A propos de Olivia Scélo

Enseignante. Bordeaux. À la recherche d'une gymnastique régulière d'écriture.

#écopoétique #01 | Voir le silence

Un geai déchire le silence de la forêt, la réalité se défait, l’aube tremble, le paysage se fige tout autour. C’est un cri déchirant qui rompt brutalement la tranquillité d’un monde qui existe sans l’humain. Dans le mouvement lourd d’un vol sur le vif, dans le cri strident qui prend par surprise, au moment où il s’échappe on prend conscience Continuer la lecture#écopoétique #01 | Voir le silence

#anthologie #23 | Surrection

Parfois elle imaginait que la forêt d’autrefois vivait encore sous la maison, les sapins, les frênes, les noisetiers, les arbres abattus, débardés par mulets, par câbles, entassés sur des tracteurs, et elle voyait des bûches perdues en retenue sur la rivière, des ponts emportés par les flots des radeaux qui descendent jusqu’à Montréjeau, alors on retrouvait, flottants, les cognées et Continuer la lecture#anthologie #23 | Surrection

#anthologie #22 | Maison Capdetrey

1975, maison Capdetrey, Aulon (65) C’est d’abord une odeur de poussière, une odeur de poussière et de miel, de miel mêlé à l’odeur du bois, un bois de sapin, celui des volets restés fermés plusieurs mois et derrière lesquels on découvre les alvéoles jaunes de miel collant. C’est le bourdonnement des abeilles dans le silence obscur de la maison laissée Continuer la lecture#anthologie #22 | Maison Capdetrey

#anthologie #17 | La mort de Jean-Luc Lagarce

Le 4 septembre 1995, Daniel Emilfork menace de lâcher les répétitions de Lulu, il dit qu’il est très mal, qu’il faut que Jean-Luc Lagarce le remplace. Ce jour-là, Jean-Luc Lagarce écrit dans son journal que quelque chose pend au-dessus de leur tête. Ce n’est pas une petite chose, il ne s’agit pas simplement de remplacer Daniel Emilfork, dans cet épisode, Continuer la lecture#anthologie #17 | La mort de Jean-Luc Lagarce

#anthologie #15 | Tu vois ce que je veux dire

Les mots manquent, on se replie sur la compréhension magique, indéniable qui permettrait de communiquer sans mots… Tu vois ce que je veux dire ?… Comment nier ? Comment trahir la confiance, le haut degré d’entente tacite qu’on vous accorde ? Tu vois ce que je veux dire ? Je ne suis pas sûre… je vois peut-être… je vois sans doute… mais finalement je Continuer la lecture#anthologie #15 | Tu vois ce que je veux dire

#anthologie #14 | Je reviens vers vous

Vous êtes au téléphone avec votre banquier, votre carte bleue est bloquée mettons ou vous n’avez plus accès à vos comptes en ligne, le code de sécurité ne fonctionne plus, vous exposez le problème que vous rencontrez, vous montrez votre inquiétude. Au bout du fil (on dit encore au bout du fil aujourd’hui), un employé taciturne récite quelques formules de Continuer la lecture#anthologie #14 | Je reviens vers vous

#anthologie #12 | Montréal Dublin Alésia

La protection de fin grillage qui protège du vide béant de la fenêtre au seizième étage de la résidence universitaire jette un mouvement trouble sur la ville de Montréal et assombrit le crépuscule orange. La fenêtre découpe un rectangle sur la ville occupé aux deux tiers par la forêt qui longe le campus. Cette bande de forêt tout en longueur, Continuer la lecture#anthologie #12 | Montréal Dublin Alésia

#anthologie #11 | Holly Bloom (2)

Oui parce qu’avant jamais je n’aurais fait une chose pareille jamais je ne serais partie en les laissant tous les trois comme s’ils pouvaient vivre sans moi c’est pas comme quand on travaille que la mécanique est bien réglée les cours les repas à heure fixe quand tu sens le piège se refermer sur toi et qu’il faudrait tout de Continuer la lecture#anthologie #11 | Holly Bloom (2)

#anthologie #09 | Voie de garage

Le meilleur chemin que j’ai pris, c’est celui de la littérature et s’il est à déplier dans la fractale d’un instant, c’est celui-là que je choisis, mais c’est un chemin abstrait, il faut faire preuve d’imagination, il n’y a pas de route et je marche seule, C’est une voie, comme on dit, et si elle est dans le sens opposé Continuer la lecture#anthologie #09 | Voie de garage

#anthologie #07 | Déficit d’inhibition

Le soir tout se passe comme si mon audition était décuplée, les sens en alerte l’invasion commence. J’entends les craquements à ma droite qui viennent de l’escalier et j’entends le crissement des petites bêtes dans l’obscurité. J’entends le vent qui agite les feuilles du tilleul dans le jardin et j’entends les éclats de voix au loin, les rideaux qu’on tire. Continuer la lecture#anthologie #07 | Déficit d’inhibition