A propos de Marlen Sauvage

Journaliste longtemps. Puis dans l'édition. Puis animatrice d'ateliers après une formation Elisabeth Bing et DUAAE à Montpellier. J'anime encore quelques stages d'écriture, ai contribué aléatoirement au site des Cosaques des frontières, publié quelques livres – fictions et biofictions – participé à plusieurs ouvrages collectifs. Mon blog les ateliers du déluge.

#gestes&usages #02 | Parti nager

Il te restait la nage, la brasse coulée. Aux derniers tests d’effort, aucun signe d’insuffisance coronaire. Tu irais donc nager. Ton regard venait appuyer le ton de ta voix. Il n’y avait aucune contre-indication, tu ne courais aucun danger, tu irais nager. | retrouver mon corps. faire jouer mes muscles. exister. | Une fois déshabillé, tes vêtements correctement pliés et Continuer la lecture#gestes&usages #02 | Parti nager

autobiographie #04 | trois carnets, trois adresses

9, Georgstraße MarburgAucun souvenir bien sûr puisqu’une adresse antérieure à ma naissance, retrouvée dans le carnet à la couverture cartonnée, bleu marine à l’origine, mais là d’un bleu éteint, malmené par l’humidité des années, retrouvé dans une boîte au milieu d’innombrables photos des années cinquante. Un carnet allemand, 1955 imprimé en creux – les chiffres paraissent avoir été dorés – Continuer la lectureautobiographie #04 | trois carnets, trois adresses

#gestes&usages #01 | Ragabodot

Ce pourrait être un théâtre en noir et blanc, celui de la grande ferme au nom étrange : Rogabodot. Rien que le nom résonne en bichromie, le noir et le blanc du temps d’avant, celui si lointain qu’il nous faisait croire que la guerre s’était déroulée dans l’ombre et le brouillard, qu’il n’y avait pas eu d’été, pas de soleil Continuer la lecture#gestes&usages #01 | Ragabodot

#autobiographies #03 | Etrange étranger

Inattendu dans un panorama de serres et de valats, de gardons, de ravins, de routes étroites, tortueuses, de châtaigniers et de chênes verts. De taille moyenne – une vingtaine de mètres – sur un sol schisteux, à peine enherbé – de cette herbe qui s’épaissit pourtant à force de tontes successives –, devant la maison de pierres et de lauzes. Continuer la lecture#autobiographies #03 | Etrange étranger

autobiographie #02 | les gens autour et ailleurs

On l’appelle l’Ermite, entre gens de la place. L’Ermite, corps légèrement voûté, mains croisées dans le dos, fait les cent pas en attendant qu’ouvre le Petit square ou la cave à vin, en face. Parfois le matin, à huit heures déjà, assis sur le banc de pierre, il croise ses longues jambes et demeure pensif. La vitrine du magasin d’artisanat Continuer la lectureautobiographie #02 | les gens autour et ailleurs

#autobiographies #01 | Une maison dans la ville

Accrocher aux branches du pommier le Iinge humide, juste défroissé, frais encore du rinçage à l’eau froide. La robe se gonfle à la brise, corps dansant parmi les feuilles, blanche sur vert. L’émotion sur ton visage, un fin sourire. Un rappel. Pommier séchoir, bras et mains recréant une histoire ancienne, passé surgissant dans le présent nouveau pour l’un et l’autre. Continuer la lecture#autobiographies #01 | Une maison dans la ville

40 jours – #40 | instructions pour que continue le carnet

Ce à quoi il faudrait se tenir pour continuer ce carnet ou un autre et plus largement, écrire au long cours  : D’abord, « ouvrir » un carnet pour le récit, les nouvelles, le recueil en cours (ou poursuivre celui-ci donc) avec l’idée d’y noter chaque jour quelque chose en lien avec le projet : une scène, une réflexion sur un personnage, Continuer la lecture40 jours – #40 | instructions pour que continue le carnet

40 jours – #39 | ce dont on ne peut parler

La main, première complice du secret. Ce qui naît dans le tréfonds de la pensée lui appartient d’abord, avant la lettre, le mot, la phrase, avant toute graphie. Contenu là, cela surgit sous les doigts, aussitôt parce que cela brûle et détruit tout à l’intérieur, ou bien d’avoir été conservé si longtemps, ruminé, regretté peut-être. La main, dépositaire du plus intime, Continuer la lecture40 jours – #39 | ce dont on ne peut parler

40 jours – #38 | matériaux rêve

Ce sont de grands espaces – salles d’exposition, pièces d’accueil, immenses chambres, routes – où la tonalité reste blanche quel que soit le rêve. Blanc, lumineux, clair. Des espaces peuplés d’inconnu.e.s que je croise, auxquel.le.s je parle parfois, qui me questionnent… Je suis toujours accompagnée de proches, d’amis. Invariablement, à un moment donné du rêve, quelque chose vient « recouvrir » un Continuer la lecture40 jours – #38 | matériaux rêve

40 jours – #37 | du par cœur

« J’élève l’urne autour du parfum pour qu’il demeure. » De qui est cette phrase, je l’ignore. J’ai longtemps cru que Mallarmé en était l’auteur, mais je ne trouve rien de ce côté-là (sur Internet…). Elle me poursuit depuis mon année de première, je crois me souvenir que le professeur de français de l’époque – un prêtre, le père Imbert (il y Continuer la lecture40 jours – #37 | du par cœur