A propos de Nathalie Holt

Rêve de peinture. Quarante ans de scénographie plus loin, écrit pour lire et ne photographie pas que son lit.

Eau de scène(2bis)

Sur la scène l’étang est un grand sceau de fer plein d’eau. Une toile, elle penche, représente un arbre. Les spectateurs croient voir l’étang. Ils croient voir la forêt. W entre avec le couteau, il poignarde Marie. Les spectateurs croient voir le sang de Marie sur le couteau et sur sa robe. W jette le couteau dans l’eau. L’eau du Continuer la lectureEau de scène(2bis)

Eaude scéne(2)

« Petit cheval. Petit cheval », chante l’enfant sot. C’est une pièce en morceaux. Une caserne. Une place. Une chambre. Et l’orée d’une forêt au bord d’un étang. Avec un meurtre.  W tue Marie sur la scène. L’étang est un grand seau de fer plein d’eau. W voit la lune dans l’eau. W dit le couteau perdu qui l’accuse. Les spectateurs croient Continuer la lectureEaude scéne(2)

Eau de scène(1)

Lucrèce va mourir. Le viol l’a déshonorée. Elle s’avance. Elle ne contourne pas le petit bassin qui lui fait obstacle, traverse l’eau. Sa robe rouge se traine. Mouillée devient noire. L’eau s’éparpille en reflets, des murs de la scène aux murs du théâtre. L’eau entre dans leurs yeux. Lucrèce lève le couteau. Se frappe en plein cœur. Tombe longue sur Continuer la lectureEau de scène(1)

LAC

Tu vois le lac d’en haut. Comme un œil blanc au milieu de l’image. Comme l’œil crevé du chat. Il y a cette barque au milieu du lac. Une femme s’y tient assise. Sa silhouette blanche. Une vieille femme. Sa chevelure épanchée sur l’eau. Grise. La barque encalminée elle pourrait disparaitre aspirée par l’eau ; elle pourrait, emportant la femme. Continuer la lectureLAC

Lieux int dits

En me rendant au 60 de la rue Pigalle je ne pensais pas revoir la 4L blanche de ma mère ; j’imaginais plutôt y projeter Baudelaire. Une fois par mois, ma mère s’arrêtait rue Pigalle. Nous l’attendions, mon frère et moi dans l’automobile garée en double file devant le 60, ou le 62, de la rue. Elle se tournait vers nous Continuer la lectureLieux int dits

Fantômes

Quand je le croise dans la rue, il dit, qu’il marche avec eux. Il froisse sous son bras les journaux qu’il emporte toujours avec lui. — Ils sont là, ce sont des fantômes à présent, je marche avec eux, dit l’homme qui porte des journaux dans la lumière abrupte de la ville blanche. Dans quelques semaines nous nous reverrons dans Continuer la lectureFantômes

Traces

Une pierre — Un palimpseste de murs dans la lumière oblique Hier Pierre à l’aube — Le chant d’un coq Une forme arrondie, hérissée de pointes, que tu crois morte. Qui se meut. Tombe d’une marche. Foule l’herbe à petites pattes. La mort d’une bête — La trace de son silence Un trou minuscule où se glissent des mots  pliés Continuer la lectureTraces

porte rouge

C’était rue T., la porte rouge,  un peu après la rue Legendre sur le trottoir de gauche, en montant, quand vous veniez du square des Batignolles. Nous la montâmes et nous la descendîmes plus de vingt ans cette rue qui menait porte rouge : une porte à doubles battants d’un rouge franc, vermillon plutôt que laque de chine, avec ses Continuer la lectureporte rouge

Marguerite et Marie-Louise#10/5

Margo avec son nez de hérisson, ses yeux lavandes très enfoncés et sa pâleur de liseron au col serré des chemisiers rose /bleu. Elle a de petites dents régulières comme un collier de perles à jouet et sourit lèvres fermées. Ses mèches courtes sont ordonnées et d’un gris presque bleu qui va aux yeux. Les jupes coupées maison de Marguerite, Continuer la lectureMarguerite et Marie-Louise#10/5