A propos de Muriel Boussarie

Je travaille sur un chantier d’écriture au long cours et j’espère avoir assez de souffle pour le mener à terme. L’intuition de ce projet a surgi ici, dans un atelier du Tiers Livre. Il était question de se perdre dans la ville. Comme je ne voulais pas suivre une piste trop autobiographique, j’ai délocalisé l’errance en la situant dans la ville de K., un avatar de Hong Kong qui m’avait tant fascinée. Alors un personnage, un homme, Tu, toujours interpellé, est immédiatement apparu dans une rue de K. où il s’était égaré. Malgré cette entrée en matière – très forte pour moi – je n’ai pas pensé au départ écrire une histoire, encore moins un livre. Mais je voulais écrire, rêver un univers, celui de K. Quelques textes ont ainsi vu le jour sur mon blog. Puis lors d’un nouvel atelier de François Bon, un fil d’histoire plus précis s’est ébauché : le départ de Tu et L. vers les îles pour fuir la dictature qui sévit à K. À ce moment-là s’est déclenché un grand désir de narration. Beaucoup de choses se sont précisées au fil de l’écriture, bien des personnages sont apparus… Et régulièrement j’utilise des consignes de l’atelier comme pistes pour développer mon récit.

#été2023 #07bis | l’odeur-fantôme

Elle colle son nez à l’épaule pour renifler son aisselle. S’est isolée dans les toilettes, a retiré sa veste, dégrafé sa chemise. Elle renifle l’autre aisselle, aspire sa moiteur aigre de bergamote. Elle renifle aussi le creux des coudes, l’intérieur des poignets, sur les veines la senteur estompée d’une goutte de parfum. Ce n’est pas ça, l’odeur qu’elle cherche, l’odeur un peu brûlée qui affleure Continuer la lecture#été2023 #07bis | l’odeur-fantôme

#été2023 #07 | nu de L.

    frottant, savonnant membres, saillances, creux, renflements, fentes, cavités      savonnant de nouveau la peau lisse satinée     la frottant rudement      impossible effacement      la sensation du shampoing liquide sa fraîcheur sur le cuir chevelu malaxé par les doigts      Continuer la lecture#été2023 #07 | nu de L.

#été2023 #06bis | la beauté du chiffre

mon corps compte sans arrêt      514    515    516    517    518    519    520    521      seconde après seconde      527   528   529 530    531      il compte le temps qui coule     610    611   612    613      il est le Temps qui bat      1001   1002    1003    1004    1005      allongée dans la pénombre je sens mon cœur      égrener les secondes Continuer la lecture#été2023 #06bis | la beauté du chiffre

#été2023 #06 | la chemise blanche

Un chat porte-bonheur en porcelaine pour amasser les pourboires. Le bruit des pièces qui en tombant par la fente heurtent l’émail ou le métal d’autres pièces. Avec le bouchon qui s’ouvre difficilement, l’impression que l’argent se gardera plus longtemps. Qu’il servira dans les jours fastes à aller boire un verre avec les amies et les jours moins fastes à combler Continuer la lecture#été2023 #06 | la chemise blanche

#été2023 #05bis | Song, Song, Song et Song

          Non je ne connais pas le Professeur Song, je connais sa femme, ce qui n’est pas la même chose vous en conviendrez, au demeurant une très gentille femme qui garde régulièrement mon bébé lorsque j’ai des rendez-vous médicaux par exemple ou des courses à faire trop longues qui fatigueraient le bébé avec cette chaleur. Vous comprenez je n’ai pas de Continuer la lecture#été2023 #05bis | Song, Song, Song et Song

#été2023 #05 | ce qui déborde

Il y a ce moment-là, enfin, où il leur fait signe, un petit sourire, son menton qui approuve, il est toujours penché sur le corps en crise de son pote, une tempête qu’il a pu contenir tant bien que mal sur le matelas posé à même le sol, et même si tout est encore soubresauts, sanglots et cris qui ressurgissent Continuer la lecture#été2023 #05 | ce qui déborde

#été2023 #04 | surimpressions

Peau de fleurs fraîches à peine écloses, des pétales blanc rosé et un cœur rouge d’où jaillissent de longues étamines. Elle entre dans la Cour des peintres, des graveurs & calligraphes, elle se dépêche, l’après-midi est déjà avancé, elle voulait venir beaucoup plus tôt pour présenter ses nouveaux tableaux, elle aimerait bien connaître les avis de ses camarades sur sa Continuer la lecture#été2023 #04 | surimpressions

#été2023 #03bis | 1, 2, 3 et 4

Elle se rassied. Sourit. Retourne ses dominos laissés face contre table. Appelons-la 4 puisque c’est elle la quatrième que les autres attendaient pour reprendre le jeu (on pourrait aussi l’appeler 1 puisque c’est par elle que l’on commence mais restons à 4 c’est bien). Continuer la lecture#été2023 #03bis | 1, 2, 3 et 4

#été2023 #03 | Mirna & co

Comme je l’ai dit ou plutôt écrit, il y a cette chaise vide à la table où se joue une partie de dominos et trois femmes qui attendent le retour d’une quatrième pour continuer à jouer. La quatrième c’est elle, c’est Mirna. Celle qui habite la petite maison coincée entre deux tours chez qui les trois autres femmes sont venues passer l’après-midi. Continuer la lecture#été2023 #03 | Mirna & co

#été2023 #02bis | survivance

        laissant en arrière le brouhaha du marché pour filer en diagonale vers le fond de l’esplanade aboutissant sur l’avenue avec l’afflux incessant de vélos, de vieilles mobylettes, de pick-up chargés de sacs et quand ils freinent au feu les grincements, les cliquetis des sonnettes, les klaxons, parfois des injures         Continuer la lecture#été2023 #02bis | survivance