A propos de Nathalie Holt

voilà ! ou pas

#anthologie #39 | à peine rien

Avancer à rebours, ramener à la mémoire. Collecter, pas collectionner. Des albums de photographies ont survécu à d’autres vies que la mienne, legs involontaire avec images qui font retour : elle sur les marches de bois de la maison de bois à Quincy en Floride, lui étendant les bras quelque part au Congo et l’insupportable arrogance de son geste ; Continuer la lecture#anthologie #39 | à peine rien

#anthologie #40 | un livre, cent pages

Le genre de l’auteur fluctue comme son âge L’auteur qui écrit le matin dit que ses idées qui sont plutôt des histoires , lui arrivent en écrivant, celui de la nuit le dit aussiL’auteur du matin doit se méfier de son imagination celui de la nuit aussi Si l’auteur n’attend pas l’inspiration il entend des phrases ; elles lui arrivent brusquement Continuer la lecture#anthologie #40 | un livre, cent pages

#anthologie #38 | avec sa vue exceptionnelle

Il est probable que je me suis réveillée tôt et que j’ai regardé les bateaux, nous dormions dans un appartement donnant sur le port; il est possible que j’aie fait l’amour avant de partir pour l’opéra, c’est une façon comme une autre de se dire bonjour; que j’ai bu du thé, mangé des sardines et pris une douche en mettant Continuer la lecture#anthologie #38 | avec sa vue exceptionnelle

#anthologie #36 | plan

Elle a dit on va le ralentir ce plan. À peine. Ce sera imperceptible; on peut le faire au montage. Et lentement comme si elle même avait été ralentie, comme mimant ce qu’elle allait infuser au plan à l’écran, elle a avancé sa main vers le clavier ; une longue main – une longue main calme. C’est la première fois que Continuer la lecture#anthologie #36 | plan

#anthologie #35 | atelier

Un atelier dans une cour moderne, deux arbres dont un saule, la porte ouverte, une pièce vide : verrière et ciel par-dessus, usure des murs, dessins comme grattés avec l’ongle, lambeaux de toiles VoixSur les murs des prisons on en voyait. Ils dessinaient surtout des corps avec des sexes très marqués; obscènes Parfois ils se jetaient sur les murs comme s’ils Continuer la lecture#anthologie #35 | atelier

#anthologie #34 | fleuve

« remontant juin seule ; bleu noir du ciel tendu à blanc, une péniche passe, guirlandes By-Night ; visages, bras qui se lèvent pour saluer, rires de pont à rive arrachés à l’ombre; eaux fortes chavirées de lueurs et voix qui se touchent  » #06 Maintenant, on peut se baigner deux fois dans le même fleuveC’est nouveau çaÇa va pas durerMoi Continuer la lecture#anthologie #34 | fleuve

#anthologie #33 | chambre

Lit, vrai refuge, d’aussi près masse ouatée. Murs quatre et le corps seul. Rien qui bouge.Murs quatre blanc-craie et corps à la renverse. Vrai refuge. Lit. Livres. Feuilles volantes. Pas de bruit. Lunettes. Jour noir bleu sous verre. Bris de lumière alternatif dehors. Comme au temps de balbutiement long corps nu à la renverse. Rien qui bouge encore : œil Continuer la lecture#anthologie #33 | chambre

#anthologie #32 | plage

pas un endroit pour attacher la bicyclette; à dix-huit heures c’est une marée humaine, la mer raccourcit la plage, l’humaine la bande de sable jusqu’à l’anse : trois rangées corps contre corps, impressions orange et rouge, comme le drapeau qui flotte et donne la mesure du danger. Côté phare , un blockhaus surnage et la digue prend l’eau; voir des Continuer la lecture#anthologie #32 | plage

#anthologies #31 | remugles

Je parle d’où l’on m’a couchée un matin qu’il pleuvait, fardée, la mâchoire ceinte d’un cordon, vêtue de cette robe grise prise au magasin des indigents et chaussée : « parce qu’on ne part pas sans chaussures — bottines recousues à gros points qui m’entraient dans l’os – sous peine d’errer sans repos sur la terre », avait dit la bouche au-dessus de moi. Continuer la lecture#anthologies #31 | remugles