#photofictions #05 | à l’établi

Atelier d’un menuisier, Paris, 1970J’y entre comme dans un paysage, saturé de poussières en suspension. Du bois, beaucoup de bois, des planches, des tasseaux, des cadres, toujours du bois. Sur et sous l’établi, traînent outils, colle et clous. Dans le fond, la scie circulaire montre ses dents acérées. A l’établi, gros plan D’un geste rapide, le menuisier empoigne une planche qu’il Continuer la lecture#photofictions #05 | à l’établi

#photofictions #04 | Dernier cliché

Elle est là, assise comme une petite écolière bien sage qui attend la maîtresse, son sac à main – d’où dépasse discrètement une paille qu’on devine plongée dans un petite bouteille d’eau et qu’elle tète de temps en temps – sur ses genoux ; elle est habillée comme si elle allait à une cérémonie, son blazer bleu bordé de blanc qu’elle Continuer la lecture#photofictions #04 | Dernier cliché

#photofictions #03 | Trompe l’œil

Attroupement dans une ruelle face à un mur, ça discute, ça rigole, ça pose, rapide et au suivant… Un mur quelque peu noirci par endroits montre une scène banale d’un vendeur ambulant avec ses marchandises sur une carriole chapeautée d’un parapluie-ombrelle. Je comprends vite que les gens attroupés devant la fresque veulent poser entre les individus dessinés et faire partie Continuer la lecture#photofictions #03 | Trompe l’œil

#photofictions #02 | Géométrie de l’enfance

A cloche-pied, à pieds joints, d’un pied sur l’autre et de l’autre sur l’un, sur les pointes… suivre le changement de couleur du pavement, ne pas marcher, sauter uniquement sur le clair et éviter le foncé ou l’inverse. Sur le front de mer, main de l’enfant dans celle du père, zigzaguer entre les palmiers rapidement et revenir à la ligne Continuer la lecture#photofictions #02 | Géométrie de l’enfance

#photofictions #01 | Trois compères

Nous voilà revenues de Port-Barcarès. Cette fois, nous prenons l’autoroute jusqu’à Toulouse. La voiture avale les kilomètres et nous, on écoute les infos routières de Vinci. Bouchons, ralentissements, canicule sont le lot pour ce dernier samedi du mois d’août.Mon amie qui conduit se souvient de s’être arrêtée sur une aire d’autoroute après Narbonne d’où on avait une super vue sur Continuer la lecture#photofictions #01 | Trois compères

autobiographies #03 | l’arbre aux fruits-fleurs

Racines rhizomes puissantes creusent galeries sous terre bousculent sur leur passage murs, murs construits à la hâte par des hommes avides de sécurité, de séparation, ou de barrières entre eux et les autres, mais l’arbre renverse l’ordre, les plans et déloge la brique, fend le plâtre, craque le béton même armé.Depuis des lustres, ce qui nous lie s’échappe en notes Continuer la lectureautobiographies #03 | l’arbre aux fruits-fleurs

autobiographies #02 | don contre don

En descendant les marches du métro, on l’aperçoit assis, son vieil imper battant ses flancs maigres, le visage émacié, la barbe grise, longue, la bouche agitée et deux yeux incroyablement vivants. Il a l’air d’un fou. De son verbe psalmodié, aucun vocable de connu, pourtant si le passant pressé s’arrête, et lui demande des nouvelles de sa santé, ses yeux Continuer la lectureautobiographies #02 | don contre don

autobiographies #01 | courir, grimper, sauter

Les façades penchées sur le trottoir dessinent une bande d’ombre que tu suis tout contre les immeubles, ton pas pressé, vite, profiter du bandeau ténu de protection en plein midi, au bout de la rue, un barrage, arrêt et nouvelle accélération à découvert pour grimper la côte jusqu’à la boulangerie, ressortir le pain à la main et cette fois-ci dévaler Continuer la lectureautobiographies #01 | courir, grimper, sauter

#P12 | des débuts de…

1. La lune surgit entre les deux tours de la cathédrale. Gonflée la lune. Non, seulement pleine ! 2. Elle est dans sa bulle de musique et traverse la rue, une autre bulle, elle, d’acier et de verre, fonce. Deux bulles qui se rencontrent, ça ne pouvait qu’éclater. La jeune volante par dessus les nuages, la jeune gisante, s’enfonçant inexorablement Continuer la lecture#P12 | des débuts de…

#P10 Au bord de la falaise

Pourquoi tu m’as frappée, dis, répond, tu regardes ailleurs, c’est trop facile. Pas si facile que ça de frapper. Rien de normal, de naturel mais une pulsion plus forte que toi. Ah, c’est donc ça. Rien que ça, sans plus d’explications. Et on trouve normal de se taper dessus sans aucune raison, parce que c’est comme ça. Il regarde ses Continuer la lecture#P10 Au bord de la falaise