A propos de Marie-Caroline Gallot

Navigue entre lettres et philosophie, lecture et écriture.

#P9 Au nom du père, du fils, du singe et du vélo.

A vue d’œil le format est de quatre centimètres sur six, ou peut-être un peu moins. Comme les photos qui sortent du Polaroid®, c’était possible, mais on ne peut pas sortir la photo pour vérifier la date et voir si cela coïncide avec ce qui est écrit sur Wikipédia à propos des Polaroid®, ni savoir quel serait le modèle de Continuer la lecture#P9 Au nom du père, du fils, du singe et du vélo.

#L8 Volets

Les filles du coin ne ferment pas les volets pour dormir, parce qu’elles aiment être réveillées par le jour, ne pas traîner au lit, fermer les volets serait s’enfermer un peu plus dans le coin et risquer de louper le jour, la rosée, les premiers oiseaux, avant que les tracteurs ne passent, quand on n’entend que les vaches qui meuglent Continuer la lecture#L8 Volets

#P8 le pendu

Tu étais mort à cause de la mine. Pas plus de détails. Histoire de famille bien concave. Alors l’envie de creuser, pioches, pelles, pics, lampes à huile. Connaître ton corps d’aïeul, ce corps d’ailleurs, jamais connu, juste pendu. Salle des pendus, ironie du sort. Vestiaires de ta vie. Il ne reste qu’une immuable photo sur le meuble Mado. Jamais un Continuer la lecture#P8 le pendu

#L5 Fendre.

La langue coupe là où ça fait mal, comme sa hache fend le bois, mécaniquement, elle résonne à intervalles réguliers, plus personne n’y prête attention, horloge sauvage, il n’y a qu’en partant du coin qu’on réalise qu’elle existait, que la langue avait tranché, qu’il fallait écouter, qu’on aurait pu penser la taille des bouts de bois, se figurer la manière de Continuer la lecture#L5 Fendre.

#L4 | Sentimenthèque en désordre, avec ou sans sel.

D’Annie Ernaux, comment dire le père du bout des mots et la femme au bout de soi. De Søren Kierkegaard, le choix pour la vie d’esthète et les ruptures de fiançailles. D’Edgar Hilsenrath, la langue qui coupe là où ça fait mal dans les histoires de fils de pute. De Pierre Michon, les phrases qui s’imposent comme des épiphanies en Continuer la lecture#L4 | Sentimenthèque en désordre, avec ou sans sel.

#P6 Ouvrir la fenêtre sur les pédiluves

Dimanche  Il faudrait laver la voiture. La tâche d’essence mange la peinture. Égoutter le pistolet, compter les centimes gaspillés par la négligence et l’absence d’envie de prendre soin de cet instant où l’on remplit le réservoir. Les pieds glissent sur les pédales. Les mains sur le volant , il faudrait utiliser des gants, il y en avait, à disposition des Continuer la lecture#P6 Ouvrir la fenêtre sur les pédiluves

#P5 | Point corps.

Point effleuré. Point fleur. Point de soi. Pointe de soi. Lieu si minuscule qu’il n’existe pas sur les cartes corps. Passage permis, bref mais retentissant. Corps perdu retrouvé, ramassé, retendu, revenu, depuis l’unique point enfin remué. Doigts furtifs, déjà disparus, qui laissent après leur départ les traces du passage, appliqué et précis. Paradoxe de la durée. L’instant se fait écho Continuer la lecture#P5 | Point corps.

#L3 | Chemise blanche

Voisine.
Sa chemise est repassée. Je me demande si c’est lui qui repasse ses chemises. Oui ça se fait. Des hommes. Maintenant. On aurait pas eu idée. Impeccablement. Méticuleusement. De la même façon qu’en ouvrant le verrou, comme pour ne pas l’abimer. Venir ici en chemise blanche repassée, boutons de manchettes et tout. On n’aurait pas idée. J’ai mal aux jambes, l’infirmier doit passer, nouveaux bas de contention. Bien longtemps que je n’ai plus rien repassé. A quoi bon ?
 
Plâtrier peintre.
J’ai repeins sans poser de questions, ça se voit qu’ils ne sont pas manuels ici, m’appeler pour un mur, un seul. Oui il y avait ces tâches. J’en vois tous les jours des murs, de si près que les grosses tâches ne m’abiment plus les yeux, je reste fixé sur le grain, rouleau, pinceau, c’était rien à faire. Payé double pour un mur si petit. Sont pas bien doués, se salissent pas les mains, endimanchés tous les jours. Même ici. Mais tant qu’y a à faire, moi c’est pas mon problème. 
 
Elle.
Il ne m’a pas écouté, toujours trop pressé. Mais qu’est-ce qu’il croit ? Ah oui, Monsieur a étudié, Monsieur est plus malin que tout le monde, Monsieur ose y aller…Avoir une clé ne fait pas tout. Tu l’as eu ta clé, tu es rentré. Débrouille-toi. Habille-toi, je t’avais dit non pas comme ça.. Ces lieux endormis ne collent pas avec ton assurance. Je le sais, mais tu ne veux pas entendre les voix souterraines, les boulevards bien évidents rythment ta vie, tu t’y perds. Il ne faut pas entrer par la grande porte. C’est trop tard maintenant.
 
Bûcheron. BègueMais il pense sans heurts
 Eux… Jamais payé le bois de l’hiver dernier. Mourir d’accord, mais les autres ? Famille, héritage, je ne sais pas, va falloir que j’y aille voir.  Il ne m’a pas remarqué, c’est toujours comme ça, je sais que je me camoufle. Les bois, ça me va bien. Mais une stère est une stère. L’air trop citadin celui-là avec ses souliers vernis, sa chemise blanche et son sac en bandoulière, pas lui qui rentrerait le bois, pour sûr. 

#P4 | T’inquiète et le mauvais sang façon bistanclaque

T’inquiète…Rassurer sans y croire, façon bistanclaque, mécanique, retentissant. Négation à la trappe…Mesurer la distance avec un ne t’inquiète pas, ou mieux, mais rare, avec une petite apposition. On chasse les appositions, elles ne calquent pas assez dans l’efficacité de la langue …Imaginer Ne t’inquiète pas ma chérie, mon amour, mon enfant, ma grande…. Apostrophes perdues. T’inquiète, tout sec, barrière à sentiments, voix en cours de disparition, Continuer la lecture#P4 | T’inquiète et le mauvais sang façon bistanclaque

Graillon

Grandir dans le graillon qui flotte avec les restes de tabac froid. Apprendre à cuisiner gras, peler les patates, couteau, épluche légumes, suivre la recette du petit carnet noir qui garde les éclaboussures d’huile chaude de toutes ces fois où l’on a cuisiné le même gras, celui qui gicle sur les crédences en petits carreaux, celui qui restera sur les Continuer la lectureGraillon