A propos de Pedro Tarel

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#enfances #04 | Vocation

La boîte de Pulmoll rouge cachée derrière les bouquins, l’avaler toute entière. Croquer chaque pastille, en faire du caramel qui colle aux dents. Se dire que cela rendra malade, forcément. Dire, d’une voix neutre : je me sens pas bien. Avoir entendu qu’un virus circulait, qu’ils tombaient tous comme des mouches, les enfants. Alors, rester allongé dans son lit, des Pulmoll Continuer la lecture#enfances #04 | Vocation

#enfances #03 | Action ou vérité

Saute. Ils ont tous sauté. La peur me donne envie de pisser. Je peux pas sauter. Je sais pas sauter, ni glisser sur un toboggan, ni… faire claquer le soutif des filles, ni les éclabousser à la rivière… quand elles se fâchent, je crois que c’est pour de vrai. Sauter, s’écraser. Où ça s’arrête quand on tombe ? Je vois bien Continuer la lecture#enfances #03 | Action ou vérité

#enfances #02 | un coffre parmi les autres

À l’enseigne du Soldeur Bressan, l’enfant évolue dans les odeurs de bougies parfumées, d’encens et de produits ménagers. Ses doigts caressent les plastiques colorés. Ils effleurent les plantes artificielles et appuient sur les mousses synthétiques. Il cherche là, tandis que sa bicyclette chauffe sur le gravier du parking, à dépenser son argent de poche. Et d’y retourner rend l’objet désirable, Continuer la lecture#enfances #02 | un coffre parmi les autres

#enfances #01 | Tête de Titus, M. Deguin, les vieux.

Titus était le nom du chien. Son propriétaire, je ne m’en souviens pas. Il devait être plombier ou électricien (enseigne Butagaz, ours bleu souriant). Il valait mieux ne pas croiser Titus. Il se disait des choses. Jamais attaché, il circulait dans le village et s’en prenait aux autres chiens. Titus aurait mordu le chien de X, bousculé Mme Y. Je Continuer la lecture#enfances #01 | Tête de Titus, M. Deguin, les vieux.

#enfances #00 | Le Saldo

Derrière la tête du lit surgit le renard. C’est la marionnette d’une émission de télévision pour la jeunesse. Il a de grands yeux ronds qui ne clignent pas. Des yeux qui brillent. Sa bouche est sombre et sans aucune dent. Devant son écran, l’enfant attend qu’il ouvre la gueule. Il attend de voir la langue de tissus rouge collée au Continuer la lecture#enfances #00 | Le Saldo

#été2023 #10bis | La voix sous les ronces

Gigotte, gigotte, aboie, oh ça ! elle te va pas la tambouille à maminette, passe le sel, la ferraille, t’en as donc trop dans le gosier, gigotte donc, on va pas se gêner mon biquet, faut que je te dise. Ça démange, on le fait passer comme on peut, racle, racle, gros gravier, oh ça ! ça va pas, dis moi, poussin, Continuer la lecture#été2023 #10bis | La voix sous les ronces

#été2023 #10 | Retour au domaine

Les personnages sont de retour au domaine. La brume balaie le sol et masque leurs pas. Elle adoucit les contours du peu que le domaine offre à la vue. La brume les contient, elle s’insinue, elle cimente quand elle peut. Elle est le lien qui fait le lieu. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est chez eux. Ils ne sont pas Continuer la lecture#été2023 #10 | Retour au domaine

#été2023 #09 | Les horizons

Dès que le regard intense d’Edward Eckelby se fut posé sur elle, Delphine sut qu’elle ne pourrait résister à la présence magnétique du célèbre chirurgien. C’était une évidence aussi miraculeuse qu’un lever de soleil sur l’océan indien et aussi destructeur qu’un ras de marée. Lorsqu’elle était en sa présence, il lui semblait que sa vie d’avant n’avait été qu’un long Continuer la lecture#été2023 #09 | Les horizons

#été2023 #08 | Travail de fourmi

Depuis la porte-fenêtre, une moquette bleu clair avance par vague dans le salon. L’humidité l’a tachée par endroit et cela forme des auréoles brunes qui dessinent des formes ovales irisées de blanc. Le centre de chaque figure est piqueté de noir. Je sais, parce qu’elles apparaissent par endroit, formant des colonnes ininterrompues et résistantes à toute tentative d’éradication, que les Continuer la lecture#été2023 #08 | Travail de fourmi

#été2023 #07bis | Sentir dessous

Je n’ai pas assez parlé de l’odeur sous l’odeur. On la sent soudain, ça passe, mais c’est ça, on tourne autour d’un creux qui sent, on l’oublie aussitôt, c’était ça, on se souvient d’une odeur absente, et c’est ça qui reste. C’est, je distribue le courrier dans cette allée tous les jours, et ça peut arriver là, quand le détergent Continuer la lecture#été2023 #07bis | Sentir dessous