#anthologie #25 l Odeurs

Les odeurs sont évanescentes. Comment écrire, c’est à dire fixer, l’évanescence ? Je ne sais pas. Il me semble qu’il n’y a pas grand chose à dire de l’odeur en tant que telle. L’odeur ne peut produire des mots que par ce qu’elle évoque, l’objet ou le corps dont elle émane, le contexte dans lequel elle est apparue, ce à quoi Continuer la lecture#anthologie #25 l Odeurs

#anthologie #24 l Ashley dort

Après l’alcool, Ashley endormi voyageait dans les limbes. Je me penchais sur sa parfaite immobilité et j’attendais un signe de vie. Les premières secondes, rien ne se passait. Le torse, les narines, rien. J’attendais, les yeux fixés tantôt sur la poitrine, tantôt sur le visage. Je ne pensais rien, je guettais. Au bout d’un temps, un tremblement infime du torse, Continuer la lecture#anthologie #24 l Ashley dort

#anthologie #17 | L’Espace de la loose

21 août 1996 Nous sommes assis Michel Houellebecq et moi sur l ‘un des hauts tabourets du bar de nuit, à l’Espace des Possibles (c’est le dernier été avant la parution des Particules élémentaires, Houellebecq n’est pas encore persona non grata dans ce lieu qu’il décrira bientôt comme un baisodrome ésotérique). Michel et moi regardons les danseurs évoluer sur la piste, Continuer la lecture#anthologie #17 | L’Espace de la loose

#anthologie #17 I Love on the beach

Elle est étendue sur la plage, les jambes repliées, les yeux fermés. Il est assis à côté d’elle et il regarde la mer – puis elle – puis la mer. Il y a du temps qui s’écoule, plus lourd à mesure qu’il s’écoule. Il regarde de moins en moins la mer et de plus en plus il la regarde elle. Continuer la lecture#anthologie #17 I Love on the beach

#anthologie #23 | La femme sous mes pieds

Il y a sous mes pieds, juste sous la surface, une moi tête en bas qui vit ma vie à l’envers. Pendant que j’écris, elle danse ; pendant ma douche, elle se jette dans la boue avec des cris de joie ; pendant que je mange, elle fait jaillir de son corps toutes sortes d’effervescences colorées ; pendant que je parle, elle éructe Continuer la lecture#anthologie #23 | La femme sous mes pieds

#anthologie #22 l Lidl et un bassin

Au lidl ce matin il n’y avait pas :de pain aux noix (rupture de stock)de biscuits épeautre sésame bio sondey (rupture de stock)de maillot de bain adulte (?)d’energy drink strong kong sans sucres (ils n’en font plus (ça m’énerve)) Il y avait :une dame qui squattait la machine à couper le paindu pain aux grainesdes salades iceberg qui se conservent bien en Continuer la lecture#anthologie #22 l Lidl et un bassin

#anthologie #20 l La femme à la tunique orange

Tu es tellement ridée que même ton nez est ridé. Cheveux blancs attachés lâches, des mèches folles. Tu me regardes par en dessous, la tête légèrement courbée dans une attitude de défaite. Je zoome sur tes yeux avec la loupe de l’ordinateur et je m’aperçois que non, tu ne me regardes pas, tu ne regardes rien, tu n’offres plus ton Continuer la lecture#anthologie #20 l La femme à la tunique orange

#anthologie #19 | Le jean rouge

Le jean rouge tout juste à ma taille mais plus à ma taille après un bon repasTous les jeans prescripteurs / proscripteurs qui l’ont suiviLes filles sur papier glacé – je découpais les plus belles et les patafixais au murLa belle Angélique et ses jeans moulants dans la cour du collègePhoto de classe à aqualand : je cache mes cuisses derrière Continuer la lecture#anthologie #19 | Le jean rouge

#anthologie #14 | On n’est plus chez soi

On n’est plus chez soi. Pas plus tard qu’hier, je sors de mon bain, et voilà qu’un turc me tend ma serviette On n’est plus chez soi. En voilà un autre, mais plutôt chinois, qui émerge essoré du tourbillon de mon évier On n’est plus chez soi. Flairant sa pâtée, mon chien Astérix, qui fréquente mal, m’a informée avec des Continuer la lecture#anthologie #14 | On n’est plus chez soi

#anthologie #12 l Benares Ushuaïa Tombouctou

Benares. Après l’averse, je fais des vols planés sur les bouses de vache. Dans la ruelle en pente, les locaux, le pas sûr, ont l’oeil taquin, par en dessous. Benares la ténébreuse n’est pas faite pour les oies blanches. Oie blanche au cul crotté, je m’accroche niaisement à la ville rêvée. Ushuaïa. Je sors de l’avion étourdie par le choc Continuer la lecture#anthologie #12 l Benares Ushuaïa Tombouctou