A propos de Laure Humbel

Site internet : Sur mes tablettes, laurehumbel.fr. Dans l’écriture, je tente de creuser les questions du rapport sensible au temps et du lien entre l’histoire collective et l’histoire personnelle. Un élan nouveau m'a été donné par ma participation aux ateliers du Tiers-Livre depuis l’été 2021. J'ai publié «Fadia Nicé ou l'histoire inventée d'une vraie histoire romaine», éd. Sansouire, 2016, illustrations de Jean Cubaud, puis «Une piétonne à Marseille», éd. David Gaussen, avril 2023. Un album pour tout-petits, «Ton Nombril», est paru en octobre 2023 (Toutàlheure, illustrations de Luce Fusciardi). Le second volet de ce diptyque sur le thème de l'origine s'intitule «BigBang», la parution est imminente.

#40jours #17 | Elles, c’est tout

Elle se force à simplifier ses explications pour que les écoliers retiennent quelque chose de leur visite au musée. Elle répète : « Reculez, vous verrez mieux ». Elle sait leur faire aimer les objets qu’elle leur montre, elle leur dit une infime partie de ce qu’elle sait. « Ne touchez pas aux vitrines ». Elle se demande si c’est à cause d’une sortie Continuer la lecture#40jours #17 | Elles, c’est tout

#40jours #16 | au café Marigny

J’irais à l’hôtel dans ma propre ville, comme pour des amours post-adolescentes ou clandestines. Sauf que j’irais seule. Pas pour tromper ma ville. Pas pour tromper ma vie. Pour m’offrir un rythme de monotonie. Je choisirais un hôtel dans un quartier vivant sans être touristique – car ma ville se remplit peu à peu de touristes, à en déborder, et Continuer la lecture#40jours #16 | au café Marigny

#40jours #14 | Il y avait un arbre

Ici, il y avait un arbre. Et dans cet arbre, un homme. Je ne l’ai pas connu, mais je ne peux passer devant ce mastodonte de ciment, à l’angle du boulevard Flammarion et de la rue d’Isoard, sans penser à cet homme. C’est une construction sans forme, juste un empilement. Du déconstructivisme je suppose ? Peu importe le style. Je Continuer la lecture#40jours #14 | Il y avait un arbre

#40jours #13 | Ocremur

En contreplongée, le rectangle noir du feu fait alterner trois couleurs sur fond d’ocre. Le rond est rouge. L’ocre rouge est brique, avec des grattures grises et des coulures blanches, des touches rapprochées irrégulières de gris. Le rond est vert. L’ocre rouge brique grisé fait de grands carrés de façade encadrés d’un trait blanc. Au premier étage, l’immeuble se trouve Continuer la lecture#40jours #13 | Ocremur

#40jours #12 | Boîte aux lettres

La boîte aux lettres est une espèce en voie de disparition. On la trouvait naguère au coin de tous les bar-tabac, où s’approvisionnaient les fumeurs, autre espèce menacée d’extinction. Les plus vieux spécimens sont devenus pâles, avec leur gueule carrée, les horaires des levées delavés. D’autres, plus vigoureux, se campent hardiment sur un pied arrondi et arborent une parure d’une Continuer la lecture#40jours #12 | Boîte aux lettres

#40jours #11 | parce que Prague

Il voudrait démêler les souvenirs de Solange, dévider son passé, lire entre les lignes de ses lèvres les noms qu’elle s’obstine à taire, et tout absorber jusqu’à ce nœud du temps où leurs souvenirs deviennent communs. Il voudrait grimper à la corde des souvenirs de Solange, en défaire les nœuds un à un, jusqu’à ce qu’elle soit lisse : un Continuer la lecture#40jours #11 | parce que Prague

#40jours #10 | (j’ai oublié le titre)

Je n’ai nulle part ici de souvenirs d’enfance. Je suis jeune dans cette ville, la poussière sous mes pas n’a pas fait strate encore. Je commence seulement à rencontrer des lieux qui ne me sont plus rien mais qui me parlent du passé. D’un ami perdu de vue, d’un magasin vendu, d’un pyjama jeté avant usure dans la poubelle d’une Continuer la lecture#40jours #10 | (j’ai oublié le titre)

#40jours #09 | personne ?

Des personnages de lumière, silhouettes bondissantes, se projettent sur le mur du métro entre coquillages, poissons et formes indéterminées dessinées en gros galets. Vêtu, par cette chaleur, d’un pantalon de flanelle flasque aux rayures graciles, sa jambe fait un angle, repliée comme elle est entre le sol, le mur ; sa tête en fait un autre, lourde, inerte, basculée de Continuer la lecture#40jours #09 | personne ?

#40jours #08 | Hôtel Terminus

J’ai accompagné quelqu’un prendre un train. Je descends les escaliers de la gare Saint-Charles. Je suis seule face à la ville, son paysage par cœur, les toits, le ciel, la basilique sur la colline. Le froid fait pâlir la couleur du matin. Cinq avril. Le thermomètre tout à l’heure affichait trois degrés. Je profite du soleil sur les marches. Devant Continuer la lecture#40jours #08 | Hôtel Terminus