A propos de Marie-Caroline Gallot

Navigue entre lettres et philosophie, lecture et écriture.

main courante

Main courante, haut les mains, peau de lapin, dépecer à mains nues, sous peser, faire la main basse sur le gibier, point de gibet, potence, fourches patibulaires, cadavre exposé, manette tournée, plus de baisemain, courtoisie en carton-pâte, mains trop basses, sans essuie-main, sans essuie-tout, que la suie, la soif, la sueur, pieds et poings liées, mains baladeuses, sans balade de gens heureux, ballade des pendus, retour au gibet, et pas de mainmorte, plus de main-forte pour se masturber, doigts engourdis, marionnettes en deuil, ainsi font, ne font plus rien, et puis s’en vont, les bras ballant, les mains en sang, chercher dans le noir ce sous-main qui épongerait l’encre, qui amortirait  la tranche de main qui frotte contre le papier et appuie sur la plume, tendinite de main fatiguée de chercher quoi écrire, et à qui, jeu de quilles, main habile, main qui signe, tout en bas, paraphe, signature, tampon, empreinte, endos, sceau, griffe. Main courante, mettre la main dessus, menotté, bas les pattes, animal inhumain, mains destituées, par honneur, c’est cousu main, prothèse de main, main de quidam, greffe réussie, des doigts en or,  couturières, petites mains de leurs destins, mains sur les seins, massage pour dame, pas le temps : manutention, mains  à la ligne, mains d’automate, doigts sciés, manque de main d’œuvre, pénurie de manuels, maintes et maintes fois rabâchée, savoir sur le bout des doigts, mais ne pas compter sur ses doigts, lever la main avant de parler, mains haut-parleur, au voleur, main dans le sac, pas vu pas pris. Main courante, avec manucure. Cure dents, dent creuse, le monde se divise en deux catégories, le pistolet n’est pas chargé, main lourde, lourdaud, pataud, maladroit. Main courante, coursive, coursière, course-poursuite, mains gantées, gant de velours, fer forgé, peau ridée, mains usées. Mais manucurées.

Ce qu’il ne sait pas du mur

Ce qu’il ne sait pas c’est que le mur contre lequel il s’est appuyé en rentrant avait été repeint après les autres, ce qu’il ne sait pas, c’est ce que la peinture aurait cherché à recouvrir, parce qu’il ne perçoit pas la nuance. Il pense avoir l’œil mais il ne sait pas distinguer des âges de peintures de mur, il Continuer la lectureCe qu’il ne sait pas du mur

Sans dormir. Lieux.

Dans les draps rêches, lourds et brodés comme on n’en trouve plus dans les rayons de supermarchés, dormir.  Contre l’humidité d’un corps épuisé, aviné, transpirant, dormir. Ou essayer.  Face à des souffles dont on a oublié la cadence exacte mais dont on se rappelle qu’ils ont pu bercer même si c’est faux. S’endormir.  Dans un coin hostile, se faire petit Continuer la lectureSans dormir. Lieux.

Il arrive avec son sac en bandoulière.

Il essaye de s’installer dans les odeurs du lieu, elles ne sont plus exactement les mêmes. Il hume si fort qu’il parvient à peine à transpercer le pesant renfermé qui masque ce qu’il cherche à retrouver en rentrant là, à nouveau, après toutes ces années. Son sac en bandoulière détonne, petite tâche de couleurs vives qui fait irruption dans la Continuer la lectureIl arrive avec son sac en bandoulière.

L’eau qui brûle

L’eau qui ne lave plus, pourtant bien claire mais ne peut plus rien faire, elle coule, laisse faire, ne blanchira rien. Pas mieux que l’eau qui stagne à en moisir, cette eau propre qui ne peut plus te nettoyer, qui brûle, eau-feu sur tes écorchures vives, eau bénite évaporée, eau lustrale bien trop noircie, eau du ruisseau des insouciances du Continuer la lectureL’eau qui brûle

Elle avait cent ans aujourd’hui.

Il avait ri en la voyant, arrêté sur ce visage d’une dame qu’il ne connaissait pas. Pourquoi ris-tu ? Elle avait cent ans aujourd’hui. Il avait ri, parti dans un fou rire, à cause de cette face qui dérangeait le bon goût, qui rappelait le temps, le temps auquel il pensait , vaniteux qu’il était , pouvoir échapper. Elle y était Continuer la lectureElle avait cent ans aujourd’hui.

Ta gueule, le je!

Si je pars, c’est avec lui, l’oreiller.  Besoin de rien envie de toi. L’oreiller sous le bras. Après tout, il se transporte, l’oreiller. Un je c’est encombrant. Ce je-là, on lui avait dit, quelques années plus tard, qu’il avait pris trop de place, pourtant il tentait de se recroqueviller dans un coin du bus, sur un oreiller. Corps qui fait mal, Continuer la lectureTa gueule, le je!

un fiancé disparu

Là devant l’escalier         immédiatement derrière la porte d’entrée         petite robe jaune     pour les vacances         premier étage gauche         c’était celle-là        chambre préparée         pour la petite fille         jaune aussi        chambre jaune         trace pour baldaquin         imaginer un baldaquin complet         la petite fille ne voulait que cette chambre         trace en bois         gros rond au plafond          rond gravé         un jour il avait dû y avoir des voilages         voilures de l’imagination         Continuer la lectureun fiancé disparu

Toiles d’araignée , de piano et de mémoire

La peur des toiles d’araignée cantonne le souvenir aux angles, aux coins, aux niches sombres. Retisser une maison à partir de là. Angoisse des toiles d’araignée. Curieuse simplicité extérieure :  un fil à linge comme unique décoration de jardin,-seul fil non suspect- pas de fioritures, potager minimaliste, petite allée, courte, au milieu d’une pelouse sans charme mais toujours impeccable. La traverser et Continuer la lectureToiles d’araignée , de piano et de mémoire