#anthologie #03 | la tapette à mouche en plastique vert

Je suis tombé sur la tapette à mouche en plastique vert. Si c’était une raquette de tennis, j’aurais dit qu’il y avait des trous dans la raquette. Mais c’est une tapette à mouche en plastique vert. J’aurais voulu la prendre mais je ne pouvais pas. Elle était posée là, sur l’étagère, dans ce qu’on appelle l’écurie. Je l’ai longtemps regardée. Continuer la lecture#anthologie #03 | la tapette à mouche en plastique vert

#anthologie #02 | un corps tordu aux paupières closes

à travers ses paupières mi-closes, elle se voit dans le miroir en tournant la tête sur le côté depuis le lit placé au centre de la pièce, c’est original un lit placé comme ça, loin des murs comme une table, elle ferme les yeux, elle se verrait alors depuis le miroir, elle se verrait en plein milieu des lieux, posée Continuer la lecture#anthologie #02 | un corps tordu aux paupières closes

#anthologie #01 | le bureau

Ouvrir la porte, sentir d’abord le dégoût au contact de la main sur la poignée, l’impression en la tournant qu’une sorte de saleté traverse la peau, les doigts se frottant l’un l’autre pour effriter une sorte de, ne pas savoir, juste sentir, peut être rien, se frotter les doigts quand même pour s’en débarrasser mais trop tard. Surtout retarder le Continuer la lecture#anthologie #01 | le bureau

#anthologie #prologue I le chien grogne et l’enfant l’entend

« I am. I was. I am not. I never am. » London, John Barleycorn J’étais là avant d’y être. Ma mère me l’a dit. Elle me l’a répété souvent. J’étais dans sa tète. Dans celle de mon père, je ne sais pas. Il ne me l’a jamais dit. Il ne m’a jamais dit grand-chose. J’ai été conçu d’abord comme Continuer la lecture#anthologie #prologue I le chien grogne et l’enfant l’entend

#enfances #01 | stigmates familiers 

Elle boite. Elle se déplace avec une canne qu’on dit anglaise. Le corps ployé semble à la fois en appui sur l’avant-bras et suspendu à un sourire. Plus bas, au niveau du pied qu’elle traine d’où vient la gêne et la claudication, une chaussure noire paraît la clouer au sol. C’est contre elle qu’elle se bat quand elle avance. Le Continuer la lecture#enfances #01 | stigmates familiers 

#enfances #00 | au Prisunic de la rue Vaugirard

L’enfant suit la jambe de l’homme devant lui. Il y a plein de jambes autour. Il suit celle de son père. Il y a foule. La jambe devant s’arrête. L’enfant lève la tête. Au-dessus de la jambe, se tient un inconnu qui tend les bras vers un pot de moutarde. L’enfant regarde autour de lui les corps au-dessus des jambes. Continuer la lecture#enfances #00 | au Prisunic de la rue Vaugirard

#été2023 #04 | les dernières poignées de haricots

La tante au pied-bot ramasse les haricots. Il plaisante. Viens m’aider au lieu de faire l’andouille. Il continue à rigoler. Il la regarde faire, se dit que les haricots c’est l’enfer. Tu seras bien bien content d’en avoir cet hiver. Les ramasser, les équeuter, les cuire, les mettre en bocaux et recommencer. Il préfère aller à la rivière, glisser les Continuer la lecture#été2023 #04 | les dernières poignées de haricots

#été2023 #03 | des sanglots on ne savait rien

Comme je l’ai dit, il sanglotait, couché sur le parquet au bout du couloir, sur le ventre, un bras levé au-dessus de lui, l’autre replié sur le côté, comme sa jambe. On ne saura pas d’où venaient les sanglots, ou pas encore. Peut-être que si on trouve un jour le bloc rhodia, on le saura. Lorsque j’ai ouvert la porte, Continuer la lecture#été2023 #03 | des sanglots on ne savait rien

#été2023 #02 | le porche

D’abord, c’est le porche de l’immeuble qui me revient à l’esprit, l’image enfouie de la première fois où derrière de lourdes portes cochères en chêne, je me suis engagé dans le passage qui conduit à une cour où se trouvent des ateliers. C’est une allée de la largeur d’une voiture. Lorsqu’il en passe une, rarement, il faut se jucher sur Continuer la lecture#été2023 #02 | le porche

#été2023 #01 | les milans ne disent rien

Il est agenouillé entre deux tombes. Personne ne l’a vu s’éloigner du regroupement. Il a sorti un bloc Rhodia noir, la marque et les sapins imprimés en orange, un petit bloc, n°11, 5×5 (80 feuilles, 80g/m2, 7,4×10,5cm), petits carreaux, un bloc sur lequel se notent les listes des courses, des choses à faire. A moins d’être placé face aux deux Continuer la lecture#été2023 #01 | les milans ne disent rien