A propos de Marie-Caroline Gallot

Navigue entre lettres et philosophie, lecture et écriture.

Ligne verte

La carte de la ville est dépliée sur le siège avant. Pourtant les GPS doivent déjà, à cette époque, exister, mais elle n’en sait encore rien. Elle pourrait prendre le métro mais cette bouche inconnue lui fait peur, jamais elle n’a essayé, elle vient du coin, de la campagne où seules comptent les cartes IGN. Accrochées au cou sous un Continuer la lectureLigne verte

Couvre lit et lampe à frange.

C’est un de ces couloirs comme on n’en voit que dans les anciens appartements. A l’ère du loft, de l’open space et de la cuisine ouverte sur séjour, ils se font rares, détruits, aménagés, éclaircis. Ici, il est resté dans son obscurité initiale, tapisserie lourde, motifs d’un autre temps, auréolés des couleurs d’avant aujourd’hui ternies par les années et le tabac, vue Continuer la lectureCouvre lit et lampe à frange.

#40jours #04 | crasse et pieds vernis

Pieds vernis sur sol sale. Ville crasse. Et pourtant, se déchausser, en pensée, imaginer sentir la texture, là, sous la semelle, sous le talon, protections contre cette merde qu’on ne veut jamais voir. Trottoir meurtri, sentiment de pitié pour ce bout de monde que tout le monde néglige, rouge de honte. Empathie de voirie. Se reprendre : Signalisation _  _ _ aller Continuer la lecture#40jours #04 | crasse et pieds vernis

#40jours #03 | trois fois Jankélévitch.

Image

Les fenêtre des Hôtels Ibis sont toutes les mêmes. Elles criblent de carrés réguliers, rapprochés, resserrés,  les façades blanches et muettes. Rien ne se raconte. Ou presque rien. Le camion de poubelle du bout de la rue emporte sûrement le contenu des déchets de chacune de ces chambres-cellules . Y a- t-il la même uniformité dans les sacs à détritus que sur la façade lisse qui jamais ne dira rien du lieu où vous êtes, où que vous soyez ? Pouvoir ouvrir un sac poubelle du camion pour y voir dégouliner un peu de vie ? N’est-ce pas partout pareil ? Mouchoirs en papier, tickets de caisse, capotes usées et disques à démaquiller ? Penser  à ce que l’on dirait si un autre ouvrait- par mégarde ou intentionnellement-nos sacs poubelles. Peut-être est-ce là, ce charme évoqué par le philosophe, ce parfum qui flotte autour de l’être ? Pourquoi pas une mauvaise odeur, plus unique que ces fenêtres trop bien rangées, dans une de ces rues de derrière- la pensée de derrière du janséniste clermontois eut plus de succès niveau toponymie. Le camion du bout de la rue Jankélévitch à Bourges emporte ses secrets. La façade standardisée ne dira jamais rien. Seules les fenêtres entrouvertes et les sacs poubelles crevés semblent encore capables de faire vivre cette rue dortoir. Une rue de je-ne-sais-quoi -et  de -presque-rien. 

A l’image de sa voix en mode mineure- que l’on peut encore entendre dans quelques archives radiophoniques ou télévisuelles- il y a ces lieux mineurs. Quelles sont les raisons d’aller à Emerainville- 77184 ? Double D Import- Nestlé Homecare- Liberty Auto MLV- Trois suggestions d’activités pour la rue Jankélévitch d’Emerainville. Avant même de voir, malaise de la dysharmonie toponymique. On a flanqué le philosophe dans une zone commerciale de voiture importées et d’appareillages médicaux- je ne savais pas que Nestlé fabriquait des appareillages pour Ameli-Sécurité sociale. L’image du cacao s’écroule d’un coup, au coin de la rue Jankélévitch d’Emerainville. Tellement insignifiante qu’elle ne se voit que depuis le cul de sac de la rue d’à côté, sur Google Earth. Les blocs de pierre et les détritus ne sont pas sans rappeler les fenêtres carrées et le camion poubelle de Bourges. Curieuse harmonie des rues insignifiantes aux noms de philosophes trop compliqués et incompréhensibles.

La troisième ne dispose pas d’image, ni même du titre de rue. Allée Jankélévitch- Le port- La Réunion. Pourquoi ? Lien obscure, Google ne trouve pas non plus. Flou du zoom. Données indisponibles, Imaginer. Cette allée du bout du monde conservera son presque rien indescriptible. Mais qu’elle se trouve dans un port eut, pour elle, un sens. 

autobiographies #04 | petit-carnet-classeur-à-anneaux- clic -clac -et-carreaux-toujours- trop-petits pour envoyer des cartes postales.

Le carnet d’adresses à cartes postales. On n’envoie plus de cartes postales. L ‘écriture dépassait les petits carreaux, un petit carnet d’adresse n’est pas un cahier d’écriture à grandes lignes, comme à l’école. A croire que le carnet d’adresse n’était pas conçu pour les écritures maladroites et à grosses lettres de l’enfance, il fallait se forcer à serrer, pour que Continuer la lectureautobiographies #04 | petit-carnet-classeur-à-anneaux- clic -clac -et-carreaux-toujours- trop-petits pour envoyer des cartes postales.

autobiographies #01 | quatre coins

Verre de vin coupé à l’eau, pour enfants. En rentrant, clapiers odorants, odeur familière des cours fermées qui retiennent, mêlées , les effluves de fumier, de foin et de farine, ces relents sourds et substantiels qui habitent la cour de ferme. Verre Arcopal® à numéro, renverser le verre pour se donner un âge, après avoir bu le vin coupé à l’eau, Continuer la lectureautobiographies #01 | quatre coins

#L11 | plaisirs, scies

Ce n’est pas gai. Mais mon cher, le bonheur n’est pas gai. Bribes de cinéma. Le Plaisir. C’est peut-être ce qui sera retrouvé, à la fin, à la recherche du plaisir perdu, mais sans temps. Pour l’instant le plaisir n’est plus. Quête insoluble ? Ce n’est pas une trame tout confort avec générique, personnages, action, perturbation, résolution. Non, c’est une ligne à sursauts, corde à Continuer la lecture#L11 | plaisirs, scies

épuisement du coin

Il essaye de s’installer dans les odeurs du lieu, elles ne sont plus exactement les mêmes. Il hume si fort qu’il parvient à peine à transpercer le pesant renfermé qui masque ce qu’il cherche à retrouver en rentrant là, à nouveau, après toutes ces années. Ce qui fut son coin, à elle. Briser la coquille qui renferme sa voix tue depuis si Continuer la lectureépuisement du coin

autobiographies #02 | couches, poubelles et Chocapic

Pierre est dans la chambre d’hôpital d’à côté, il ne veut pas pisser couché, c’est quand même pas Dieu possible qu’on ne comprenne toujours pas, ces bonnes femmes en uniforme, elles sont gentilles mais sur la pisse, pas moyen. Il sonne, ce n’est jamais le bon moment, on a des priorités monsieur, l’Urinal est sur votre table de nuit, cessez Continuer la lectureautobiographies #02 | couches, poubelles et Chocapic

Convocation Velléda

Elle était inscrite sur le tableau Velléda® de la petite gendarmerie du coin. Antonomase  au mystère oublié. On effaçait les racines des noms avec le Velléda®, histoire sans intérêt sûrement venue d’un expert en marketing de chez Bic®. Bic® rase tout : les poils, les druidesses et même la poésie. La Velléda n’est plus qu’un feutre effaçable à l’odeur inimitable, toluène et xylène, puis, toxicité Continuer la lectureConvocation Velléda