#anthologie #07 | Triste regard

Le geste se répète sous la lumière crue des néons dont l’un clignote et bourdonne en continu. Le bruit de ses pas, des objets qu’elle repose après avoir passé le chiffon. Ne pas laisser de trace de son passage. Vider les corbeilles à papier, se baisser sans faire de faux mouvements, faire attention aux douleurs. Passer l’aspirateur sous les bureaux, Continuer la lecture#anthologie #07 | Triste regard

#anthologie #14 | C’est le pompon

C’est le pompon, depuis qu’elle est rentrée de vacances, elle ne parle plus. Elle a passé un mauvais été. Sais-tu avec qui elle est partie ? Non. Elle ne dit rien, comment savoir. C’est ça, le problème. On ne sait jamais ce qu’elle pense, elle ne dit jamais ce qu’elle fait, elle agit comme si on savait, mais nous ne sommes Continuer la lecture#anthologie #14 | C’est le pompon

#anthologie #06 | La nuit

les yeux ouverts scrutant l’obscurité, seule dans la nuit immense qui déverse sans égard une avalanche de souvenirs, de routes empruntées, de portes désormais fermées, la nuit, seule, ruminant les mots perdus qui n’ont pas été dits, les mots maladroits impossible à rattraper, les mots n’ont pas le même sens quand ils sont dits la nuit, les enfants ont grandi, Continuer la lecture#anthologie #06 | La nuit

#anthologie #10 | Flashback

29 août 1946. Joséphine a 18 ans, elle hurle de douleur sur la table, la sage-femme l’observe sans aménité « poussez, poussez donc on ne va pas y passer la nuit ». Il y a déjà 18 heures que les contractions sont fortes. Elle ne verra pas l’enfant. Elle refusera de le regarder. Au lendemain de la guerre, la Sécurité sociale permet Continuer la lecture#anthologie #10 | Flashback

#anthologie #08 | Un rai de lumière

Le Rai de lumière, photopoétique de François Teyssandier et Patricia Laranco.https://larencore.blogspot.com/2016/04/le-rai-de-lumiere-photopoetique-de.html Elle s’éveille. Le plafond éclairé par la lumière de l’extérieur est la première chose qu’elle voit. Sur le mur face au lit, une tache rectangulaire jaunâtre, elle aussi née de la lumière artificielle du dehors. Elle entend marcher dans le couloir. On parle. Elle ne distingue pas les mots Continuer la lecture#anthologie #08 | Un rai de lumière

#anthologie #05 | tu avances

tu avances les yeux fermés, tu avances, porté par des mains invisibles qui te soulèvent, t’emmènent hors de toi-même, tu avances dans la nuit, fantôme de désir d’autrefois, tu avances dans l’air irritant, piquant la gorge, coinçant les mots au fond du gosier, tu ne sais plus où te rendre pour voir le jour se lever, tu ressasses beaucoup trop, Continuer la lecture#anthologie #05 | tu avances

#anthologie #09 | changer de voie·x

l’homme avait tourné à gauche, tous les matins il tournait de l’autre côté, à droite, mais ce matin-là il avait tourné à gauche, à ce moment précis, il avait retenu une exclamation, étouffé un cri de victoire, une bataille gagnée sur lui-même, sur les comportements acquis qu’on ne remet pas en question, la première fois qu’il partait dans une direction Continuer la lecture#anthologie #09 | changer de voie·x

#anthologie #04 | vivre quelque part ou habiter le monde

habiter le monde en pensées, Boulevard Serurier, les Buttes Chaumont et le belvédère, le parc de la Butte au Chapeau rouge, le Parc de la Villette et le dragon, lieux d’enfances, paradis perdus se souvenir d’autres lieux, d’autres joies, l’herbe mouillée, l’habitacle d’une voiture chauffée par le soleil, l’arbre aux papillons, être de partout et de nulle part, rue des Continuer la lecture#anthologie #04 | vivre quelque part ou habiter le monde

#anthologie #03 | île, écorce, prison

L’écorce de l’arbre était à terre, une écorce d’un pin d’Alep immense, épaisse et longue, à la texture rugueuse d’un marron-tabac. L’ombre de l’arbre répand une douce fraîcheur. Le chant des cigales résonne. Dès que j’ai vu cette écorce, je l’ai ramassée, je l’ai tenue dans ma main, j’ai pensé, je vais la garder avec moi, ce sera un souvenir Continuer la lecture#anthologie #03 | île, écorce, prison

# anthologie #02 | La couleur des nuages

Derrière la porte-fenêtre fermée, le ciel. Sur la droite, la cuisine serait séparée du séjour par une grande bibliothèque de bois qui irait jusqu’au plafond. Les étagères seraient chargées de bibelots et d’un bazar fait de vieux prospectus et de quelques plantes vertes. Au milieu des objets, une boîte à sucre en fer. Les motifs orange et marron de la Continuer la lecture# anthologie #02 | La couleur des nuages