Archives des auteurs : Marie-Caroline Gallot
Ce qu’il ne sait pas du mur
Ce qu’il ne sait pas c’est que le mur contre lequel il s’est appuyé en rentrant avait été repeint après les autres, ce qu’il ne sait pas, c’est ce que la peinture aurait cherché à recouvrir, parce qu’il ne perçoit pas la nuance. Il pense avoir l’œil mais il ne sait pas distinguer des âges de peintures de mur, il Continuer la lectureCe qu’il ne sait pas du mur
Sans dormir. Lieux.
Dans les draps rêches, lourds et brodés comme on n’en trouve plus dans les rayons de supermarchés, dormir. Contre l’humidité d’un corps épuisé, aviné, transpirant, dormir. Ou essayer. Face à des souffles dont on a oublié la cadence exacte mais dont on se rappelle qu’ils ont pu bercer même si c’est faux. S’endormir. Dans un coin hostile, se faire petit Continuer la lectureSans dormir. Lieux.
Il arrive avec son sac en bandoulière.
Il essaye de s’installer dans les odeurs du lieu, elles ne sont plus exactement les mêmes. Il hume si fort qu’il parvient à peine à transpercer le pesant renfermé qui masque ce qu’il cherche à retrouver en rentrant là, à nouveau, après toutes ces années. Son sac en bandoulière détonne, petite tâche de couleurs vives qui fait irruption dans la Continuer la lectureIl arrive avec son sac en bandoulière.
L’eau qui brûle
L’eau qui ne lave plus, pourtant bien claire mais ne peut plus rien faire, elle coule, laisse faire, ne blanchira rien. Pas mieux que l’eau qui stagne à en moisir, cette eau propre qui ne peut plus te nettoyer, qui brûle, eau-feu sur tes écorchures vives, eau bénite évaporée, eau lustrale bien trop noircie, eau du ruisseau des insouciances du Continuer la lectureL’eau qui brûle
Elle avait cent ans aujourd’hui.
Il avait ri en la voyant, arrêté sur ce visage d’une dame qu’il ne connaissait pas. Pourquoi ris-tu ? Elle avait cent ans aujourd’hui. Il avait ri, parti dans un fou rire, à cause de cette face qui dérangeait le bon goût, qui rappelait le temps, le temps auquel il pensait , vaniteux qu’il était , pouvoir échapper. Elle y était Continuer la lectureElle avait cent ans aujourd’hui.
Ta gueule, le je!
Si je pars, c’est avec lui, l’oreiller. Besoin de rien envie de toi. L’oreiller sous le bras. Après tout, il se transporte, l’oreiller. Un je c’est encombrant. Ce je-là, on lui avait dit, quelques années plus tard, qu’il avait pris trop de place, pourtant il tentait de se recroqueviller dans un coin du bus, sur un oreiller. Corps qui fait mal, Continuer la lectureTa gueule, le je!
27 septembre
27 septembre 1989 Un dimanche d’automne. Peu de choses prévues. Petit déjeuner, confiture maison, petit écran , un peu mais pas trop longtemps, ranger sa chambre et laisser le temps défiler en scrutant les barreaux en fer , noir et or, ceux du lit. Comparer les formes à celles du plafond en lambris, les visages que l’on devine, ceux qui Continuer la lecture27 septembre
un fiancé disparu
Là devant l’escalier immédiatement derrière la porte d’entrée petite robe jaune pour les vacances premier étage gauche c’était celle-là chambre préparée pour la petite fille jaune aussi chambre jaune trace pour baldaquin imaginer un baldaquin complet la petite fille ne voulait que cette chambre trace en bois gros rond au plafond rond gravé un jour il avait dû y avoir des voilages voilures de l’imagination Continuer la lectureun fiancé disparu
Toiles d’araignée , de piano et de mémoire
La peur des toiles d’araignée cantonne le souvenir aux angles, aux coins, aux niches sombres. Retisser une maison à partir de là. Angoisse des toiles d’araignée. Curieuse simplicité extérieure : un fil à linge comme unique décoration de jardin,-seul fil non suspect- pas de fioritures, potager minimaliste, petite allée, courte, au milieu d’une pelouse sans charme mais toujours impeccable. La traverser et Continuer la lectureToiles d’araignée , de piano et de mémoire