A propos de Marie-Caroline Gallot

Navigue entre lettres et philosophie, lecture et écriture.

#anthologie #16 | Ping-pong

Elle ne parle pas. D’habitude on lui colle des clichés à logorrhée : moulin à parole, causeuse, bavarde, tout y passe. C’est comme si, d’un coup, la source était tarie. Gosier sec. Le flot qu’il déverse vient honteusement provoquer la sécheresse de son gosier, sorte d’étranglement invisible par asphyxie. Les mots sont happés avant qu’elle n’ait le temps de s’en nourrir, Continuer la lecture#anthologie #16 | Ping-pong

#anthologie #15 | Tu en reboiras bien un p’tit ?

Tu en reboiras bien un p’tit ? le non est  ici persona non grata, le cadre est complice … tout le monde boit… pas idée de s’afficher avec une menthe à l’eau au café du coin…surtout pas lui, on sait qu’il l’aime, le jaune…Allez un p’tit dernier ? Même avec variations, on se sent obligé d’atténuer…petit…toujours …certes on le rabote un peu dans la prononciation, le Continuer la lecture#anthologie #15 | Tu en reboiras bien un p’tit ?

#anthologie #14 | C’est clair!

C’est clair. Jugement sans éclaircissement, couperet idéal de l’opinion. C’est clair qu’il l’a pas volée sa situation. En même temps qu’est-ce qu’il croyait ? Et puis à dépenser sans compter, avec ce qu’il se mettait dans le cornet, non c’est clair que ça pouvait pas finir autrement.  C’est clair. Assentiment confortable de la discussion. Oui tu as raison, je m’achète la paix Continuer la lecture#anthologie #14 | C’est clair!

#anthologie #13 | Thésée et le bus.

A force, on remarque les petites variations de la monotonie routinière.  Ça occupe. L’habitacle dans les tons de bleu vire parfois au vert, surtout à l’endroit de l’assise, moquette limée par les fesses anonymes. Ligne-bateau-de-Thésée. Toujours le même nom depuis des années, mais les exécutants se sont modernisés, certains sont vernis, ils ont le droit à la boite auto. Mais pas Continuer la lecture#anthologie #13 | Thésée et le bus.

#anthologie #10 | Est-ce que ça se fait de prendre en photo les morts?

Il a dix ans et sourit à côté d’un vélo. Pas de date sur la photo, on peut imaginer d’après la taille, même si l’on disait de lui qu’il était grand pour son âge, ce qui peut être reculerait à huit ou neuf ans. Il a dix ans car c’est à cet âge qu’on offre le premier vélo, souvent. Il est Continuer la lecture#anthologie #10 | Est-ce que ça se fait de prendre en photo les morts?

#anthologie #09 | le petit blouson en cuir rouge, les sirènes et le tonneau.

Il aurait peut-être fallu se faire boucher les oreilles à la cire ou être solidement attaché au mât mais quand on se promène en ville on ne pense pas à s’arrimer aux mythes, on vit la modernité sans ancrage, on traverse sans vraiment voir, les devantures deviennent le décor d’un road movie de samedi après-midi tout ce qu’il y a de plus Continuer la lecture#anthologie #09 | le petit blouson en cuir rouge, les sirènes et le tonneau.

#anthologie #08 | Portes closes

Il n’y a que dans les contes aux histoires de pièces interdites qu’on pense à fermer les chambres à clé. Peut-être aussi au moment de la crise d’ado, mais on se contente souvent de dessiner un panneau avec un sens interdit. Et puis elle, elle ne s’était jamais dit qu’une chambre, surtout quand on vit seule ou presque, ça aurait Continuer la lecture#anthologie #08 | Portes closes

#07#Anthologie# La petite lampe verte et le panoptique

Le plafonnier n’est que très rarement allumé, trop lumineux, trop parfait, panoptique du chez soi, on le réserve pour les soirées. Cet attrait pour les petites lampes disséminées ici et là en guise de réconfort.- Incompréhension des rigides du contrôle de la consommation énergétique, mais enfin tu vas payer trop cher avec toutes ces lampes.- Peur de la lumière trop centrale Continuer la lecture#07#Anthologie# La petite lampe verte et le panoptique

#anthologie #06 | solitude à blanc

La solitude tire à blanc quand elle n’a pas d’échos dans lesquels se fondre. A quoi bon l’étaler quand elle n’est pas poétiquement correcte, quand elle n’est que transpiration matinale devant une tasse de café sans altérité, quand elle n’est que pleurs silencieux devant les angoisses du monde qui enfle de colère, quand elle n’est que perplexité non créatrice devant Continuer la lecture#anthologie #06 | solitude à blanc

#anthologie #05 | Justaucorps de salle des fêtes

C’est un corps de petite fille. Dix ans tout au plus. Posé là, parmi d’autres petits corps à peu près du même âge. Une scène de salle des fêtes du coin, rangée de petits corps faisant face à des spectateurs d’un jour installés sur des chaises pliantes en plastique qu’on rangera dans la remise dans deux heures, sur un fond Continuer la lecture#anthologie #05 | Justaucorps de salle des fêtes