A propos de Marion T.

Après tout : et pourquoi pas ?

#carnets #prologue | Le non carnet et la pomme de terre

Le premier : rouge, bordure noire, A5, cartonné, petits carreaux, trois autocollants du livre de la jungle. Carnet obtenu dans une kermesse recyclé quelques années plus tard. Deux écritures se superposent. Par endroit un tracé large, rond, appliqué. Ici, la mention Vocabulaire, là, le terme Florilège avec un beau F bouclé. Puis des citations… A la fin, quelques mentions d’un lyrisme douteux, Continuer la lecture#carnets #prologue | Le non carnet et la pomme de terre

#photofictions #09 | Sans fin ce vague chant

La suivre partout… Il fallait la suivre partout. Alors il a cavalé. Le long du canal. Elle disait serti d’ordures… serti, elle disait. Elle disait faut aller dans les coupe gorge. Elle disait faut toujours aller y voir de l’autre côté. Alors il a cavalé. Il attendait, il attendait. Elle disait, il faut aller voir les débris, les carreaux cassés. Continuer la lecture#photofictions #09 | Sans fin ce vague chant

#photofictions #08 | Être heureux est un art de vivre

« Ce qui fait mon continuel étonnement, c’est l’aspect animé des squares et des jardins publics. Aux Tuileries, des femmes brodent à l’ombre des marronniers, des enfants jouent, tandis que, là-haut, du côté de l’Arc de Triomphe, les obus éclatent. » Emile Zola, Nouveaux contes à Ninon Il y a la manifestation. C’est dans les rues, c’est juste à côté, juste au Continuer la lecture#photofictions #08 | Être heureux est un art de vivre

#photofictions #07 | Quand Marco dansait

Il y a les yeux rieurs, il y a la frange noire. Sombres les yeux et vifs. Sombres les cheveux. Noiraude montre ses petites dents, le corps nu sous le filet de laine orange. Noiraude est assise les genoux repliés, sur la chaise de bois. La pièce est sépia. Le filtre ne s’en est pas mêlé. Noiraude baigne dans les Continuer la lecture#photofictions #07 | Quand Marco dansait

#photofictions #06 | Relief

Plage vide, minuscule, blanche, lignes horizontales devinées brouillées par le mouvement vertical, gouttelettes au ras de l’eau, masse compacte, subrepticement captée. De loin la plage gonfle et offre sa géométrie sans odeur. Le corps massif a déjà disparu. Un fragment de secondes, la queue de la baleine suspendue en l’air semble flotter et prête à s’élancer puis s’enfonce. L’eau tourne Continuer la lecture#photofictions #06 | Relief

#photofictions #05 | Et vous ?

[J’y connais rien, rien de rien. Je ferai semblant. Je vais citer. Je vais renvoyer à… Ça, quand on cite, tout de suite… Ça fera terrain. Rocaille même. Cinéma vérité. Rien de rien… ] Voix off. Écran noir. Bruits d’eau et de vaisselle, craquement du parquet, frottement du tissu, zip d’un sac, claquement de la porte, la clé qui tourne, Continuer la lecture#photofictions #05 | Et vous ?

#photofictions #04 | Siphon

Et comme est chaude la laine, les fils croisés se retroussent sur l’avant-bras, que le froid piquant gifle sous le ciel jaune et rouge, ciel qui glisse, se gonfle, s’étire comme l’étoffe que le vent déforme, immobiles les cheveux piquants en brosse, insensibles à la bourrasque à laquelle s’offre un visage nonchalamment posé sur le rebord, c’est qu’il n’y a Continuer la lecture#photofictions #04 | Siphon

#photofictions #03 | Madame lape

C’est les habitants dans la grande ville. C’est les surfaces colorées. Il y a les visages, et la langue qui sort et qui lape. Elle lape tout le temps. Elle lape le café. Elle lape la glace. Elle lape la langue d’un autre qui lape. C’est à Prague et les habitants lapent. Ils lapent la bière. Ils lapent aussi la Continuer la lecture#photofictions #03 | Madame lape

#photofictions #02 | Le baiser 2

La rue s’étire. Le long trait d’asphalte se heurte à la façade carrée d’une demeure bourgeoise. Les réverbères sont éteints. Elle cuisine. Réverbère : c’est un beau mot. Un goût de métal, subreptice et incertain envahit la langue. Sous ses doigts puis le long du poignet, monte le toucher rêche de l’assiette en fer blanc. Une salive épaisse se répand Continuer la lecture#photofictions #02 | Le baiser 2

Photofictions #02 | Le baiser

Dans la rue, il n’y a personne. Cuisiner. Attendre la nuit. Les réverbères éteints. C’est un beau mot : réverbère. Sous la langue le goût du métal, sous les doigts le toucher d’une assiette en fer blanc. Se sont multipliés ces dix dernières années… attroupements dans d’anciennes rues passantes… attirés par l’odeur, la vibration des foules disparues… C’est beau réverbère. Continuer la lecturePhotofictions #02 | Le baiser