A propos de Nathalie Holt

voilà ! ou pas

#enfances #07 | lambeau

Informe : chiffon pilou jaune duveteux tacheté ouaté. Informe carré d’étoffe sauvé in extremis : élu, choisi. Informe tiré de la panière. Arraché aux rebuts : chute ourlée, ruban galon safran avec pliure aux angles ( en triangle comme au dos d’une enveloppe) et là le fil a cédé libérant un passage. Informe avec ce petit trou dans l’angle où Continuer la lecture#enfances #07 | lambeau

#enfances #06 | Voix

Il y a des voix dans la voix. Tu le sais . Déjà tu joues avec leurs voix :  ta voix sans mots (tu t’en souviens ?) : ba-be-bi-bu-ba…  La voix venue de l’autre pièce que tu appelles à toi : sa lumière contre ta peur L’entendre ( au noir) qui rassure Voix pour la fièvre. Le dormir. Le manger. Celle qui Continuer la lecture#enfances #06 | Voix

#enfances #05 | volatile

Sa beauté plus grande que le ciel qui se penche pour te murmurer à l’oreille L’odeur de ses bras l’été et celle de l’automne qui t’enveloppe sous son manteau L’album avec une grosse tête et le corps tout petit et on te dit : c’est toi L’album avec les têtes très grosses et les corps tout petits et on te dit Continuer la lecture#enfances #05 | volatile

#enfances #04 | cloaque

Et ça ne faisait rien, pourtant : un cloaque. Comme jouer sous la pluie avec le seau plein de terre : non ce n’est rien. La boue sortie d’un coup ( Et la montagne qui se dresse acérée se penche et rit)… Non ce n’était rien … : on allait tout changer, on n’y verrait plus rien : on va tout Continuer la lecture#enfances #04 | cloaque

#enfances #03 | caché au hasard

Perdu. Grimpé dans l’arbre surplombant la rive là où dorment les chalands. Et il y a ce chien laissé au cou : il geint. Perdu. Caché. Par défi. Par jeu pour se fondre… On me cherchera. ( je voudrais pas )A l’heure des haleurs se terrant. Jouant être l’arbre ou né de lui, se serrant pour faire corps, humant la Continuer la lecture#enfances #03 | caché au hasard

#enfances #02 (3) | les colis kraft qu’elle recoit ficelés du bazar de l’hôtel de ville et on attend qu’elle déchire le papier pour s’exclamer

Les grands ciseaux de cuisine pour couper la ficelle; le scotch de la couleur du papier d’emballage (un peu plus foncé peut-être… une ou deux valeurs) qui cache les toiles à peindre toutes préparées qu’elle a reçues du Bazar de l’hôtel de ville … avec son ongle elle gratte pour soulever un coin du scotch, elle tire doucement (comme enlever Continuer la lecture#enfances #02 (3) | les colis kraft qu’elle recoit ficelés du bazar de l’hôtel de ville et on attend qu’elle déchire le papier pour s’exclamer

#enfance #2|2 | la boite à foulards et le miroir Brot

La boîte en carton dans le tiroir de la grande armoire ; sa boîte à foulards au parfum d’arpège : soie, mousseline et crêpe … arabesques et volutes de l’armoire monumentale dans le paysage ivoire de la chambre : tu l’entrebâilles, un parfum s’évapore – A r p è g e c’est le nom écrit sur le flacon elle te l’a Continuer la lecture#enfance #2|2 | la boite à foulards et le miroir Brot

#enfances #02 | couleurs en boîte

La boîte Caran-d’Ache aux crayons qui « s’aquarellent », posée sur la planche à dessin du bureau de ton père, (tu as la tienne en petit avec les  bâtonnets pastels qui se diluent ); cette boîte en fer avec un lac et des montagnes sur le couvercle – on dirait le paysage d’Heidi dans ton livre.  Ca-ran-d’ache-Pri-malos-Swit-zer-land (oh! Swift et Gulliver mais c’est Continuer la lecture#enfances #02 | couleurs en boîte

#enfances #01 | Et deux font trois même quatre …

Une princesse La princesse attend dans le grand salon, annonce l’homme dès l’entrée. Une princesse : une promesse. Un livre à ouvrir. Un palais. Un joyau. J’imagine le diadème posé sur la blondeur, la pâleur, l’azur de la robe… Une vraie princesse attend d’être découverte… « Enfin ma chérie!  tire sur ta robe ton jupon dépasse ». Une camisole de volants enserre mes hanches. Continuer la lecture#enfances #01 | Et deux font trois même quatre …

#enfances #00 | noirs

Il pleut. Quelques gouttes sous les pins. Là-haut le ciel est bleu. La terre est molle. Dans les sandales entre les orteils des boudins noirs se forment : comme des vers. Les ongles qui ont raclé la terre sont noirs, avec une petite pelle elle fouille le sol, gratte et creuse ; l’air fait danser les feuilles et briller les gouttes comme des Continuer la lecture#enfances #00 | noirs