#anthologie #40 | sauter dans le blanc

Un ou une ermite, âgé, calfeutré dans sa cabane de bois. Qui n’a rien à faire de ses journées. Qui a un passé urbain. Quelqu’un de pressé qui écrit dans le métro, vite, avec une mallette pour travailler et des écouteurs sur ses oreilles. Une bulle. Qui regarde les gens en coin, un œil de pervers ? Peut-être. En tout cas Continuer la lecture#anthologie #40 | sauter dans le blanc

#anthologie #39 | tentative de mou

Je m’habille de plus en plus mou. C’est la mode du mou. Du volatile, de l’aéré, du confortable. Du à l’aise. Bizarrement le sarouel, pourtant très mou, non, ça ne passe pas. N’a jamais et ne sera sûrement jamais (sinon l’aurait déjà été), à la mode. Par contre, le pantalon coupé large d’Uniqlo, oui. Le denim coupe baggy en jean Continuer la lecture#anthologie #39 | tentative de mou

#anthologie #38 | Avant, après

Nous sommes en banlieue de Chaville. On se plaint : c’est loin, on part trop tôt, on devrait être défrayés, c’est trois heures de transport par jour, pourquoi on tourne si loin? Tout ça pour filmer une maison de banlieue, et puis une rue, et puis une autre. La journée est chargée. On n’a le temps de rien. Il faut rentrer Continuer la lecture#anthologie #38 | Avant, après

#anthologie #37 | des temps paniques

Je vis au bout de la route herbue un dos de caravane. Le lieu était censé être abandonné et d’ailleurs il l’était presque : goudron vermoulu, herbes hautes, peintures écaillées des jeux immobiles. Inertie d’un ancien parc d’attraction fermé, il faisait zoo aussi, les gérants ne prenaient pas assez soin des animaux, on leur a dit stop, on leur a dit Continuer la lecture#anthologie #37 | des temps paniques

#anthologie #36 | étiré

(entre #anthologie #06 | Mon seul et #anthologie #18 | figer) Lever le corps, de léger à lourd, de sol à plus haut, extension. Ça va vite autour, on téléphone ses rendez-vous, les épaules brusques frayent, les épaules dures claquent, le temps compte, le temps compte là aussi mais retournement lent du torse sur avenue lièvre, retournement lent du corps Continuer la lecture#anthologie #36 | étiré

#anthologie #35 | le café des aiguilles

(en lien avec #anthologie #16 | les aiguilles ) Ville : inconnue. Mais ville : immeubles, entrées, sorties, densité, passants, voitures, reflets. L’agitation de la ville contraste avec la lenteur et le presque figé du café. Le café du dehors. Le café du dedans. Deux femmes, une jeune, une vieille.  Il y a les rides, il y a les regards. Les rides Continuer la lecture#anthologie #35 | le café des aiguilles

#anthologie #34 | adjugé

Tony est le crieur. Tony est le meilleur. Une gousse d’ail de Jeannette Leroy morte en 2020, estimée cinq-dix euros, adjugée quatre cents euros. Autre mine de plomb de Jeannette Leroy, des torchons. Faut aller plus vite, ça fait deux fois, sinon il faut venir en salle. Adjugé. Paquet express, trois cent vingt, cinquante, quatre-vingt, quatre cent. Merci monsieur, quatre-vingts, Continuer la lecture#anthologie #34 | adjugé

#anthologie #33 | Salle treize

Salle treize sans lumière sinon celle artificielle des rectangles de verres, sinon celle sombre des tapis graves et des corps penchés. Une voix chargée, une voix légère, clé dans la serrure, objets précieux, ouverture de la vitrine, le temps s’ouvre, âge de la vitrine, âge de l’objet, mains habiles déshabillent le voile de protection, offrent à nu à l’autre, paume Continuer la lecture#anthologie #33 | Salle treize

#anthologie #32 | un peu Paris

Ça commence par l’ouverture du rideau de fer dans la cour. Ils sont deux à récupérer les cageots de fruits qu’ils mettent sur un diable. Ils sortent de la cour, ils passent le couloir, ils sortent dans la rue. La circulation est coupée, on refait la route, on agrandit les trottoirs, ça râle. Bruit principal des travaux : marteau piqueur géant Continuer la lecture#anthologie #32 | un peu Paris

#anthologie #31 | après je pars

Puisqu’on parle de moi, je voudrais préciser deux trois choses. On parle de moi. Pas de lui, pas d’elle, pas de lui non plus. On parle de moi mais ce moi leur est inconnu. Il faut mettre du papier bulle autour de ces assiettes, il ne faudrait pas qu’elles cassent dans le carton. Et cette lampe à pétrole pourquoi personne Continuer la lecture#anthologie #31 | après je pars