A propos de Lisa DIEZ

Chercheuse polyvalente, sorte d'artiste tout-terrain. Valises posées depuis 5 ans dans les arts de la scène. Passages par la peinture, le documentaire, la photo… Et l’écriture, soutien fidèle de ces nombreuses traversées. Deux sites : www.soinartistique.fr (Collectif À la Source) et www.atelierdiez.com (vrac et chantiers).

#anthologie #23 I l’autre ascenseur (inachevé)

C’est un Ehpad récent, propre et lisse, à flanc de colline, dans les albères. Elle y visite régulièrement sa grand-mère, chambre 64, quartier des enfermés (1). Elle ne prend jamais l’ascenseur métallique, surtout parce qu’il y en a deux; l’un dessert les trois étages munis de chambres, de salles communes, de terrasses et de réfectoires lumineux, l’autre, juste à côté, Continuer la lecture#anthologie #23 I l’autre ascenseur (inachevé)

#anthologie #22 | Rue Miailhes

Depuis l’ennui des grandes et petites vacances, je l’ai regardée longtemps, la seule rue Miailhes au monde, située à Canet en Roussillon. Ce mot que j’ai encore du mal à écrire sans chanter dans ma tête a-i-l-h-e-s proviendrait de l’occitan mealha; maille, menue monnaie, médaille. C’est probablement le surnom d’un homme pauvre, devenu nom de famille.  Sur les 600 mètres Continuer la lecture#anthologie #22 | Rue Miailhes

#anthologie #21 | Tête perdue, avec notes

Nous n’avons qu’une photo de toi.Te voilà sur le web, Frau Auguste Deter (1). Et toujours au dessus de toi, Aloïs (2), l’homme rose qui dévore ton nom, ton prénom — celui de ton père (3). Je te regarde, dévorée (4). Je regarde tes mains croisées sur ton plexus, tes ongles bombés, ta grosse chemise, ta tête d’asile, ta tête Continuer la lecture#anthologie #21 | Tête perdue, avec notes

#anthologie #20 | Tête perdue

Nous n’avons qu’une photo de toi. Te voilà sur le web, Frau Auguste Deter. Et toujours au dessus de toi, Aloïs, l’homme rose qui dévore ton nom, ton prénom — celui de ton père. Je te regarde, dévorée. Je regarde tes mains croisées sur ton plexus, tes ongles bombés, ta grosse chemise, ta tête d’asile, ta tête perdue, tes yeux Continuer la lecture#anthologie #20 | Tête perdue

#anthologie #19 | l’inexplicable désir de classer

naissanceLes quatre yeux s’écarquillent alors qu’une main invisible fait pivoter le corps volcanUn corps en boule comme démoulé, comme lapin tombé du chapeau  téléLes peaux suintent en chouinant dans la télé entre deux portes mal fermées voyageL’ombre d’un aigle rafraîchit les marcheurs sur une pente ocre du MexiqueLa lumière jaune de l’aube sur les cavaliers galopant sur une colline, entre Continuer la lecture#anthologie #19 | l’inexplicable désir de classer

#anthologie #18 | clichés

La photo de la photo n’annule pas l’objetJe connais deux frères très âgés qui ne se parlent plus à cause de photos de famille que l’un conserve jalousement, que l’autre voudrait seulement photographier, en vain.  Garder, regarderUn geste devenu banal devant un paysage, un tableau, un concert: garder avant de regarder, ou sans même regarder. Je me souviens d’une colère Continuer la lecture#anthologie #18 | clichés

#anthologie #17 | Quartier réservé, fragments

Fragments d’un carnet retrouvés dans les sous-sols de l’ancien quartier réservé à la prostitution de Marseille, détruit en 1943 par les nazis. 28 juillet 1927, les Brics, rue Bouterie, Mignon BarAujourd’hui c’est mon anniversaire. On me dit vieille. Jeanne m’a offert ce cahier parce que je sais lire et écrire. Elle a dit « profite ». Elle a dit « t’en as vu Continuer la lecture#anthologie #17 | Quartier réservé, fragments

#anthologie #15 | Tu fais quoi (dans la vie)?

Tu fais quoi ? Dans la vie je veux dire… « Et aussitôt tout se rétrécit »… D’abord avaler la question… On la voyait venir, on la sentait arriver… Elle est sortie toute seule sans même qu’il y pense… Elle était lourde comme un ballon plein d’huile prêt à exploser, au milieu d’un massif de bonnes intentions… « Et sinon, toi, tu fais Continuer la lecture#anthologie #15 | Tu fais quoi (dans la vie)?

#anthologie #14 | je ne suis pas OK

Vous tapez du poing sur la table, vous criez même un peu, aussi pour savoir qui vous avez en face de vous. Imaginez-le à cet instant; il vous regarde, il réfléchit un temps et dit « je ne suis pas OK ». Il vous faut recevoir la sentence. Il n’a pas dit oui, qui n’a pas dit non, vous enfonce dans votre Continuer la lecture#anthologie #14 | je ne suis pas OK

#anthologie #13 | la Place Leverrier en 750 mots

À la fois rond point et carrefour, la place dessert la rue Benedit, serpente vers la Belle de Mai. Le Boulevard Camille Flammarion la coupe de part en part, longe le parc Longchamp deviné derrière un large mur coiffé d’arbres pour rejoindre les Chutes Lavie, et court en sens inverse vers la gare Saint Charles. Le boulevard Montricher longe l’autre Continuer la lecture#anthologie #13 | la Place Leverrier en 750 mots