A propos de Laure Humbel

Site internet : Sur mes tablettes, laurehumbel.fr. Dans l’écriture, je tente de creuser les questions du rapport sensible au temps et du lien entre l’histoire collective et l’histoire personnelle. Un élan nouveau m'a été donné par ma participation aux ateliers du Tiers-Livre depuis l’été 2021. J'ai publié «Fadia Nicé ou l'histoire inventée d'une vraie histoire romaine», éd. Sansouire, 2016, illustrations de Jean Cubaud, puis «Une piétonne à Marseille», éd. David Gaussen, avril 2023. Un album pour tout-petits, «Ton Nombril», est paru en octobre 2023 (Toutàlheure, illustrations de Luce Fusciardi). Le second volet de ce diptyque sur le thème de l'origine s'intitule «BigBang», la parution est imminente.

vers un écrire-film #06 | du ralenti en littérature

Je peux faire courir deux fois plus vite mes doigts sur le clavier, rien ne me donnera prise sur la vitesse à laquelle ces lignes seront lues : à la différence de la projection d’un film, je ne peux contrôler le nombre de mots par seconde qui passera devant l’œil du lecteur. Je peux au contraire ralentir mon rythme d’écriture Continuer la lecturevers un écrire-film #06 | du ralenti en littérature

vers un écrire-film #05 | soubrette de carnaval

Je cherche à peindre ses cheveux, de dos, longs et lâchés, au moment où elle va passer la porte de l’hôtel. Elle a marché d’un pas décidé dans le jour à peine levé, la brume monte des canaux, son écho traverse l’hiver de la ville. Elle a des bottes, un imperméable à mi-mollet, elle porte des collants couleur chair. Le Continuer la lecturevers un écrire-film #05 | soubrette de carnaval

vers un écrire/film #04 | vain gesticule

la vague avale le bras levé la main levée vers, le haut, de l’eau, la vaine main, la vague ne, soulève plus, qu’elle, la vague, l’eau, ne porte plus assez haut, les lèvres l’épaule la peau, avale toute l’eau crache, se raccr- se raccroche à quoi la main, à l’air, la main, cherche, appui, sur, l’eau, sur la peau de Continuer la lecturevers un écrire/film #04 | vain gesticule

vers un écrire/film #03 | Technicolor

Le mur est gris. Les escalators aussi. Ce n’est pas le même gris. Le mur est plongeant. Les escalators aussi. Ce n’est pas le même plongeant. Le mur est en béton strié par les traces des coffrages. S’y n’y avait l’angle il serait vertical. Dans la mer ce serait un tombant. La Fourragère est une station des profondeurs. Le ciel Continuer la lecturevers un écrire/film #03 | Technicolor

écrire-livre #01 | géométrie de l’attente

Lignes brisées : à la préfecture Il pleut. La lumière orange des réverbères urbains se reflète éclatée dans les flaques de l’asphalte. Des gens attendent, serrés sur les marches qui mènent la porte close du « Bureau des Etrangers (sauf naturalisations), Direction de la réglementation et des libertés publiques ». Derrière la porte, le rideau métallique est baissé. Un panneau indique « 8h15-16h15 Continuer la lectureécrire-livre #01 | géométrie de l’attente

autobiographies #12 | Le magasin

Les gravures de mode. Les gravures de mode représentaient des femmes en deux dimensions, grises, le port altier, le regard droit, inexpressif, sans attentes ni désirs, même pas celui d’être admirées. En chignon en intérieur, parfois dehors en chapeau, les volants de leurs robes tout aussi gris, rarement rehaussés de couleurs très pâles comme sur les cartes postales de la Continuer la lectureautobiographies #12 | Le magasin

autobiographie #07 – Minimes ou sublimes portes

De bois, dans un cadre de pierre, la porte ne fait barrage qu’aux éléments mauvais, la pluie, le froid, le vent. Elle est toujours ouverte. Qui veut entrer peut soulever le loquet de métal patiné. Une ou deux minutes de panique : la serrure est coincée. Que faire si la maison des vacances n’ouvre pas ? Après le trajet, la suée. Il Continuer la lectureautobiographie #07 – Minimes ou sublimes portes

autobiographies #06 | long trajet de nuit

J’avais choisi la couchette du haut parce qu’on y tenait assise, que l’arrondi du toit du wagon n’était pas à portée de main, même en tendant très haut la main, à la différence du milieu et du bas où un ciel de skaï brun-orangé limitait le décor et la respiration – l’avais-je choisie, au fait ? je l’occupais certes, mais à Continuer la lectureautobiographies #06 | long trajet de nuit