A propos de Nolwenn Euzen

blog le carnet des ateliers amatrice de randonnée (pédestre et cycliste) et d'écriture, j'ai proposé des séjours d'écriture croisant la marche et l'écriture, et des ateliers deux livres papiers et un au format numérique "Babel tango", Editions Tarmac "Cours ton calibre", Editions Qazaq "Présente", Editions L'idée bleue revues La moitié du Fourbi, Sarrasine, A la dérive, Contre-allée, Neige d'août, Dans la lune...

écopoétique #10 | notes qui roulent n’amassent (à propos de pierres)

  • Une pierre au temps long pour mon temps humain, pourtant la pierre a coupé court au temps colossal de la roche dont elle émerge, donc je peux penser à la pierre comme du temps court –
  • Pierre qui roule n’amasse pas mousse. C’est par l’instabilité de la pierre que nous vient sa morale. Ce défaut de permanence comparativement à la roche la rapproche de la cigale, son sévère défaut : chanter au lieu d’assurer sa stabilité –
  • Dans les itinéraires difficiles sans autre repérage possible, les pierres servent de balises. Les marcheurs et marcheuses débusquent leur passage de kern en kern. Le mot breton désigne la cime, le sommet, ou la pointe. L’amas de pierre tenant en équilibre, les marcheurs, marcheuses, j’y tiens, jouent un jeu de mikado en essayant de poser sur le tas une pierre supplémentaire sur le sommet du kern. C’est même parfois un château de carte plutôt qu’un jeu de mikado.
  • Les pierres peuvent simplement être jetées à terre pour conserver une trace éphémère. Quand les applications GPS tracent nos déplacements, elles renvoient à cette technique du Petit Poucet ou aux animaux pisteurs qui s’orientent à l’aide de leurs traces, et plus lointainement à notre développement cérébral : nous avons commencé à penser par l’intermédiaire d’une représentation abstraite de la trace parce que, debout, nous n’avions plus la possibilité de sentir nos tracés.
  • A l’âge de pierre nous n’avions que la pierre pour travailler et nous battre. Il nous a fallu plus de deux millions d’années pour fixer ces pierres sur des hampes de bois. Nous tenons un outil dans la main : nos outils « lithiques » relatifs à la pierre.
  • L’époque néolithique est l’âge de la pierre polie. Nous ne sommes plus des pierres qui roulent de campement en campement, nous nous sédentarisons et nous polissons nos pierres. Nous récoltons sur l’espace où nous avons planté plutôt que cueillir dans les arbres, arbustes et plantes qui nous entourent. Nous écrasons des graines, nous pétrissons des pâtes et nous pétrissons des pots en terre qui ressemblent à la pierre.
  • Entre la pierre et la terre : un ancêtre commun, la roche. La pierre s’en est séparée dans un petit morceau dur, la terre elle s’est ameublie. L’une abrite des composants, l’autre des habitants : insectes, organises souterrains, eau, air. La pierre est un ventre de minéraux, la terre une langue de vie.

écopoétique #09 | Petit éloge de la profondeur

Petit éloge de la profondeur mais laquelle ? Celle de l’infiniment petit invisible à l’œil nu, celle, cachée derrière une membrane cellulaire, la profondeur d’une nervure de feuille, d’un vaisseau sanguin, du filament souterrain d’une racine ? Chaque plante à nos côtés sur le trottoir, sur le bord de nos circulations, les plantes communes, celles dont on se fiche la plupart Continuer la lectureécopoétique #09 | Petit éloge de la profondeur

#écopoétique #08| quitter Paris par les berges

Pour cette 8ème proposition du cycle, je reprends des notes prises lors d’un itinéraire à vélo que je m’étais donné de réaliser comme un défi personnel et qui consistait à quitter Paris à vélo depuis mon domicile en suivant les berges. Plus précisément, je ne partais pas de Paris mais de sa proche banlieue est. D’où un itinéraire passant par Continuer la lecture#écopoétique #08| quitter Paris par les berges

#écopoétique #07 | ni fourchette ni bitume

ni chambre ni élection ni fusée ni lotissement ni fuel ni hamburger ni combustible ni ketchup ni Fake news ni kangourou ni loup ni aigle ni cloporte ni fourmi ni fourrure ni rue ni courant ni débit ni conteneur ni conserves ni smartphone ni ours ni tech ni phoque ni écran plasma ni IA ni âne ni chat ni chien Continuer la lecture#écopoétique #07 | ni fourchette ni bitume

#écopoétique #03 | un jardin sur le néant

Jardin potager de la Ferme du bonheur Les jardins improbables – nés en terrain hostile ils ont réussi à surmonter d’innombrables obstacles pour être là, avec parfois quelques buddléias, ronces, chardons, quelques vergerettes du Canada, des graminées… Parfois une simple pousse de pissenlits coincée dans la fente entre le mur vertical d’un bâtiment et le commencement du trottoir, avec l’écoulement Continuer la lecture#écopoétique #03 | un jardin sur le néant

#écopoétique #04 | paysages écocides, paysages du dé-goût ? paysages – égout

« Et peut-être tu te rends compte de la défaite des sens, déjà. Je me promène dans un paysage et je n’y reconnais rien de ce qu’il est. Je crois que je l’aime parce que je le rapporte à ce que je connais déjà. Des sensations de vacances, des îlots d’enfance, les vignes qui s’alignent sur la terre blanche, ma mère Continuer la lecture#écopoétique #04 | paysages écocides, paysages du dé-goût ? paysages – égout