A propos de Pedro Tarel

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#anthologie #11 | Départ de Caen

Il faudra mettre des noms sur les choses Les lumières de la ville je sais plus ou moin. Et la nuit je sais aussi Enfin il m’est arrivé oui de rentrer à la maison de nuit L’hiver c’était tout le temps comme ça On rentrait de l’école On traversait le village Je peux dire le nombre des réverbères sur le Continuer la lecture#anthologie #11 | Départ de Caen

#anthologie#10 | Louise

Elle a dix ans. Elle est placée comme fille de ferme. On la fait dormir dans la grange. Elle redoute de traverser le petit bois à la nuit tombée en ramenant les vaches. Elle a vingt-et-un ans. Enceinte de huit mois, un éclat d’obus lui ouvre la cuisse gauche. Elle pousse sa bicyclette sur plusieurs kilomètres pour fuir les bombardements Continuer la lecture#anthologie#10 | Louise

#anthologie #09 | Rhône

alors je pose mon stylo, et, pour ne pas être tenté de renoncer, je déchire ma copie, je me lève, le siège se rabat violemment, je ne l’ai pas retenu, l’amphi prend des proportions considérables, tout le monde me regarde, sauf les besogneux dont je fais habituellement partie, eux ils suent sur leurs copies, n’osent pas lever la tête, ils Continuer la lecture#anthologie #09 | Rhône

#anthologie #08 | chez soi

M. ne quittait jamais ses gants, il chaussait des patins de velours, à ses genoux il attachait des genouillères en caoutchouc, à ses coudes des coudières faites de la même matière, et sa tête était couverte d’un épais bonnet de laine. Ses portes, insonorisées, en claquant, émettaient un souffle à peine perceptible. Ses meubles n’étaient en rien carrés ni pointus. Continuer la lecture#anthologie #08 | chez soi

#anthologie #07 | phares et réverbère

La lumière des phares s’insinue la nuit dans les vides du volet. On décèle un rythme plus qu’on ne distingue les éléments brièvement éclairés de la chambre. Lumière mobile, jaune plus ou moins blanche, qui s’annonce de loin dans l’encadrement de la fenêtre et se précipite presque soudainement sur les étagères de la bibliothèque et le long du mur jusqu’à Continuer la lecture#anthologie #07 | phares et réverbère

#anthologie #06 | tant pis

Seul n’est qu’un  oh et puis tant pis   la nappe de papier imbibée   c’était ça ou bien     où ?    est-ce que     la musique du supermarché     dans quel sens aller   qui ?    la fête foraine, l’enfant sérieux sur le manège  c’est que le début, d’accord, d’accord   la beauté ne répond   ah quoi bon    parlotte    seul n’est pas non  qu’on me touche, qu’on me caresse    Continuer la lecture#anthologie #06 | tant pis

#anthologie #05 | Grumeaux

Grumeaux, je me disperse, je m’étale, c’est une trainée de moi derrière moi. Je dis, je me livre, délivre-moi. On me lie, je m’encorde, ça se tient. En un sens, ça fait du bien. Tout serré, se rencogner, tête de pioche. Je dis, je me tais, déterre-moi. On me dénude, je prends froid, j’exténue. Je frotte et ça brille pas. Continuer la lecture#anthologie #05 | Grumeaux

#anthologie #04 | habiter

Délimiter, circonscrire, séparer. Sous les draps du lit parental, les enfants. Un dedans. Un dehors. Dedans problématique des grottes. Dehorsforêts profondes,marais sinistres,villes tentaculaires,océans déchaînés,fleuves en crues,plaines à perte de vue,sommets enneigés, Hors de chez soi, l’épreuve. Liseret bleu des collines, ce qu’il y a derrière. Lisières ou frontières. Accueillir ou repousser. Ouvert ou fermé. Et la restanque. Lutte ou accord. Continuer la lecture#anthologie #04 | habiter

#anthologie #03 | máquina

La máquina a été oubliée. Je la vois, toute inutile, dans les débris du chantier.  Máquina qui sert à quoi. À rien pour le moment. Des hommes s’en sont servi et cela a un rapport avec la construction de la maison. Puis ils l’ont oubliée. Elle leur manque peut-être. Peut-être se demandent-ils, où ? qui ? pourquoi ? Peut-être vont-ils devoir racheter une Continuer la lecture#anthologie #03 | máquina

#anthologie #02 I Volutes

Elle s’octroierait une pause dans son ménage quotidien, le temps que les sols sèchent. Assise dans un fauteuil en skaï marron recouvert d’une taie en crochet, elle allumerait sa deuxième cigarette de la matinée. Elle en savourerait la première bouffée en la retenant longuement dans sa cage thoracique puis l’expulserait en un long jet immédiatement happé par un courant d’air Continuer la lecture#anthologie #02 I Volutes