#anthologie # 29 | on voit tout, on sait tout, on le raconte

insertion en italique des témoins dans la version initiale d’#anthologie #17 | lieux de vie — Lautaro ne dormait pas27 décembre 1990, Carrer del Lloro, Blanes, Espagne On m’avait vu, tout se voit, tout se sait. J’étais monté quatre à quatre, une bouteille de vin à la main. La porte de l’appartement était entrouverte, je n’avais qu’à entrer. Roberto Bolańo m’accueillit une Continuer la lecture#anthologie # 29 | on voit tout, on sait tout, on le raconte

#anthologie # 28 | l’art en ital. dans le texte

#anthologie #06 | seuls les oiseauxIl est seul au monde ton père disait ma mère. Question de point de vue. Il avait plutôt un monde dans la tête, son monde à lui. Il n’en parlait pas. Sans doute, quand il ne répondait pas à une question ou qu’il quittait la pièce sans rien dire, ou qu’il faisait quelque chose sans se préoccuper Continuer la lecture#anthologie # 28 | l’art en ital. dans le texte

#anthologie #27 | quelques vies non écrites

  1. À supposer qu’on ait pu se projeter dans le futur, rien n’aurait pu laisser penser qu’elle allait faire carrière. Elle-même se serait contentée de peu, quelques chansons, quelques danses au cabaret pour arrondir les fins de mois. Mais la première page des magazines, les potins dans les journaux, c’était inimaginable. Aujourd’hui, c’est incroyable.
  2. Le vieil homme aussi avait eu une enfance, puis une jeunesse et tout s’était enchaîné. Les dernières images que l’on a de lui sont celles d’un corps ralenti, de certains usages, de quelques objets. Personne ne peut dire quelles furent ses dernières volontés.
  3. En naissant à Chaudeyrolles en 1891, cet homme avait comme on dit un destin tout tracé, surtout après avoir été loué aux paysans voisins à peine moins désargentés que sa mère. Il a quitté pourtant la montagne, embauché à l’usine, fait la guerre, des enfants, le jardin, fabriqué des berceaux, raconté des histoires.

#anthologie #26 | le réveil

C’est son souffle sous la couverture tirée sur sa tête qu’il entend, qu’il veut entendre, alors il inspire plus fort, il souffle fort aussi, il aimerait que ce soit lentement, contrôler son souffle mais ce sont des sanglots sourds et silencieux qui viennent et secouent ce souffle qu’il amplifie entre ses lèvres entrouvertes pour couvrir le bruit des voix qu’il Continuer la lecture#anthologie #26 | le réveil

#anthologie #25 | lot d’odeurs

Je ne sens rien. Ne rien sentir, se sentir ne rien sentir. Juste voir. L’odeur du pet qui fait rire les enfants. T’as pété ! Non j’ai pas pété. Si t’as pété. Ça pue, tu pues. Passer de ça pue à tu pues, à ils puent, à ils puent tous. Repousser les puants, celles et ceux qui ne sentent pas Continuer la lecture#anthologie #25 | lot d’odeurs

#anthologie #24 | tant de corps endormis

des gens qui dorment, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue. Quoique. Pourquoi ai-je écrit ça, alors que tant de monde dort dehors? Je me souviens du travail de Franko B, Still Life, de ses photos de sans abris. La succession des corps allongés, des cartons, des duvets. Je me souviens de Martial que j’ai vu Continuer la lecture#anthologie #24 | tant de corps endormis

#anthologie #23 | les gamins dans la vallée

Quand on passait par la cave, il y avait un espace caché, une sorte de trou noir. Il permettait d’accéder – par quelques marches en pierre qu’il fallait gravir dans le noir – à la cuisine du premier étage, la pièce à la cheminée. On appelait ce passage la trappe en raison de la trappe en bois qui en fermait Continuer la lecture#anthologie #23 | les gamins dans la vallée

#anthologie #22 | impasse de ville

EN VRAI Il faut aller doucement, ou connaître. La départementale descend légèrement quand on arrive du département voisin. Il est difficile de repérer l’entrée, on voit à peine le petit pont de pierre qui enjambe le ruisseau. Il n’y a pas de panneau. Et il vaut mieux regarder derrière soi qu’une voiture ne double pas malgré le clignotant. Le repère Continuer la lecture#anthologie #22 | impasse de ville

#anthologie #21 | ton oncle

Tu es assis sur la marche d’une boutique de la rue principale 1. Tu dois avoir, quel âge, quatre? cinq ans?, je ne sais pas 2. Tu as les cheveux bruns, très bruns, coupés courts sur un visage rond. Tu es en culotte courte comme les gamins, à l’époque, avec des godillots. Ça nous amène à quand, si tu as cinq ans, Continuer la lecture#anthologie #21 | ton oncle

#anthologie #20 | Des photos de toi, j’en ai pas des tonnes

Des photos de toi, j’en ai pas des tonnes. Si, quelques unes. Tu es assis sur la marche d’une boutique de la rue principale. Tu dois avoir, quel âge, quatre? cinq ans?, je ne sais pas. Tu as les cheveux bruns, très bruns, coupés courts sur un visage rond. Tu es en culotte courte comme les gamins, à l’époque, avec Continuer la lecture#anthologie #20 | Des photos de toi, j’en ai pas des tonnes