A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

#gestes&usages #02 | (3) entrer

Comme s’excusant. Le buste se penche, la tête franchit le seuil la première. Le regard balaye. S’est penchée comme s’avancer, puis se retranche, se retire derrière le chambranle. Un repli avant d’oser. Comme reprendre souffle. A bout de souffle avant l’effort (mais vas-y maintenant !) Enfin un pied s’avance, s’excusant presque, comme tâter l’eau avant d’entrer : frissonne; l’autre vient Continuer la lecture#gestes&usages #02 | (3) entrer

#gestes&usages #Echenoz (2) | Poser Pauser (posturer)

Le mercredi, les quatre mêmes: en alternance. Modèle on dit : le modèle arrive à quatorze heures. Modèle ça n’a pas de genre au préalable. Le mercredi d’avant une brune, cheveux aux fesses, montait sur l’estrade : dans les vingt ans, courte sur jambes, des hanches larges et pas de seins : Pourquoi tu dis pas son nom ? tu le sais pas Continuer la lecture#gestes&usages #Echenoz (2) | Poser Pauser (posturer)

#gestes&usages #02 | Faire cueillette – Fuir

C’est quand il survit dans le bois, oui, quand il doit y puiser sa nourriture et celle des autres : c’est quand il cueillette. Faire cueillette : chaque jour recommencer. Il n’a que ses mains, ses yeux, et ses jambes à son cou. Un nez, une bouche, des oreilles aussi, ça tombe sous le sens. C’est important les oreilles dans Continuer la lecture#gestes&usages #02 | Faire cueillette – Fuir

#gestes&usages #01 | à cause

À cause du mot couleur j’ai plongé dans les pages : Ceci est la couleur de mes rêves. Lui penché sur ses rouges serpentins… Les mots disaient le geste et le chaos de peindre. Acharnement. Grâce. Rebuffades. Ce bleu : poudre de nuage ou chiure d’oiseau rêveur ?À cause de la couleur des voyelles je suis restée la nuit sans voir. Continuer la lecture#gestes&usages #01 | à cause

#enfances #09 | … d’enfance

Oubliée la couleur des murs. Oublié le petit paravent; le renfoncement avec le lavabo. Oubliées la suspension à franges et sa lueur jaune; l’ombre en piste de cirque et le cheval à bascule; oubliées la chaise à hauteur d’enfant, la poupée sans yeux. La cour sombre en fond de fenêtre. 3m50/4m50. Cette fenêtre. Une porte. Le lit superposé je le Continuer la lecture#enfances #09 | … d’enfance

#enfances #08 | mordre cailler partir

on dirait qu’on seraitL’édredon armé de cordes en besace : des pommes, du pain, des allumettes… Dans la boîte à gâteaux les centimes dérobés sont trésor à enfouir. Jeter les nu-pieds. Pieds nus prendre le chemin : ce bout du chemin en pays lointain, là tout devant, entre arbres et broussailles : on dirait qu’on serait… « De vrais. Romanichels! »,  elle crie. Continuer la lecture#enfances #08 | mordre cailler partir

#enfances #07 | lambeau

Informe : chiffon pilou jaune duveteux tacheté ouaté. Informe carré d’étoffe sauvé in extremis : élu, choisi. Informe tiré de la panière. Arraché aux rebuts : chute ourlée, ruban galon safran avec pliure aux angles ( en triangle comme au dos d’une enveloppe) et là le fil a cédé libérant un passage. Informe avec ce petit trou dans l’angle où Continuer la lecture#enfances #07 | lambeau

#enfances #06 | Voix

Il y a des voix dans la voix. Tu le sais . Déjà tu joues avec leurs voix :  ta voix sans mots (tu t’en souviens ?) : ba-be-bi-bu-ba…  La voix venue de l’autre pièce que tu appelles à toi : sa lumière contre ta peur L’entendre ( au noir) qui rassure Voix pour la fièvre. Le dormir. Le manger. Celle qui Continuer la lecture#enfances #06 | Voix

#enfances #05 | volatile

Sa beauté plus grande que le ciel qui se penche pour te murmurer à l’oreille L’odeur de ses bras l’été et celle de l’automne qui t’enveloppe sous son manteau L’album avec une grosse tête et le corps tout petit et on te dit : c’est toi L’album avec les têtes très grosses et les corps tout petits et on te dit Continuer la lecture#enfances #05 | volatile

#enfances #04 | cloaque

Et ça ne faisait rien, pourtant : un cloaque. Comme jouer sous la pluie avec le seau plein de terre : non ce n’est rien. La boue sortie d’un coup ( Et la montagne qui se dresse acérée se penche et rit)… Non ce n’était rien … : on allait tout changer, on n’y verrait plus rien : on va tout Continuer la lecture#enfances #04 | cloaque