#anthologie #09 | sur le pont

alors, le mardi j’ai quitté l’école: je suis entré par la porte principale, j’ai traversé la cour, j’ai pris la porte du bâtiment C et je suis ressorti par l’arrière, j’ai ressenti une bouffée de joie et de peur, j’ai marché en direction des hauteurs pour être sûr de ne rencontrer personne, de là, j’ai vu les bateaux, je suis Continuer la lecture#anthologie #09 | sur le pont

#anthologie #08 | face à la porte

Elle dort face à la porte. Elle dort les pieds tournés vers la porte. Pour dormir, il faut qu’elle voit la porte. Elle la regarde longtemps avant de trouver le sommeil. Elle s’éveille souvent brusquement, se relève dans le lit, s’adosse au mur, ramène ses genoux sur la poitrine et regarde la porte. Tant qu’elle est éveillée, elle la fixe. Continuer la lecture#anthologie #08 | face à la porte

#anthologie #07 | à ce moment là

quand à ce moment là, juste à ce moment, pas avant, il s’est rendu compte qu’il ne savait plus où il se trouvait et qu’il n’avait pas son téléphone dans la poche, il a frappé de la main sur le haut de sa cuisse droite, il a senti non pas un vide mais une absence, celle de la dureté du Continuer la lecture#anthologie #07 | à ce moment là

#anthologie #06 | seuls les oiseaux

Il est seul au monde ton père disait ma mère. Question de point de vue. Il avait plutôt un monde dans la tête, son monde à lui. Il n’en parlait pas. Sans doute, quand il ne répondait pas à une question ou qu’il quittait la pièce sans rien dire, ou qu’il faisait quelque chose sans se préoccuper de personne, sans Continuer la lecture#anthologie #06 | seuls les oiseaux

#anthologie #05 | comme un tronc

On dit que celui dont on parle ne vient pas de nulle part. Jamais. Mon corps a la force et la colère du père, la peur à l’intérieur de la chair de la mère. Ma propre chair porte des traces que je ne perçois pas. Regarde, tu vois mes cuisses. Ce sont celles de mon père, les bras, les épaules Continuer la lecture#anthologie #05 | comme un tronc

#anthologie #04 | fragments de lieux de mémoire

1 J’ai habité rue chaussade; j’ai habité rue Desnouettes; j’ai habité rue Franklin Roosevelt; j’ai habité rue Louis Braille; j’ai habité au Mas du taureau; j’ai habité je ne sais plus où, j’ai mangé le nom des rues; j’ai habité rue Jacques Brives; j’ai habité à Puteau; j’ai habité Bois D’Arcy; j’ai habité à Montpellier; j’ai habité à Strasbourg; j’ai Continuer la lecture#anthologie #04 | fragments de lieux de mémoire

#anthologie #03 | la tapette à mouche en plastique vert

Je suis tombé sur la tapette à mouche en plastique vert. Si c’était une raquette de tennis, j’aurais dit qu’il y avait des trous dans la raquette. Mais c’est une tapette à mouche en plastique vert. J’aurais voulu la prendre mais je ne pouvais pas. Elle était posée là, sur l’étagère, dans ce qu’on appelle l’écurie. Je l’ai longtemps regardée. Continuer la lecture#anthologie #03 | la tapette à mouche en plastique vert

#anthologie #02 | un corps tordu aux paupières closes

à travers ses paupières mi-closes, elle se voit dans le miroir en tournant la tête sur le côté depuis le lit placé au centre de la pièce, c’est original un lit placé comme ça, loin des murs comme une table, elle ferme les yeux, elle se verrait alors depuis le miroir, elle se verrait en plein milieu des lieux, posée Continuer la lecture#anthologie #02 | un corps tordu aux paupières closes

#anthologie #01 | le bureau

Ouvrir la porte, sentir d’abord le dégoût au contact de la main sur la poignée, l’impression en la tournant qu’une sorte de saleté traverse la peau, les doigts se frottant l’un l’autre pour effriter une sorte de, ne pas savoir, juste sentir, peut être rien, se frotter les doigts quand même pour s’en débarrasser mais trop tard. Surtout retarder le Continuer la lecture#anthologie #01 | le bureau

#anthologie #prologue I le chien grogne et l’enfant l’entend

« I am. I was. I am not. I never am. » London, John Barleycorn J’étais là avant d’y être. Ma mère me l’a dit. Elle me l’a répété souvent. J’étais dans sa tète. Dans celle de mon père, je ne sais pas. Il ne me l’a jamais dit. Il ne m’a jamais dit grand-chose. J’ai été conçu d’abord comme Continuer la lecture#anthologie #prologue I le chien grogne et l’enfant l’entend