A propos de Lisa DIEZ

Chercheuse polyvalente, sorte d'artiste tout-terrain. Valises posées depuis 5 ans dans les arts de la scène. Passages par la peinture, le documentaire, la photo… Et l’écriture, soutien fidèle de ces nombreuses traversées. Deux sites : www.soinartistique.fr (Collectif À la Source) et www.atelierdiez.com (vrac et chantiers).

vers un écrire/film #05 | les grottes n’ont pas de porte (et le chantier déborde)

soudain je veux saisir la domestique de Monet à cet instant précis où elle observe les gestes du peintre par la porte entrouverte de l’atelier, je veux saisir ce qui la saisit à cet instant précis où ses pieds évitent de faire craquer le parquet, où le pinceau mélange les couleurs onctueuses, où un rayon de soleil caresse la pièce, Continuer la lecturevers un écrire/film #05 | les grottes n’ont pas de porte (et le chantier déborde)

hors-série #impératif | la pluie ne lavera rien

Ne te calme pasNe te tais pasNe te détends pasN’écoute pasGarde les mains salesNe me fous pas la paixNe me croie pasNe m’aime pasNe me donne pas ta mainQuitte-moiN’invente rienNe demande rienNe pardonne rienNe pardonne pas les costumes en grappe sur les tapis de sang Ne pardonne pas la peur de vivre la peur de ne pas vivre la peur de Continuer la lecturehors-série #impératif | la pluie ne lavera rien

transversales #02 | écumes

Comme souvent le flic traine un tas de blessures qui génèrent chez lui addictions, éclats de colère, de chagrin, débordements, destructions, sabotages, nuits blanches. Bien sûr, c’est lui qu’on choisit pour la mission délicate. Tenu par le fil de l’enquête, il n’est qu’intuitions, sensibilités, et ses casseroles le rattrapent aux moments charnières — il est si doué qu’il doit être Continuer la lecturetransversales #02 | écumes

vers un écrire/film #03 | Un dimanche. Bob. Et des machines.

Sur la vieille table en bois brun les machines sont prêtes à voyager. Ordinateur. Liseuse. Téléphone. Câbles emmêlés. Le lave-vaisselle sonne. Son écran affiche en rouge Erreur-34-A. Il clignote. Une femme courant d’air dans son camaïeu gris clair allume une cigarette près du cendrier de gare. Buée de sa bouche rouge sur la Bonne Mère. Rideaux de femmes et d’hommes Continuer la lecturevers un écrire/film #03 | Un dimanche. Bob. Et des machines.

vers un écrire/film #02 | regard dans le | regard dans le | regard

| dans la pénombre d’un musée l’homme de dos chapeau à la main costume impeccable fait trois pas agiles et discrets jusque derrière une colonne le dissimulant presque de la volumineuse salle habitée au centre par une minuscule silhouette assise de profil face au mur il | il remue au dedans bras ballants plisse ses yeux sa tête pivote un Continuer la lecturevers un écrire/film #02 | regard dans le | regard dans le | regard

vers un écrire/film #01 | et puis

(souffles étouffés de moteurs et de de canalisations) un visage presque de profil sculpté sur une bague entourant le majeur d’une main laiteuse tendue vers le ciel invisible sur rectangle à fond noir punaisé dans la mi pénombre contre le bleu granuleux d’une paroi accidentée au dessus d’une étagère de bois clair où un verre épais rassemble deux crayons gris Continuer la lecturevers un écrire/film #01 | et puis

autobiographies #14 | disparaîtront

les deux têtes parlantes entre deux cuisses — que disent-elles? les quatre yeux s’écarquillent alors qu’une main invisible fait pivoter le corps volcan l’apparition d’un deuxième corps en boule comme lapin tombé du chapeau le vieil homme soudain cesse d’exister osseux dans un lit d’hôpital l’autre mort dont le corps exposé sent peut-être la vanille la meringue ou les sucres Continuer la lectureautobiographies #14 | disparaîtront

autobiographies #13 | pas morte

Je suis un accident. Pas morte en grandissant dans un ventre qui me refuse, pas morte à trois ans d’une fièvre qui me condamne, pas morte à dix-huit ans quand un foetus inerte blanc bleu s’abat sur la table de la cuisine, gicle, pas morte à vingt ans quand il m’annonce Madame c’est votre visage ou l’enfant, pas morte à Continuer la lectureautobiographies #13 | pas morte

autobiographies #11 | ce qui les tient

Mouchoir d’un pli Oeil de colombe jailli d’un pli brun. Trait rose (tu le vois?) brodé sur la paume où la parure d’ange miniature côtoie les bagues qui trinquent avec la table, les mots. Roule les r. Ici c’est chez moi dit-elle. Parfum jailli d’une poche. Parfum jamais lourd sur son rire, sur son cou duveteux (le Christ aussi aime Continuer la lectureautobiographies #11 | ce qui les tient