A propos de Lisa DIEZ

Chercheuse polyvalente, sorte d'artiste tout-terrain. Valises posées depuis 5 ans dans les arts de la scène. Passages par la peinture, le documentaire, la photo… Et l’écriture, soutien fidèle de ces nombreuses traversées. Deux sites : www.soinartistique.fr (Collectif À la Source) et www.atelierdiez.com (vrac et chantiers).

autobiographies #10 | Elle, le temps (1)

Elle est assise sur le fauteuil en simili cuir. Elle porte un pull en cachemire bouloché sous les bras, une jupe mi longue en laine grise, des bas beiges, des charentaises. L’Indépendant est plié sur ses cuisses: Bruno, policier à Perpignan et Gilet Jaune au Boulou – La Méditerranée étouffe sous les déchets plastiques – Rivesaltes: un chat enfermé depuis Continuer la lectureautobiographies #10 | Elle, le temps (1)

autobiographies #09 | en suivant les silences

Dans la chambre habituelle, ancien grenier boisé, il dort peut-être, impose sa forme au plaid orange, son corps vallonné vibre à peine, son visage esquissé dans les plis sombres des draps fleuris fait face à la porte qu’on ouvre pieds nus sur le carrelage humide, les marches épuisées déboulent dans un habitacle mansardé moquette tendre, les affiches tiennent les murs, Continuer la lectureautobiographies #09 | en suivant les silences

autobiographies #08 | tout près du Canigou

la table rectangulaire de bois lourd; plan disparu sous la toile cirée grise et rouge fleurs éternelles; pieds de bois sombre sculptés en arabesques; bouquet encadré au dessus de la fougère en plastique; un homme à pipe de Van Gogh tissé regarde la cheminée; plaid bouloché étalé en bout de table près de la fenêtre et de la seule chaise Continuer la lectureautobiographies #08 | tout près du Canigou

autobiographies #07 | six portes

Impossible d’atteindre sa longue poignée miroir, se contenter de caresser les petits carreaux bosselés de sa vitre encastrée, y déposer les lèvres, tracer des signes dans la buée soufflée tandis que juste derrière une silhouette traine ses savates sur le carrelage moucheté, remue les casseroles et coupe le pain, vouloir soudain du pain, se surélever encore, un peu. Jaune poussin Continuer la lectureautobiographies #07 | six portes

autobiographies #06 | une nuit persane

En file indienne les aisselles chargées de sumac, de safran, de cumin s’agitent sous une valse d’étoffes ocres, brunes, kakis, noires, noires, noires, l’autocar tangue et s’affaisse, derrière leurs barbes les hommes encombrés de sacs plastiques débordent de roses sèches, de riz, de sourcils froncés, les yeux des femmes observent sans regarder, voient tout, celle-ci se plisse sur le large Continuer la lectureautobiographies #06 | une nuit persane

autobiographies #05 | 4 fois l’arbre

En gras, les restes du premier texte totalement remanié dès la première réécriture qui est là. En italique, des commentaires et des notes qui doivent peut-être s’écrire encore et changer de statut? Bref je ne sais plus si je réécris, si je note ou si je commente, si la note ne doit pas être aussi écriture, je ne sais plus Continuer la lectureautobiographies #05 | 4 fois l’arbre

autobiographies #04 | ceux qui restent

Ce fut le dernier. Quelqu’un l’avait volé quelque part en Irlande, dans la salle commune d’une auberge de jeunesse. Cadeau du père, son beau cuir brun clair tenait dans la main, on l’avait sans doute pris pour un portefeuille, on l’avait ouvert, on n’avait peut-être même pas été français ou espagnol, rien n’avait résonné dans ces pages d’écritures au stylo Continuer la lectureautobiographies #04 | ceux qui restent

autobiographies #03 | je ne suis pas un arbre

Le Popol Vuh raconte qu’Huracan fit exister la lumière puis la terre alors que les Fondateurs venaient de créer entre ciel et mer l’humain, l’arbre, la liane. Pulsants, grimpants, sans relâche en mouvement ascendant ils relièrent le bas et le haut, n’étaient ni l’un ni l’autre tout en étant l’un et l’autre: et, ni, et, ni, et, ni… dans ce Continuer la lectureautobiographies #03 | je ne suis pas un arbre

#P12 | D’Amour à Zakol, l’île longue

L’Amour n’aurait pas dû quitter Port au Prince. Trop chargé, trop vieux, une bourrasque le déséquilibre, il évite un récif de justesse, tangue, hommes, femmes, enfants glissent par paquets silencieux, certains tombent à l’eau, un avion s’approche en troublant les surfaces, cris anglais dans les mégaphones, battements de voiles, de coque en surpoids, d’hélices. Quelques requins s’inquiètent. Bikini ou maillot Continuer la lecture#P12 | D’Amour à Zakol, l’île longue

autobiographies #02 | aux passages

Ses vêtements sont gris, ses cheveux hirsutes, ses mains dodues et huileuses. Comme tous les matins, il a posé sur le rebord de la fenêtre un petit poste de radio, une pile de dossiers, de classeurs, un épais agenda annoté qu’il feuillette ad libitum avec un peu plus de vigueur lorsqu’un passant le croise. Circulez, cet homme travaille, il ne Continuer la lectureautobiographies #02 | aux passages