A propos de Nathalie Holt

voilà ! ou pas

autobiographies #15 | Anna, un jeudi

Elle grimpe vers les bureaux provisoires. Plateaux obliques avec leurs règles à coulisses; labyrinthes de lignes et perspectives hachurées au marqueur. Aux feuilles épinglées sur le mur on comprend le chantier en cours: maquette plane d’une chambre où l’on ne dormira pas. Une silhouette donne l’échelle au premier plan. La date en rouge. Elle entre. Croissants crème ou bière sandwich; Continuer la lectureautobiographies #15 | Anna, un jeudi

autobiographies#14 | (2) en… suite

le premier  jour de l’enfant l’odeur de son sommeil à la commissure du cou et de l’épaule le premier matin de la nuit des amants L’AURORE de Murnau, l’aurore de Murnau l’aube de Rimbaud le cercueil qu’on redresse à la verticale pour passer entre les portes étroites et on ne sait pas bien où est la tête dans la boite Continuer la lectureautobiographies#14 | (2) en… suite

autobiographies #14 | et c’est bien

des montagnes d’ordures sur les trottoirs les feux épars (chasse aux rats ou feux de joie) de gens qui chantent en se tenant la main sous le métro aérien une mine sans charbon ni or de grandes pièces de bœuf à dos d’homme qu’on hale  les caniches et les chevaux dans le trou qui fait cirque en attendant  les bulldozers Continuer la lectureautobiographies #14 | et c’est bien

autobiographies #13 | manqué

Indomptable, ça commence là. Je m’empare des ciseaux et je coupe — Jeanne Poulbot— les nattes tombent; une frange en biseau barre mon front. Pas plus fille que garçon: Moi. « Garçon manqué », s’ils veulent dire comme ça… J’ai huit ans, je lui crie: va voir ta pute. Je l’ai crié quand il partait. Les soirs il ferme la porte derrière Continuer la lectureautobiographies #13 | manqué

autobiographies #09 | De la rue du faubourg Poissonnière à la rue d’Alésia

Elle et son frère habitaient rue du faubourg poissonnière au sixième étage; un grand appartement mansardé qui donnait sur le métro aérien. L’immeuble cernait une cour rectangulaire; trois entrées à trois escaliers. L’entrée principale pourvue d’un ascenseur se trouvait, après qu’on eut franchi la large entrée dallée, sur la gauche de la loge de la gardienne — concierge; disait-on ces Continuer la lectureautobiographies #09 | De la rue du faubourg Poissonnière à la rue d’Alésia

#12 Le placard du x rue de x qui avait grincé quand on l’ouvrait

… des vinyles: Brassens et Bach; Bach au piano; Bach au violoncelle; La passion selon …; son propre enregistrement de Pierre et le loup — entre L’élégie de Fauré et Le  requiem de mozart (l’enregistrement de Karl Böhm) ; Le Petit Poucet dans sa voix avec l’ogre en noir sur la pochette — son sourire comme une morsure—,  sur fond Continuer la lecture#12 Le placard du x rue de x qui avait grincé quand on l’ouvrait

autobiographies #11 | manières (d’êtres habillés)

Les trois stylos de la poche poitrine, une tache d’encre marque la couture inférieure ; la veste en lainage anglais« Old style » sur la chemise jean délavée. La pointe rouge d’une décoration, comme un pins, au revers du col; le velours alezan brun roux clair du pantalon, les tennis —11 taille américaine— avec l’accroc qui s’effiloche à la pointe du pied droit, Continuer la lectureautobiographies #11 | manières (d’êtres habillés)

autobiographies #04 | 1992196519831977196920111994

1992 octobre boulevard de Port Royal – une toute petite chambre – jaune – du bout d’un couloir – roulement – charriot – cris comme oisillons – autres voix et café brûlé – quelque chose de féroce – dans le ventre ce n’est pas la faim.  1965 juin Lusignan – porte avec une grande serrure – clé au bout d’une Continuer la lectureautobiographies #04 | 1992196519831977196920111994

#autobiographies #10 | elle, là et le ciel

Elle ne sait pas qu’elle crie. Elle ne sait pas qu’elle voit le ciel. Elle ne sait pas que ce sont des bras qui la portent; elle n’y pense pas. Elle aime l’odeur de ces bras dont elle ne sait rien; elle aime le creux doux chaud qui maintient sa tête. Elle entend des sons. Elle ne sait pas que Continuer la lecture#autobiographies #10 | elle, là et le ciel

autobiographies #08 | Dimanche et le hangar à poules.

C’étaient les gouters dîner du dimanche autour de la table de la salle à manger; cette table trop grande pour la pièce; cette pièce trop petite pour contenir tant de monde; tant de chaises ; les paille et bois; les lourdes à montant chantourné; les pliantes en métal; toutes branlantes ; en moyenne cinq adultes et six enfants, souvent plus, autour de Continuer la lectureautobiographies #08 | Dimanche et le hangar à poules.