a jamais dit. Il ne m’a jamais dit grand-chose. J’ai été conçu d’abord comme Continuer la lecture#anthologie #prologue I le chien grogne et l’enfant l’entend

#enfances #01 | stigmates familiers 

Elle boite. Elle se déplace avec une canne qu’on dit anglaise. Le corps ployé semble à la fois en appui sur l’avant-bras et suspendu à un sourire. Plus bas, au niveau du pied qu’elle traine d’où vient la gêne et la claudication, une chaussure noire paraît la clouer au sol. C’est contre elle qu’elle se bat quand elle avance. Le Continuer la lecture#enfances #01 | stigmates familiers 

#enfances #00 | au Prisunic de la rue Vaugirard

L’enfant suit la jambe de l’homme devant lui. Il y a plein de jambes autour. Il suit celle de son père. Il y a foule. La jambe devant s’arrête. L’enfant lève la tête. Au-dessus de la jambe, se tient un inconnu qui tend les bras vers un pot de moutarde. L’enfant regarde autour de lui les corps au-dessus des jambes. Continuer la lecture#enfances #00 | au Prisunic de la rue Vaugirard

#été2023 #04 | les dernières poignées de haricots

La tante au pied-bot ramasse les haricots. Il plaisante. Viens m’aider au lieu de faire l’andouille. Il continue à rigoler. Il la regarde faire, se dit que les haricots c’est l’enfer. Tu seras bien bien content d’en avoir cet hiver. Les ramasser, les équeuter, les cuire, les mettre en bocaux et recommencer. Il préfère aller à la rivière, glisser les Continuer la lecture#été2023 #04 | les dernières poignées de haricots

#été2023 #03 | des sanglots on ne savait rien

Comme je l’ai dit, il sanglotait, couché sur le parquet au bout du couloir, sur le ventre, un bras levé au-dessus de lui, l’autre replié sur le côté, comme sa jambe. On ne saura pas d’où venaient les sanglots, ou pas encore. Peut-être que si on trouve un jour le bloc rhodia, on le saura. Lorsque j’ai ouvert la porte, Continuer la lecture#été2023 #03 | des sanglots on ne savait rien

#été2023 #02 | le porche

D’abord, c’est le porche de l’immeuble qui me revient à l’esprit, l’image enfouie de la première fois où derrière de lourdes portes cochères en chêne, je me suis engagé dans le passage qui conduit à une cour où se trouvent des ateliers. C’est une allée de la largeur d’une voiture. Lorsqu’il en passe une, rarement, il faut se jucher sur Continuer la lecture#été2023 #02 | le porche

#été2023 #01 | les milans ne disent rien

Il est agenouillé entre deux tombes. Personne ne l’a vu s’éloigner du regroupement. Il a sorti un bloc Rhodia noir, la marque et les sapins imprimés en orange, un petit bloc, n°11, 5×5 (80 feuilles, 80g/m2, 7,4×10,5cm), petits carreaux, un bloc sur lequel se notent les listes des courses, des choses à faire. A moins d’être placé face aux deux Continuer la lecture#été2023 #01 | les milans ne disent rien

#été2023 #00 | prologue, 1933

Ce bouquin, on me l’a mis dans les mains malgré moi. Un format livre de poche qui n’entre pas dans les poches, ou alors, peut-être dans la poche centrale d’une salopette. J’ai écouté le libraire en parler à une cliente. J’écoute rarement les libraires. Je suis trop timide pour leur demander un renseignement, ou alors un titre dont j’ai entendu Continuer la lecture#été2023 #00 | prologue, 1933

le double voyage | dans le temps

Il avait dû se demander quand même quand il reverrait Marie. Il était content de partir. Les Vosges, ça allait lui changer de ses montagnes et des Alpes. Il les a vues à l’école les Vosges, sur la carte de France suspendue au mur, à droite du tableau. Il n’y est pas allé souvent à l’école, fallait s’occuper des vaches Continuer la lecturele double voyage | dans le temps

#voyages #prologue | j’imagine/j’imagine pas

j’imagine d’abord, avant que je m’en rappelle vraiment, j’étais loué à Pouzol vieux, pour garder les vaches dans les prés au-dessus de Notre-Dame l’Étoile, il fallait traverser la forêt et la Gagne en venant des Maziaux. après, je descendais depuis Bigorre, jusqu’à Saint-Julien-Chapteuil, l’hiver, j’avais de la neige jusqu’aux genoux, et même plus, l’été, la remontée séchait le gosier ensuite, Continuer la lecture#voyages #prologue | j’imagine/j’imagine pas