A propos de Laure Humbel

Site internet : Sur mes tablettes, laurehumbel.fr. Dans l’écriture, je tente de creuser les questions du rapport sensible au temps et du lien entre l’histoire collective et l’histoire personnelle. Un élan nouveau m'a été donné par ma participation aux ateliers du Tiers-Livre depuis l’été 2021. J'ai publié «Fadia Nicé ou l'histoire inventée d'une vraie histoire romaine», éd. Sansouire, 2016, illustrations de Jean Cubaud, puis «Une piétonne à Marseille», éd. David Gaussen, avril 2023. Un album pour tout-petits, «Ton Nombril», est paru en octobre 2023 (Toutàlheure, illustrations de Luce Fusciardi). Le second volet de ce diptyque sur le thème de l'origine s'intitule «BigBang», la parution est imminente.

#40jours #07 | je prends

Je prends la porte, je prends les marches, je prends l’escalier, je prends la rampe, je prends l’escalator, je prends le descenseur. Je prends le batiscaphe, je plonge sous cloche, je prends le Nautilus, la capsule de la Comex, je prends la mer par le fond. Je prends la bonde, le siphon, le tuyau nauséabond, le collecteur, l’égout, le cloaque Continuer la lecture#40jours #07 | je prends

#40jours #06 | La forme d’une ville

Tu pourrais faire n’importe quoi sur le téléphone que tu malaxes pendant que tu marches, cou crochu de bossu, omoplates de vautour, œil morne, pouce protubérant. Tu pourrais tout aussi bien liker, tchatter, répondre, discuter, tu pourrais youtuber, tu pourrais jouer, tu pourrais crossposter : aux gens qui te croisent, rien n’indique a priori que tu suis les points bleus Continuer la lecture#40jours #06 | La forme d’une ville

#40jours #05 | L’odeur du temps

J’ai la tête qui tourne à plus d’un titre. Sur la table en vitrine ils sont justement à l’envers. La porte vitrée émet un tintement à l’entrée d’un client, littérature italienne et espagnole et portugaise aux étagères discrètes, littérature d’autres pays, table pour les français, table pour les vendeurs, table pour les nouveautés, les gros pavés ne sont pas trottoir Continuer la lecture#40jours #05 | L’odeur du temps

#40jours #03 | Trois fois Louise Michel

Le feu orange est clignotant. Les voitures s’engagent lentement, une bleue, trois blanches, une rouge, j’invente rien, sur le rond-point Louise-Michel, la jaune passe plus vite et s’enfuit. La fin de l’après-midi allonge les ombres maigrelettes des arbres dont les bourgeons hésitent encore. Les seuls visages en vue sont ceux de deux candidats sur les panneaux « libre expression » : trois fois Continuer la lecture#40jours #03 | Trois fois Louise Michel

#40jours #02 | parc Kallisté

Derrière les fenêtres toutes pareilles (série continue de rectangles allongés, soulignés par des rectangles bruns de même taille, et juste séparés par de petites barres de béton gris) de ces immeubles tous pareils (parallélépipède rectangle), derrière la forme ou plutôt l’informe de cette linéarité subie, imposée par un module sorti d’usine, derrière ces volets blancs en accordéons qui se coincent, Continuer la lecture#40jours #02 | parc Kallisté

#40jours #01 | un fusil de pierre

Un fusil de pierre est tenu d’une main de pierre par un soldat de pierre à la gueule tragique, les autres gueules aussi, des gars très réalistes, « Enfants des Bouches-du-Rhône morts pour la France pendant la guerre de 1870-1871 » avec leur barda, leur béret, leur képi, il y en a même un avec un casque à plumet, façon guerrier antique Continuer la lecture#40jours #01 | un fusil de pierre

#40 jours #prologue | l’envers vide du décor

ceci : au rez-de-chaussée un vendeur de food faite d’amalgames de chair de chicken, devanture couleur sang de bœuf, enseigne aux grosses lettres dégoulinantes, au-dessus la façade décrépite est couleur d’ocre crème, trois fois trois fenêtres aux persiennes usées, fermées, celles du premier ont des battants qui manquent, on y voit les parpaings qui murent les fenêtres : c’était l’atelier Continuer la lecture#40 jours #prologue | l’envers vide du décor

Vers un écrire-film #08 | Patelles à Ouessant

Si j’étais peintre, je voudrais saisir la forme exacte des coquillages pyramidaux qui s’accrochent au granit sur les côtes battues par les vents, les vagues et les marées, forme unique et multiple à la fois, et reproduire aussi leur couleur d’écume. Je les chercherais, j’en découvrirais partout, dans les anfractuosités des rochers, près des flaques laissées par le jusant, affleurant Continuer la lectureVers un écrire-film #08 | Patelles à Ouessant

Vers un écrire-film #07 | Tout en faisant trotter ses petites bottines

Au premier étageC’est le temps très lointain de la petite enfance, un temps de souvenir presque inconscient et pourtant très précis. Il restait dans la ville de Caen un seul cheval et la carriole qu’il tirait. Longtemps avant qu’il entre dans la rue, on reconnaissait de loin le son unique des sabots sur le pavé, le choc de l’ongle sur Continuer la lectureVers un écrire-film #07 | Tout en faisant trotter ses petites bottines