A propos de Olivia Scélo

Enseignante. Bordeaux. À la recherche d'une gymnastique régulière d'écriture.

# Boost #05 | le cri contrapuntique

Le hiéroglyphe du cri qui prendrait souffle au fond de la conscience éveillée impose le contrepoint de son asphyxie. La fuite du son appelle le trou béant du silence qui est gouffre de naissance et de mort dans une fugue furieuse systématiquement renouvelée. Idéal dans sa forme contrapuntique, le cri ne se nourrit que de la dissonance muette qui l’impose. Continuer la lecture# Boost #05 | le cri contrapuntique

# Mardi | Médée reloaded, 3 extraits

Dans un monde tout juste en avance sur le nôtre, une femme, en retrait des maisons, à l’abri de la foule, observe une autre femme qui porte un masque à la place du visage, une seule émotion figée : la fureur. La première femme ne joue pas encore le rôle de consolatrice que doit lui imposer la société : enjoindre la résilience Continuer la lecture# Mardi | Médée reloaded, 3 extraits

Arrêter d’écrire

J’ai décidé d’arrêter d’écrire alors que je n’avais jamais cessé de commencer. Alors que je n’étais jamais allée jusqu’au bout, j’ai décidé d’arrêter l’écriture. Stopper le mouvement. Laisser l’écrit en suspens. J’ai décidé d’arrêter d’écrire pour voir ce que le mouvement d’écriture laissé en suspension pouvait apporter de lui-même. J’ai rendu à mon travail d’écriture sa liberté ; j’ai abandonné les Continuer la lectureArrêter d’écrire

Si j’étais écrivaine

Si j’étais écrivaine, j’inventerais des récits de vies à partir des vestiges trouvés dans les brocantes le dimanche matin. Je pense aux papiers – lettres, cartes postales, photographies, factures, ordonnances, tickets de cinéma etc. – que l’on trouve rassemblés dans une boîte à chaussures. Je me dis que la personne qui a vidé l’armoire, la commode, le bureau, qui a Continuer la lectureSi j’étais écrivaine

#mardis #05 | espace frontière

Le tunnel entre Aragnouet et Bielsa est un espace transfrontalier. Le tunnel n’est pas la frontière, il est la possibilité du franchissement de la frontière naturelle qu’est la montagne, la chaîne des Pyrénées, la limite. Franchir le tunnel, traverser la frontière, c’est passer de la France à l’Espagne, descendre de 1821 mètres à 1664 mètres, rouler sur la RD173 et Continuer la lecture#mardis #05 | espace frontière

#mardi #02 | portes

Portes anciennes en bois massif aux verrous de porte en forme de clé aux moulures dessinées en rectangle parfaits sillons et reliefs sculptés dans le bois portes lazurées veinées de lignes en zigzag et boutons de porte ronds lourds et chauds au creux de la main dessinés en spirale d’escargot parfois portes lourdes en chêne brut aux mécanismes d’un autre Continuer la lecture#mardi #02 | portes

#mardi #01 | chambres

Qu’est-ce qui s’ancre dans la mémoire quand on a dormi dans une chambre ? Le plus souvent, chez moi, la fixation se fait sur un point particulier d’attention (une sorte de punctum photographique) qui engendre un sentiment de malaise. Dormir ailleurs que dans ma chambre, sortir de l’espace quotidien, est toujours une expérience d’inquiétante étrangeté. Je cherche le fragment de lieu, Continuer la lecture#mardi #01 | chambres

#écopoétique #10 | Recherches préalables pour parler d’une pierre

– Recherche étymologique pour commencer : petra, ae, f : roche, roc, rocher ; nom préféré à lapis, -idis, m : pierre. Gardé pour lapider, lapidation. On jette des pierres. Les pierres sont des armes. Trop à risque de hors sujet. – Recherche sur internet pour identifier une certaine pierre offerte il y a vingt-cinq ans. Jamais posée de question, jamais rien cherché. Il était Continuer la lecture#écopoétique #10 | Recherches préalables pour parler d’une pierre

#écopoétique #09 | Au milieu de la lande avec Mercier et Camier

Le voyage de Mercier et Camier, je peux le raconter si je veux, car j’étais avec eux tout le temps. Je peux raconter la fin du voyage à travers la lande d’Irlande, la disparition dans la branche droite de l’arbre pour Camier, la disparition dans la branche gauche de l’arbre pour Mercier. Pourtant ils n’avaient pas envisagé cette issue un Continuer la lecture#écopoétique #09 | Au milieu de la lande avec Mercier et Camier

#écopoétique #08 | se perdre dans le monde

Jusqu’au bout du chemin, je rejoins le fond du val ce matin. Je dis que je suis prête à me perdre, à m’en remettre aux forces vives de la nature, à me livrer au monde. Je voudrais glisser dans la mue du vivant, gagner l’au-delà des crêtes, me fondre dans la géométrie infaillible de la montagne qui me fera toujours Continuer la lecture#écopoétique #08 | se perdre dans le monde