A propos de Laurent Stratos

J'écris. Voir en ligne histoire du tas de sable.

autobiographies #07 | portes de couleur

On prenait le cent vingt-six, en bas. Le voyage durait peut-être trente minutes, ce temps me semble aujourd’hui avec mon regard d’adulte réaliste, à cette époque-là, il devait durer plus d’une heure. On descendait du bus, on traversait le square, les arbres, les arbustes, le gazon, le vert. On traversait le pont au-dessus du périphérique, on tournait. Au soixante et Continuer la lectureautobiographies #07 | portes de couleur

autobiographies #06 | yeux jaunes, estafette bleue

Deux yeux jaunes, le monstre passe, je devine une masse derrière, au moment où il nous dépasse, nous tremblons, tout tremble, tout grince, je colle mon visage contre le pull qui me protège de la tôle, mes yeux se ferment, un autre monstre arrive, celui-ci n’a qu’une lumière, son cri est plus strident, il va encore plus vite, quand il Continuer la lectureautobiographies #06 | yeux jaunes, estafette bleue

autobiographies #04 | ouverture au bridge.

–        Calenzana , Picciu café, juillet 198*. Une nuit d’été, une nuit bleue, une place, un café, les clients en terrasse rient, crient, les personnes qui sont à l’intérieur accoudé au comptoir sourient, parlent, mais on ne les entend pas, des garçons en tee-shirt, des filles en robe, ils sont beaux, elles sont belles, il fait chaud. Le ciel est illuminé Continuer la lectureautobiographies #04 | ouverture au bridge.

autobiographies #03 | l’homme saule

Elle pousse, elle grandit en nous, elle s’enracine dans les années, cette vitalité brutale et égoïste des êtres vivants. Le monde s’agite en rafale, le vol d’un papillon à Bombay est peut-être à l’origine de la brise marine qui nous fait trembler. Enfant-printemps il faut s’accrocher au sol, rentrer dedans est une façon de résister. Il faut éviter les contacts Continuer la lectureautobiographies #03 | l’homme saule

autobiographies #02 | quatre souvenirs

4 souvenirs Il avançait vers nous, nous retournions au lycée, lui il allait vers Bastille. Je n’ai pas pu le quitter des yeux, il m’a fallu un temps pour comprendre pourquoi. Il était à cinquante mètres, et je ne voyais que lui. Il s’est approché, on a échangé un regard puis on a avancé prudemment, il nous a croisé sans Continuer la lectureautobiographies #02 | quatre souvenirs

#P12 | index de 56 lieux dans la ville (projet)

Ville des gens, quelque part, indexe des rues:— 1 Rue du grand compositeur ( allemand de préférence, c’est comme pour les berlines c’est rassurant, quartier cossu, lycée privé). Henri se promène comme tous les matins. Il prends toujours cette rue. Il aime ces immeubles cossus. Il croise ici des gens différents, tous ont des habits propres et neufs, les jeunes Continuer la lecture#P12 | index de 56 lieux dans la ville (projet)

autobiographie #01 | immeuble

L’entrée de l’immeuble est en verre, une symétrie parfaite, une porte vitrée et une baie côté parking, une porte vitrée et une baie côté voie ferrée. Contre le radiateur, on regarde les habitants passer. Ici on est chez nous, là où ont tue le temps. Je suis dans la cage d’escalier, les marches sont recouvertes d’un lino bleu, les rambardes Continuer la lectureautobiographie #01 | immeuble

#L12 Qu’est-ce qu’une phrase. Ici, chacun est peut-être plus qu’un.

Une phrase c’est un vecteur dirait le technicien qui est en moi, ou une mélodie dirait le mélomane que je suis, ou un trait, une flèche tracer sur une toile, penserait mes doigts gribouilleurs, une tentative de communication, souvent brouillée, souvent ténue, un petit son, il y a cette faculté à disparaître à ne pas laisser de trace du monde Continuer la lecture#L12 Qu’est-ce qu’une phrase. Ici, chacun est peut-être plus qu’un.

#L11 Ce n’est pas

Ce n’est pas le récit d’un homme sage sauvant le monde, ce n’est pas le monde : cette complexité, cette énormité, cette entité sans forme, ce n’est pas le vrai, la matière, le dur, ce que l’on peut toucher. Ce n’est pas un monologue, ce rabâchage, ces variations d’une même idée, ni une histoire finie, ce n’est pas une jolie chanson, Continuer la lecture#L11 Ce n’est pas

hors-série #voix | le doux tonnerre

Elle est arrivée, j’entends son doux tonnerre, la fatigue est là. Elle élève un peu le ton, elle questionne, elle cherche encore à être efficace, encore quelques éclairs. Voilà elle est apaisée, elle enveloppe, sa voix anime l’espace, une braise rougeoyante réchauffe les cœurs, elle vous protège et vous renforce, elle est enracinée dans le sol, à cette ancre toute Continuer la lecturehors-série #voix | le doux tonnerre