A propos de Pedro Tarel

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#été2023 #07 | Tenir

Ça y est, la vielle est partie, montée sur sa bicyclette, elle souffle déjà. Comme pour mieux ventiler ses narines qui se pincent à chaque inspiration, elle rabat la lèvre inférieure sur la lèvre supérieure. Elle souffle, elle sue déjà, de la sueur mouille son front et colle quelques mèches de cheveux. Elle ne sait pas aller lentement, elle ne Continuer la lecture#été2023 #07 | Tenir

#été2023 #06 | généalogie de l’argent

Chez la mère Morel, la vieille veillait à ne laisser aucune ardoise. Elle achetait ce que son jardin ne produisait pas ou ce qu’on ne lui payait pas en nature contre les petits services qu’elle rendait dans tout le village et qui constituaient la base de ses revenus. Le curé lui faisait aussi distribuer le bulletin paroissial. On connaissait la Continuer la lecture#été2023 #06 | généalogie de l’argent

#été2023 #05 bis | Écrire en Harlequin

Tu pensais supprimer la vieille. Écris plutôt ce que tu as vu, écrit et raturé aussi sec. Ça vaudra mieux que tes histoires de quasar et d’oignons. Écris ce que tu as vu, captif, dans le manche de la poêle à frire où Delphine a sciemment laissé brûler des oignons. Écris : un visage aux yeux vides et sans dents. Le Continuer la lecture#été2023 #05 bis | Écrire en Harlequin

#été2023 #05 | Recours à l’oignon

Un producteur d’oignons C’est quand même une drôle de question, qu’est-ce que j’en sais, moi ? Mes oignons sont peut-être bien plus secs cette année, ça, c’est possible parce qu’on a manqué d’eau. Mais le type a l’air de penser qu’ils sont défectueux, qu’ils seraient anormalement secs, que c’est pour ça que sa femme aurait foutu le feu à la cuisine, Continuer la lecture#été2023 #05 | Recours à l’oignon

#été2023 #04 bis | Les solitudes

1. Dans la nuit de samedi à dimanche, un ballon gonflé à l’hélium s’est échappé des mains d’un enfant. Il parcourt la nuit. 2. Dans la nuit de samedi à dimanche, on sait que les canapés ne sont jamais assez confortables devant le divertissement à la télé et que les mobylettes qui vont au bal sont des guêpes qui traversent Continuer la lecture#été2023 #04 bis | Les solitudes

#été2023 #04 | Scénario pour un lendemain

Chamane nous a donné rendez-vous au pied du mont Talusse. On doit y célébrer la nuit qui remue, celle des grandes agitations cosmiques selon Chamane. C’est Coyotte qui m’a emmené dans sa 205 pourrie. Coyotte est manifestement nerveux, il m’a expliqué ce que ça représentait, une insurrection, une révolte, un maquis ! Contre quoi ? Pour moi c’est encore assez flou, mais Continuer la lecture#été2023 #04 | Scénario pour un lendemain

#été2023 #03 bis | Le père, la fille, la sainte et la vieille.

L’une nettoie le fond des vases, tandis que les trois autres semblent l’ignorer. Une pellicule gélatineuse et malodorante a souillé le fond des vases. Il s’agit pour l’une de nettoyer cela sans attendre, tandis que les trois autres organisent la cérémonie qui se tiendra dans ce lieu. L’un parle aux deux autres d’une voix douce et expérimentée, tandis que celle Continuer la lecture#été2023 #03 bis | Le père, la fille, la sainte et la vieille.

#été2023 #03 | La peau tannée

Comme je l’ai dit, la vieille, on ne l’aurait jamais appelé comme ça, mais qu’elle soit tordue et sèche sous la terre, ça ne colle pas avec les noms qu’on lui donnait, les noms que lui donnaient ses petits-enfants Madilou, Mamina, Mamou, Momone, Maminette, Mamily, Mamoune, Mamilo, Mamouli, Mamouchette, Mamido, Mamouchka, Mimounette, Mamilou, Mamema, Mémoune il semble qu’on lui en Continuer la lecture#été2023 #03 | La peau tannée

#été2023 #02bis | Rue Beauséjour

Soda, crachats, chewing-gum, le trottoir colle, et ça commence sur le pont, sur le fleuve nommé Têt, en vrai pas même un ruisseau, et ça collera jusqu’à la maison de la vieille, au numéro 13 de la rue Beauséjour, perpendiculaire à la rue Beausoleil, parallèle à la rue du Printemps. Ce qu’il faut retenir du pont, c’est l’odeur forte d’égout Continuer la lecture#été2023 #02bis | Rue Beauséjour

#été2023 #02 | L’envol

La corbeille de faux fruits en plastique prend la poussière sous la télévision. Fausses oranges, fausses bananes, faux citrons. Des enfants ont mordu dedans, y ont laissé de petites ridules blanches, la marque de leurs dents. La porte-fenêtre est entrebâillée. La moquette d’un bleu passé est élimée à cet endroit. Elle fait de petits rouleaux sous les pieds. De l’eau Continuer la lecture#été2023 #02 | L’envol