A propos de Patrick B.

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#enfances #05 | Liste de merveilles dans l’enfance

Le rai de lumière, la porte de la chambre qui s’ouvre, sa silhouette, c’est elle. Et le bisou du soir sur le front, la joue ; ce baiser qui rend invulnérable pour traverser la nuit, rejoindre l’aube prochaine. Tout ce qui surgit de l’ombre en pleine lumière et doucement le fil de vierge qui passe lentement au dessus de toutes Continuer la lecture#enfances #05 | Liste de merveilles dans l’enfance

#enfances #04 | Terrassé par la fièvre

Le mot «terrassé» provient certainement d’un de ces livres de contes dont j’étais extrêmement friand entre 7 et 9 neufs ans. Le héros s’y retrouve toujours terrassé par les épreuves. Et quand j’essaie de me figurer ce mot c’est un espace plat recouvert de pierres plates, de planches, tout à fait comme on peut se figurer une véritable terrasse. Chose Continuer la lecture#enfances #04 | Terrassé par la fièvre

#enfances #03 | Aveuglé par le rêve

Aveuglé. Qui me le dit. Sinon celle ou celui qui reste invisible. Imaginant, fuyant, courant parfois à perdre haleine, descendant l’escalier en colimaçon quatre à quatre pour voir le dehors, le ciel, vaste, immense et dessous les collines. La brise sur les joues sentir. Aveuglé, mais comment et pourquoi. Le repli de l’œil, le retournement, l’isolement, l’invention, le refus. On Continuer la lecture#enfances #03 | Aveuglé par le rêve

#enfances #02 | coffres, boites et tiroirs de l’enfance

La case. Un pupitre à plan légèrement incliné avec dessous une case où ranger les livres, les cahiers. Il y a dans un angle un encrier de porcelaine blanche, et aussi une rainure un peu plus loin sur le plan de travail pour placer un porte-plume. Il faut tendre un peu le bras pour attraper le manche, attendre que l’encrier Continuer la lecture#enfances #02 | coffres, boites et tiroirs de l’enfance

#enfances #01 | Portraits à hauteur d’enfance

Les Gassion En semaine l’enfant est déposé chez les concierges. Tout le monde entre, il n’y a pas beaucoup de place dans l’ascenseur. il y a une odeur de graisse et d’encaustique. La porte se referme doucement, lentement il faut attendre, être patient . Puis il y a un clic, signe que tout est paré à la descente et la Continuer la lecture#enfances #01 | Portraits à hauteur d’enfance

#enfances #00 | des pertes comme prologue

Les saisons arrivent, les saisons s’en vont, les saisons reviennent, elles reviennent à peu près semblables les unes les autres d’une année à la suivante.  Cette régularité du temps, ce rythme sur quoi s’appuie le travail de la terre, des champs, l’enfant l’apprend par corps, par coeur, par sensations. On peut il le sait humer dans l’air l’arrivée de l’automne, Continuer la lecture#enfances #00 | des pertes comme prologue

#été2023 #15 | Lyrisme

De ces régions du souvenir qui nous murmurent de rester sur leur seuil, ressurgit une lecture d’Herman Broch, ce devait être  » La mort de Virgile » Ce moment de lecture semblable à aujourd’hui par sa luminosité automnale, les bruits étouffés de la rue, se mélange, se diffuse dans l’idée presque paisible du dimanche matin. Et du seuil où je me Continuer la lecture#été2023 #15 | Lyrisme

#été2023 #14 | Depuis la cuisine traversante

  1. La chatte entre dans la cuisine au moment où j’appuie sur le bouton du volet électrique. Depuis que nous avons abattu le mur de séparation d’une salle à manger minable et d’une cuisine pas terrible, nous disposons d’une grande pièce à la fois correcte et traversante. Durant environ six ou sept ans le sol est resté d’origine, à savoir des carreaux d’origine portugaise, probablement. Puis nous profitâmes d’un afflux intempestif de fond pour refaire les sols, et d’une fuite d’eau à l’étage pour refaire les plafonds via un dédommagement octroyé gracieusement par l’assurance de la maison
  2. La maison, nous l’apprîmes au moment de signer chez le notaire, date de 1850 qui est une année commune commençant un mardi. Cependant on peut noter, à partir du six de janvier, le début du voyage de Léopold Panet dans le Sahara occidental. Ainsi que l’ arrivée de la même personne, à Mogador au Maroc un jour du mois de mai.
  3. Dans un panier sous l’escalier on peut observer des courgettes datant du marché de dimanche passé Elles auront bien résisté aux sept derniers jours passés là à végéter. On ne peut dire la même chose des carottes, dont on fit l’emplette le même jour dans une euphorie encore estivale et dépensière. Elles paraissent désormais vidées de leur superbe, rabougries, inutilisables certainement. Les poivrons posés ça et là au hasard dans le même panier ne valent guère mieux. Des rides ridicules à la surface de leur peau il y a peu si fraiche, si verte, si brillante , la ruine de leurs courbes anciennes presque arrogantes, pétantes de bonne santé, renforce d’une façon intermittente tout ce week-end, l’affreuse sensation du temps qui passe et dont on ne sait jamais vraiment quoi faire.
  4. Entre le riz nature et les pâtes j’hésite une bonne dizaine de minutes tout en observant les va et vient de la chatte. Puis je réagis en m’emparant de la tablette, et me précipite soudain sur You Tube et sur les vidéos d’une influenceuse mexicaine dont les ongles violets mobilisent mon attention alors qu’elle tranche dans un replay éternel un oignon sur le teaser de sa chaîne.
  5. Durant une bonne heure je fais le compte de tout ce qui me manque pour pouvoir préparer des meal prep pour toute une semaine.
  6. Puis je me décide pour les pâtes finalement.
  7. Cependant, je verse du riz dans une casserole et le couvre abondamment d’eau froide afin qu’il cuise plus vite quand ce sera le bon moment. Puis je me souviens des hauts de cuisse de poulet dans le réfrigérateur. Il y en a cinq bons morceaux. Difficile décision à prendre . Vais-je en manger trois au déjeuner et deux ou dîner ou l’inverse. J’évacue temporairement la question et parviens, sans difficulté majeure, à placer le plat au four thermostat 180 ° pour quarante-cinq minutes.
  8. J’allume la télévision ensuite et tombe sur la série Stargate SG1 avec plaisir et culpabilité. Depuis mon canapé; je puis voir l’heure tourner à la pendule ronde accrochée par un clou, au mur de la cuisine traversante.
  9. C’est la sonnerie du four qui me réveille quarante cinq minutes plus tard. Il n’y a presque plus d’eau dans la casserole prévue pour les pâtes. Je reste stoïque, à quoi bon se lamenter, et la remplis d’eau à nouveau, résigné.
  10. Quand tout est prêt, bien sûr je n’ai plus faim.
  11. La lumière pénètre t à flot dans le grand salon et redonne un peu de lustre à la patine des meubles. Par moment m’assaille gentiment l’idée d’une promenade à effectuer coute que coute vers un but quelconque. Comme celui par exemple d’aller cueillir dans la forêt des champignons. Puis je songe à la jauge du véhicule dans l’orange, et refuse d’envisager la possibilité de me rendre là-bas à pied. L’idée me fatigue d’avance. Même changer de chaîne allongé sur le canapé me semble soudain devenu un effort au dessus de mes moyens.
  12. L’envie de faire l’amour un instant me traverse l’esprit. Autour de 18h. Comme souvent au terme d’une journée désespérante. Ce qui, je l’ai compris avec le temps, n’est qu’une sorte de fuite que l’inconscient échafaude rapidement pour espérer me mouvoir dans une direction quelconque. Ce stratagème est cependant éculé. Avec l’âge je résiste facilement désormais en fermant les yeux, en m’endormant.
  13. Sur le coup de 20h j’ai faim. Mais je ne bouge pas du canapé.
  14. Je ne cherche plus à zapper quand je me retrouve devant la télévision, j’accepte le destin, je le subis plutôt bravement. Quelque soit le programme je reste coi. C’est un enseignement appris à la source même de ma vie. Autrefois j’essayais de changer de chaine pour tromper l’ennui mais chassez le naturel il revient au galop.
  15. A 20h30 nous échangeons quelques mots par téléphone mon épouse et moi. Le silence ensuite n’en est que plus épais je le note sur une page de mon carnet. C’est d’ailleurs la seule chose valant vraiment le coup d’être notée de tout le weekend.
  16. Il y a 17 épisodes dans la saison 7 de Stagate Sg1. Parfois certains se suivent, d’autres pas.
  17. A 21 h profitant d’un passage aux toilettes, j’ai appuyé sur le bouton du volet électrique des fenêtres donnant sur la rue et sur l’interrupteur du plafonnier peu de temps après. La cuisine immense s’est éclairée brutalement et j’ai dû plisser les yeux.
  18. Une astuce pour que les épisodes défilent plus rapidement est l’avance rapide. Si la télécommande est en bon état. Sinon on saute trop vite cinq épisodes d’un coup. On éprouve alors une sorte de frustration qui provient à la fois du mauvais état des piles, de la médiocrité de construction de l’objet en lui-même, de la répétition métaphorique de l’échec, qui peut surgir ainsi de n’importe quel objet dysfonctionnel. En gros.
  19. Un sursaut de résistance vers 21h45 en m’emparant de la tablette et en continuant le récit intitulé « La salle de bain » de Jean-Philippe Toussaint, commencé la veille samedi vers la même heure et bien sûr entraîné par la même velléité combattive.
  20. La mise à jour de l’Ipad pour installer la dernière version d’IOS 17 brise mon élan littéraire.
  21. La chatte sort de la cuisine par la porte que je laisse encore ouverte et qui donne sur la cour, nous n’avons échangé aucun mot de toute la journée. Nous sommes seuls. La faim m’oblige à me lever du canapé. Je découpe un bon morceau pour l’offrir à la bête qui ronronne et renifle la bidoche dans sa gamelle de fer blanc.
  22. Je mange debout un morceau de haut de cuisse et quelques pâtes, le tout réchauffé brutalement au micro-onde.
  23. J’entame la saison 8 de Stargate SG1 en m’enfonçant assez calmement dans une sorte de désespérance dominicale.

#été 2023 #13 | Points cardinaux de l’imaginaire

A l’Orient, la poussière d’or flotte dans l’air d’Anatolie. On peut presque distinguer, surgissant des brumes de chaleur, cette caravane peuplée de roués Levantins, accompagnés un instant de chiens, au passage d’Erzurum, s’enfoncer vers la Perse. Et si l’on sait plisser les yeux en direction de l’Ararat, on y devinera l’Arche échoué du dernier déluge. A la frontière, l’oreille se Continuer la lecture#été 2023 #13 | Points cardinaux de l’imaginaire

#été2023 #12bis | Pourquoi des séparateurs

Ce n’est pas ce que l’on aurait à dire. Mais plutôt, comment le dire. Voici l’idée le truc Et donc arrête, arrête de ruminer, de te plaindre, do it. Personne ne te demande rien. Exercice tantrique: ne pas écrire ce que l’on aurait tout de suite là envie d’écrire. Se retenir. Non, personne ne te demande rien que tu pensasses Continuer la lecture#été2023 #12bis | Pourquoi des séparateurs