A propos de Lisa DIEZ

Chercheuse polyvalente, sorte d'artiste tout-terrain. Valises posées depuis 5 ans dans les arts de la scène. Passages par la peinture, le documentaire, la photo… Et l’écriture, soutien fidèle de ces nombreuses traversées. Deux sites : www.soinartistique.fr (Collectif À la Source) et www.atelierdiez.com (vrac et chantiers).

autobiographie #01 | extérieurs jours

Trainée sur le même chemin d’été par ta meute en lycra, claquettes en choeur sur le bitume chaud, pavillons beiges, pavillons roses, pavillons blancs, patios ombragés de pruniers, de pins parasol, tu sauras bientôt lire leurs noms en fer forgé. Odeurs de laurier, de béton gorgé de soleil, vous traversez la route en culotte, longez la maison inachevée, bordélique, ils Continuer la lectureautobiographie #01 | extérieurs jours

#voix | Qui perd ses dents

Voix basse marmonnée, grave sans gravité, faible rugissement cotonneux bercé de courants d’airs, elle repose dans l’espagnol, s’excuse en français. Le basque rond y a laissé mille empreintes chuintantes, ronronnantes, peluchées, è, a, p, b, r enroulés. Assoupie dans la gorge et la bouche trouée, elle baisse les yeux, les commerçants froncent les sourcils, les amis tendent l’oreille, les enfants Continuer la lecture#voix | Qui perd ses dents

#P11 & #L11 | pas une langue

Ceci suit #P10, dans la même obscurité. Il n’entend pas d’intonation, pas de répétition, pas de mélodie, pas de chuintante et pas de labiale, pas de mot, ce n’est pas une langue. Les épaisses projections gutturales qui enveloppent ses organes ne sont pas non plus des rots, des bouts d’intestins aériens, des bulles d’haleine ou de gaz ni des rugissements, Continuer la lecture#P11 & #L11 | pas une langue

#L10 | Seule – l’auriculaire

Ce texte fait plus ou moins suite à #L6 | Seule, l’ongle Elle a fini de se ronger l’ongle de l’auriculaire; le mot bouillonne, elle vérifie sur internet puis se répand sur son fauteuil, plante les yeux dans l’horizon où dansent les Canadairs. Le français est bien la seule langue latine qui dénomine le doigt qu’elle a rongé relativement à Continuer la lecture#L10 | Seule – l’auriculaire

#P10 | Nocturne

Ce texte poursuit #L8|Rien, le rivage. L’homme ne sait pas s’il ouvre les yeux, ses paupières doutent; quoiqu’elles fassent, l’obscurité ne varie pas. Au loin, il distingue le fouet des vagues sur la roche, tout près, des gouttes cadencent quelques points d’eau, signalent un espace réduit, mousseux. Il s’accroche au couteau serré dans sa paume, se dit qu’habituellement les gens Continuer la lecture#P10 | Nocturne

hors-série #2 | Frigidaire

Un bon frigidaire se tient debout, regarde droit devant, souffle froid dedans, domine toute cuisine bien conçue. Facile à vivre, simple d’esprit, ce brave pavé marche quand il est branché, déprime quand il est vide, s’éclaire à l’ouverture. Son absence choque : il manque un membre au foyer. L’oeil, jadis habitué aux forêts, ne peut plus s’en passer. C’est vers Continuer la lecturehors-série #2 | Frigidaire

#L9 | Failles dans les sources

Nouveau continent Ohé les gars, nous sommes découverts! (Un Indien, apercevant Christophe Colomb) Georges Perec, Espèces d’espaces Failles  L’Histoire serait un paysage ponctué de sources, de clairières, de cavités, de forêts brumeuses où chuchoteraient mille fragments d’archives. On y dénicherait une drôle de jungle vieille de 500 ans: ici, les plus forts savent écrire et croient en Dieu, cuisinent, avalent, Continuer la lecture#L9 | Failles dans les sources

#P8 | Tu nais, tu vis, tu meurs

Tu nais chez toi, au troisième étage d’un coin dodu et vert d’Atlantique, pied à terre entre mer et rochers; après chaque virage proche ou lointain tu reviendras ici. Tu mourras ici. Tu as cinq ans, quelque chose gronde, tu le sens, ça ne t’intéresse pas. Du balcon tu observes le bal des engins dans le port et la gare Continuer la lecture#P8 | Tu nais, tu vis, tu meurs

#L8 | Rien, le rivage

Rien n’indique qu’il s’agit d’une île et pourtant l’air épais ne claque ni n’étreint, pénètre les peaux sans plaisir, sans permission, enserre le moindre poumon, le moindre tympan, appelle la mer et les voilà qui s’étreignent, sassent et ressassent en boucle le même sel, le même ciel, les mêmes plaintes, les mêmes nuages à chaque fois de retour chargés des Continuer la lecture#L8 | Rien, le rivage

#P7 | l’eau, l’air, le feu, la terre et une fenêtre

Rare journée de pluie sur l’échancrure — le port industriel, l’autoroute, la mer, les ferries, les collines, tout disparaît. Aujourd’hui le vent peine à s’infiltrer entre les gouttes. La tour de Jean Nouvel et sa compagne — deux fantômes qui soupirent — seront bientôt avalées par la poussière de l’eau. Les yeux de la Friche fixent droit devant, plus pour Continuer la lecture#P7 | l’eau, l’air, le feu, la terre et une fenêtre